Entre deux titres de littérature contemporaine (américaine), j'ai eu envie de changer un peu d'horizon. Si
Ariel Holzl met lui aussi en avant une héroïne forte dans ce deuxième volume des Soeurs Carmines, il n'aura malheureusement pas réussi à me convaincre autant qu'il avait pu le faire avec son premier opus. Peut-être est-ce en partie dû à ma mauvaise concentration au moment de ma lecture – le quotidien était alors un peu malmené par de gros changements – mais la magie n'a pas tellement opéré. Dommage.
Je crois que le principal écueil que je peux faire à ce deuxième tome est justement celle qui offre le sous-titre à celui-ci. Tristabelle est un personnage certes fort et charismatique mais qui n'a pas su me rallier à son camp alors qu'au contraire, elle apparaît comme le point le plus positif pour bien d'autres lecteur.ice.s. La lecture est affaire de sensibilité, on ne le répétera jamais assez.
De mon côté, j'ai trouvé la demoiselle trop… trop. Oui sa personnalité est marquante, oui je me souviendrai un petit moment de cette jeune femme au franc-parler que certain.e.s ont adoré détester. Mais pour moi c'était trop exagéré. Sa froideur, son mépris et son côté sociopathe, passe encore ; mais les dialogues avec les voix dans sa tête c'était définitivement too much pour moi. Une explication plus « rationnelle » apparaît au fil des pages ce qui atténue un peu mon propos mais ne m'a pas complètement enlevé la sensation de gêne ressentie au cours de ma lecture.
Vous allez dire que je ne suis jamais contente. Je regrettais un peu la fadeur de Merry, la première soeur que l'on suivait dans le volume précédent et là, je trouve l'excès inverse à Tristabelle, la soeur aînée de la fratrie. Disons que
Ariel Holzl ne fait pas dans la demi-mesure alors j'imagine que ça passe ou ça casse.
Malgré tout et encore une fois pour atténuer un peu mon propos, je n'ai pas passé un mauvais moment avec cette Belle de Gris. Je dirais même qu'au bout de quasi 300 pages en tête à tête avec la soeur sociopathe, j'aurais même eu tendance à la trouver un poil plus attachante. Les révélations sur son ascendance (qui explique en partie sa personnalité) y sont sans doute pour quelque chose. Alors je ne dirai jamais que Tristabelle est un personnage que j'ai adoré (détester) mais je lui reconnais effectivement charisme et relief. Je suis tout de même soulagée de la quitter à la fin de ce volume et de passer plus de temps avec la troisième soeur – Dolorine, la plus jeune – dans le troisième et dernier tome de cette série.
Je n'ajouterai pas grand chose au sujet de l'intrigue qui ne m'a malheureusement pas laissé un souvenir immuable. Les événements font quasi directement suite au volume précédent puisqu'il me semble que seulement trois mois séparent les deux histoires. Tristabelle veut absolument aller au grand Bal organisé par la Reine et elle est capable de tout pour arriver à ses fins. Point.
Je regrette un peu que l'univers ne soit pas plus développé ici. La plongée dans la ville de Grisaille en compagnie de Merry était prometteuse mais Tristabelle est tellement centrée sur elle-même que le lecteur ne voit pas grand chose de ce qui se passe autour. Pour la visite touristique et historique, on repassera. Ici c'est plutôt robe, chaussures de bal et meurtres inexplicablement liés à l'héroïne.
Finalement, ce qui m'a peut-être davantage désappointée, c'est la plume d'
Ariel Holzl à laquelle j'ai été beaucoup moins réceptive ici. Je saluais l'ironie, le cynisme, l'originalité et les références apportées par l'auteur dans son premier tome ; j'ai davantage eu la sensation d'un trait trop poussé voire forcé, cette fois-ci. Encore une fois, je n'étais certainement pas dans le meilleur état émotionnel au moment de ma découverte, ce qui a très certainement joué en sa défaveur.
Ma rencontre avec Tristabelle – l'héroïne de ce deuxième volume – n'aura pas été une parfaite réussite. Trop froide et méprisante à mon goût, je n'ai pas réussi à adorer la détester comme ont pu le faire la majorité des lecteur.ice.s. Je n'ai donc pas été passionnée par ses aventures qui effacent beaucoup trop l'univers – pourtant prometteur – mis en place par
Ariel Holzl.
Je pense que le troisième tome équilibrera mon avis définitif sur cette trilogie qui oscille entre une franche originalité savoureuse et un ensemble un peu poussif qui me laisse sur le bas-côté.
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