Une dernière danse/
Victoria Hislop
Sonia et Maggie sont deux bonnes copines que la grisaille londonienne et des soucis conjugaux exaspèrent et qui ont la même passion : la danse. Que ce soit pour la salsa, insouciante et sensuelle, échappatoire émotionnelle, ou le flamenco véritable état d'esprit passionnel tout autant qu'une danse, Sonia ne vit que pour eux. Savoir danser avec son oreille et non pas seulement avec son esprit, c'est le secret auquel Sonia se voue toute entière.
C'est à Grenade en Andalousie que Sonia un beau jour rejoint Maggie qui a décidé de résider dans cette ville mythique.
Ce thème fait l'objet de la première partie du livre.
Sonia décide de se perfectionner et prend des cours de danse. Entre ceux-ci, elle fréquente le café El
Barril . Elle va se lier d'amitié avec le patron, Miguel, qui va lui conter l'histoire de ce café et de ceux qui y ont vécu avant lui. C'est l'objet de la seconde partie du roman.
Dans les années 1930 vit dans et au dessus de ce café le couple Ramirez avec leurs quatre enfants, trois garçons et une fille, Mercedes, passionnée de flamenco.
La passion de Mercedes pour la danse et son amour pour Javier, le beau gitan, va rythmer le cours de cette histoire qui brutalement va basculer dans l'horreur de la guerre civile de 1936 à 1939.
Une guerre qui nous est contée à travers les drames qui déchirent les familles. Les deux camps, nationalistes fascistes franquistes contre républicains et communistes s'entretuent et payent une lourde note humaine. Une sorte de folie s'est emparée de la population et la suspicion règne partout. On ne peut faire confiance à personne.
L'odyssée de Mercedes à travers l'Espagne, de Grenade à Alméria puis Murcie et Bilbao en ruine pour retrouver Javier son amour est poignante. Et la musique et la danse comme vulnéraires et moyens de subsistance va occasionner des rencontres de mères éplorées et de musiciens désespérés. La gaieté du flamenco détourne les esprits un temps de chacune des vies déchiquetées et des foyers réduits en cendres, des images de cadavres et des visages cruels des gens qui les ont chassés de leur ville.
Chaque jour trouver un toit et à manger est le souci de Mercedes tout au long de cet exode.
Fuyant toujours plus loin, Mercedes se réfugie en l'Angleterre comme accompagnatrice d'un groupe d'enfants à sauver du massacre.
Pendant ce temps, des drames successifs frappent la fratrie et Antonio atterrit dans un camp de réfugiés en France près de Cerbère dans les Pyrénées Orientales avant d'être arrêté alors qu'il regagne l'Espagne. La suite va être un calvaire.
Chacun espère d'improbables retrouvailles alors que la guerre prend fin. C'est sans compter avec les arrestations arbitraires.
Mercedes va rencontrer le bonheur à Londres …
Miguel termine son récit…
L'auteur sait parfaitement ménager l'attention du lecteur avec des rebondissements et surtout une fin tout à fait inattendue.
Un roman magnifique, parfaitement documenté et très bien écrit.