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Cette nouvelle m'a beaucoup impressionné et porte à réfléchir sur les thèmes que l'auteur allemand aborde ; des thèmes d'une inquiétante modernité : les traumatismes d'enfance, le surréel faisant irruption dans le monde réel, l'homme automate et l'intelligence artificielle.

Ce n'est donc pas étonnant que Freud ait utilisé cette nouvelle comme un des points de départ dans son essai L'inquiétante étrangeté, paru en 1919.

La hantise de Nathaniël, le personnage principal, c'est l'homme au sable, créature dont l'existence était affirmée par sa nourrice quand il était petit.

Nathaniël est profondément fataliste et croit que cet homme au sable le poursuivra toute sa vie. Sa fiancée Clara, s'appuyant sur son bon sens, lui dit que ce fantôme cessera d'exister du moment où Nathaniël arrête de lui accorder de l'importance.

Mais Nathaniël le voit apparaître partout, d'abord comme le terrible ami de famille Coppelius, ensuite comme un marchand de baromètres au nom de Coppola.

Il devient de plus en plus dépressif, il se sent incompris. Lors d'un moment d'apaisement, de retour dans sa ville, il s'éprend de la fille de son professeur de physique, Olimpia, oubliant tout à fait sa fiancée Clara.

Mais quelque chose d'étrange se passe avec Olimpia, elle ressemble de moins en moins à un être vivant. Et voilà où Hoffmann touche à la grande question si l'homme serait en mesure d'insuffler de la vie à des objets inanimés...

Lecture fascinante, riche en réflexions diverses sur la terreur d'une idée fixe développée dès l'enfance, la paranoïa, l'intelligence artificielle et les limites du réel.
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Une nouvelle sympathique qui se lit rapidement. L'histoire est originale et étrange qui nous plonge dans un songe cauchemardesque... J'ai trouvé l'écriture poétique et prenante. le style un peu daté, mais ça ne m'a pas gêné J'aurais aimé que la nouvelle soit un peu plus longue. La fin m'a d'ailleurs laissé un peu perplexe.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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L'Homme au Sable est une petite histoire qu'on pourrait dire d'horreur où ça frissonne pour des pas entendus tard dans la nuit, et qui ramène la legende de l'homme au sable, celui-là qui vient la nuit pour enlever les hommes. Beuh en fait, ce n'est qu'une histoire de traumatisme auquel notre narrateur n'est pas arrivé à vaincre depuis son enfance....
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Une nouvelle qui a la folie fantastique d'Hoffmann, et qui annonce si tôt cette crainte des automates, ces machines qui ont des airs bizarres, bizarrement humaines mais étrangement factices. J'ai beaucoup aimé l'entremêlement de deux histoires (l'homme au sable éponyme, l'amour de Nathanaël pour Olimpia) qui se rejoignent autour d'une seule et même figure, celle du démoniaque Coppelius.
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« La nuit, lorsque les enfants refusent de dormir, le marchand de sable passe leur jeter du sable sur le visage. Ce sable magique arrache les yeux des petits turbulents, que le marchand ramasse et emporte avec lui sur la lune. Là-bas, il les donne à manger à ses rejetons, qui ont des becs crochus pour mieux les picorer. Voilà de quoi terroriser le jeune Nathanaël, d'autant plus qu'il associe l'affreux protagoniste de la légende au détestable avocat Coppelius, visiteur régulier de la maisonnée. Contée par une vieille domestique, cette histoire n'aurait sans doute pas autant marqué le héros d'Hoffmann, n'étaient les circonstances tragiques du décès de son père… Ainsi commence un récit dans la plus pure tradition fantastique, effrayant à souhait.

Le Marchand de sable débute comme un roman épistolaire, avant de revenir à une narration externe plus classique. Nathanaël, brillant étudiant et poète, en est l'acteur principal, aussi est-ce surtout à travers ses yeux que j'ai vécu le livre, fui l'étrange vendeur de baromètres Coppola, aimé la raisonnable Clara et succombé à l'attraction exercée par l'insolite Olymipa. Cependant, j'ignore si les yeux de Nathanaël sont fiables. A-t-il vraiment vu et vécu ce qu'il prétend ? Ou bien son aventure est-elle le fruit d'une sensibilité exacerbée couplée à une imagination sordide ? Qui faut-il croire et où réside la vérité ? Tel est précisément l'enjeu de ce conte aux accents horrifiques.

On ignore en effet où réside la frontière entre le vrai et le faux dans le Marchand de sable, tant Nathanaël se révèle prompt au mysticisme et à la mélancolie ; sa relation avec Olympia trahit également un certain narcissisme, ou du moins une tendance à s'écouter parler. Tourné vers lui-même, en proie à une introspection permanente, le jeune homme est aux antipodes de la bien nommée Clara, la clairvoyante. À travers ce couple, ce sont la raison et la folie, la glace et le feu, le pragmatisme et l'imagination qui s'affrontent. Il n'est pas anodin que les yeux occupent une place prépondérante dans le texte, tant sur le plan sémantique que stylistique et littéral : ces miroirs de l'âme déterminent un rapport au monde à double tranchant, où le regard altère la réalité qui le modifie en retour. Tout ce qui nous entoure est le fruit de nos désirs personnels, et nos conventions sociales ne sont qu'illusions destinées à masquer le vide de l'existence humaine ; pire, peut-être ne sommes-nous que les marionnettes d'un maître invisible… N'y a-t-il pas dans semblable révélation de quoi devenir fou ?

J'ai beaucoup apprécié le Marchand de sable. Je ne m'attendais pas à une tonalité si sombre : on est bien loin de l'enthousiasme poétique du Vase d'or, mais le texte s'inscrit en précurseur de nouvelles plus tardives, à commencer par le Horla. Sans écrire dans ce registre, je suis très admirative de la double interprétation permanente inhérente au genre fantastique, que je tente d'utiliser à ma manière sous forme de métaphore filée, à travers la fusion des livres et des rêves qui structure l'ensemble de la Bibliothèque. On comprend que les traducteurs aient finalement renommé le conte L'Homme au sable, figure connotée moins positivement que le marchand de sable, même si c'est précisément Hoffmann qui a transformé le véridique métier de marchand de sable en légende à travers ce conte 🙂 »

Émilie – Apprentie Bibliothécaire
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Je découvre la collection Étonnants Classiques avec cette nouvelle de Hoffmann.
Apparemment il s'agit d'une collection pour les écoles vu l'allure du dossier. J'ai bien apprécié la chronologie mettant la biographie de l'auteur en regard des événements historiques. J'ai été surpris qu'Hoffmann ait été fonctionnaire en Pologne mais cela se comprend car ce pays avait été découpé en rôti et la Prusse s'était accaparé un bon morceau. Il perd son poste quand les Français prennent le relais suite aux victoires napoléoniennes.

L'homme au sable a été publié en 1817. Cet homme, c'est notre fameux Marchand de Sable qui vient endormir les petits, mais vêtu d'une réputation autrement plus inquiétante que celui dont je me souviens ; quelque chose comme Nounours en Père fouettard.
Il traumatise durablement le héros, Nathanaël, alors enfant. Et c'est le départ d'une histoire qui emmêle en un écheveau inextricable le fantastique et la psychanalyse. Car on n'a toujours du mal à décider si les faits sont véritablement surnaturels ou le fait d'un esprit sombre particulièrement imaginatif. Sa douce amie Clara est le penchant rationnel qui essaie de ramener Nathanaël au monde physique. L'incessante oscillation est très bien rendue et plutôt fascinante.

Un autre thème moteur est celui de l'automate. C'est le début de cette littérature qui s'inquiète de la création par l'homme d'une « vie artificielle ». Ici c'est l'apparence humaine qui génère cette « vie » ; on est à la même époque que le Frankenstein de Mary Shelley. On peut aussi ajouter le Mécanicien Roi d'Étienne-Jean Delécluze, L'homme le plus doué du monde d'Edward Page Mitchell et pourquoi pas La Vénus d'Ille de Prosper Mérimée. Au vingtième siècle, c'est l'intelligence artificielle qui sera moteur de cette inquiétude (2001 de Clarke, Les marteaux de Vulcain de Dick, etc.). Je pense aussi au très bon Automate de Nuremberg de Thomas Day.

Ce flirt avec le fantastique et la folie est très efficace ; de quoi vous glisser un petit frisson. La fin en est très hitchcockienne.
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Nathanaël est fiancé à la douce Clara, la soeur de son ami Lothaire. Alors qu'il doit terminer ses études loin de sa famille et de ses amis, il se retrouve, croit-il, face à celui qui a terrorisé son enfance, le terrible Coppelius. Et il va aussi faire le rencontre bouleversante de la belle Olimpia, la fille de son professeur, dont il va follement s'éprendre... Pour son plus grand malheur, car la demoiselle est loin d'être celle qu'il croit...
L'histoire démarre par un échange de lettres entre Nathanaël et Lothaire, et Clara et Nathanaël. Puis le narrateur reprend la main pour expliquer pourquoi il a démarré son histoire de la sorte et nous raconte ensuite le reste de la tragique mésaventure du jeune Nathanaël.

Le fantastique ici peut tout à fait être expliqué par la folie, même si la présence de l'homme tant redouté de Nathanaël dans la dernière scène jette un doute dans l'esprit du lecteur. Ce n'est pas mon style de fantastique préféré car un peu trop bizarre à mon goût, malgré cette explication psychique possible.
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L'auteur nous plonge en plein coeur d'un conte fantastique avec un aspect philosophique et psychologique et une vision cauchemardesque développant ainsi le concept d'inquiétante étrangeté.
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fhff
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L'homme au Sable, c'est tout simplement notre bon vieux marchand de sable, mais en plus méchant et diabolique, avec un côté père fouettard. A partir de cette histoire pour enfant Hoffmann a composé un conte, pour le coup, vraiment fantastique, dans tous les sens du terme, peut-être son chef d'oeuvre en la matière.
Tout va très vite, malheureusement, dans un conte, et j'ai l'impression que dans celui-ci Hoffmann a condensé toute son oeuvre ; il n'a l'air de rien mais il contient des possibilités d'exégèse impressionnantes. Les psychologues ne s'y sont pas trompés d'ailleurs, il touche quelque part à une vérité indicible. Mais les moralistes et les philosophes peuvent s'y pencher aussi, il y est question du mal, de la liberté de choix, du matérialisme et de l'idéalisme. Il y a quelque chose de fou dans cette histoire de fou.
Des fois les intrigues des livres sont très bien faites, et Hoffmann pèche souvent de ce côté-là, ses intrigues sont mal arrangées, j'ai l'impression qu'il écrivait très vite, dans le feu de l'inspiration et sans trop se soucier du bon agencement. On peut faire ce reproche à L'Homme au Sable, il commence comme un roman épistolaire, puis se reprend et se moque ouvertement des manières traditionnelles de conter : « La singularité de l'aventure m'avait frappé, c'est pourquoi je me tourmentais pour en commencer le récit d'une manière séduisante et originale. « Il était une fois ! » beau commencement pour assoupir dès le début. « Dans la petite ville de S***, vivait... » ou bien d'entrer aussitôt medias in res, comme : « Qu'il aille au diable ! s'écriait, la fureur et l'effroi peints dans ses yeux égarés, l'étudiant Nathanaël, lorsque le marchand de baromètres, Giuseppe Coppola... » J'avais en effet commencé d'écrire de la sorte, lorsque je crus voir quelque chose de bouffon dans les yeux égarés de l'étudiant Nathanaël ; et vraiment l'histoire n'est nullement facétieuse. »
Un petit peu facétieuse quand même… Il continu comme une histoire de fantôme, un dilemme amoureux, une histoire d'automate complètement irréaliste et fini en pure tragédie. Plus que dans aucun autre conte, on sent Hoffmann se démener pour se libérer des formes. Souvent il se rate et gâche son intrigue, mais là il a miraculeusement réussi, ce n'est pas une intrigue artificielle qui entraîne le lecteur mais le tourbillon d'une vérité grotesque et terrifiante à la fois.
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