J'ai plongé dans ce livre tête baissée malgré le fait que j'étais prévenue. Je me doutais bien que cela n'allait pas être une simple balade. Je me doutais bien que cela allait être dur mais sincèrement je ne m'attendais pas à ça du tout.
Je ne m'attendais pas à me retrouver à ce point-là dans la tête, dans les moindres pensées les plus profondes d'un pédophile. Je ne m'attendais pas à ne plus pouvoir respirer et d'avoir même la nausée.
Ce n'est pourtant pas le premier livre que je lis à ce sujet. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans les pensées les plus sombres de ce genre d'être abjecte mais là...comment dire ? Comment expliquer à quel point Loana a été capable de nous faire ressentir toutes les émotions de cet homme ?
Pas besoin de vous dire que c'est absolument abjecte, qu'il faut s'accrocher, que le fait de naviguer dans ses pensées, dans sa vision, dans sa perversion et même dans sa douleur et sa peine est dérangeant, percutant, terrifiant. Que Gabriel, ce Monsieur tout le monde, décrit avec beaucoup de réalisme, qui se transforme en prédateur de la petite semaine est à vomir. Que chaque ligne est une émotion. Que chaque mot pénètre en toi au plus profond en te blessant comme un poignard...
Souvent je vous mets en garde dans mes chroniques en vous disant "âme sensible s'abstenir" parce que c'est trash ou dur mais là c'est différent. Vraiment différent !
En tant qu'humain, en tant que femme pour ne pas dire en tant que mère...j'ai eu du mal...
Certains passages sont sans mot et l'on hésite presque à les zapper, à faire l'autruche pour ne pas voir cette REALITE !
Et pourtant dans toute cette horreur, je dois avouer avoir aussi été transportée par la douceur et l'amour...C'est un paradoxe me diriez-vous mais
Buczko EST un paradoxe. Il est cet exemple même d'ambiguïté qu'il est difficile de vous expliquer là, sans spoiler quoi que ce soit.
Ce paradoxe est aussi clairement lié au style d'écriture de Laoana. Vif, percutant, spontané, sans fioriture dans le bon comme dans le mauvais. C'est cruel et beau à la fois. Les mots se mettent bout à bout pour décrire des horreurs et pourtant chacun d'eux résonne comme une douceur.
"Grandir c'est pourrir".
Ne pas vieillir. D'ailleurs les haïr tous ces vieux pourrissants. Caricatures de personnages, tranches de vie au travers de ses yeux...misérables vies...
"La faute à la poudre".
Sa douleur, sa faiblesse mais aussi tout ce à quoi il aspire...l'amour
Parce que
Buczko, il faut l'avouer sans en avoir honte, j'ai éprouvé pour lui de la compassion. Peut-être parce que justement je suis humaine et capable d'empathie peut-être comme nous le sommes tous même dans l'horreur ou surtout parce que Loana a réussi de main de maître à nous faire ressentir toutes les facettes de ce personnage.
Pas ou peu de parents, de leur douleur, de recherche, de police. Juste lui et elle. Juste son histoire à lui, comme une autobiographie dégoulinante, dérangeante. Et ces sensations qui nous envahissent...le dégout ? La haine ? La compassion ? La peine ? L'incompréhension ?
Il y a une question qui n'a par contre pas arrêté de me traverser l'esprit tout au long de cette lecture. Si moi, lectrice, j'étais à ce point atteinte. Comment l'auteur peut-il ressortir après avoir écrit cela ? Comment se sent-on après s'être mis à la place d'une telle personne... J'ose à peine penser...
La peur ne devrait jamais aller à personne comme un gant...
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