Un roman étonnant, à quatre voix. Loin de mes lectures habituelles, merci
Rose-Marie de me sortir de ma zone de confort !
J'ai eu un peu de mal au début, je m'attache plus facilement aux personnages sympathiques, ou à ceux qu'on peut détester !! Ici, le couple est juste agaçant de prime abord.
Emmanuel, un auteur de théâtre sexagénaire, qui peine à la fois à écrire sa prochaine pièce, et à trouver l'actrice qui incarne pleinement le personnage de celle qui va se jouer.
Sa femme, Lillian qui ne semble là que pour se lamenter.
Et puis, il y a Jimmy, l'homme à tout faire, aussi bien assumer le quotidien que gérer les états d'âme de ce couple d'artistes.
L'arrivée d'Alberta / Sarah, 19 ans, qui n'a jamais quitté jusque-là le presbytère de son pasteur de père dans la campagne anglaise va tout changer. Ingénue, naturelle, mais tellement intelligente et si fine. On a un vrai plaisir à la suivre. Et en même temps j'ai tremblé tout le long en imaginant les dégâts possibles dans sa vie, dans ce milieu d'artiste qui lui est si étranger. Survivrait-elle si elle devenait actrice, ou si elle devenait une maîtresse parmi tant d'autres ?
Peu à peu, les personnages se dévoilent, c'est bien plus profond qu'on ne s'y attendait, et on s'y attache.
Lillian pleure son enfant qui a trop peu vécu, et c'est déchirant. On comprend que tout la ramène à ce deuil. Surtout avec une santé fragile, qui lui interdit beaucoup de choses.
Si j'aurais voulu ne jamais quitter Alberta, j'ai beaucoup aimé aussi Julius, le petit surdoué qui survit avec tant d'élégance dans son île, loin de tout.
Les personnages se racontent à tour de rôle, et j'étais surprise chaque fois qu'Emmanuel revenait, car ces chapitres-là sont à la troisième personne, alors que les autres parlent à la première personne.
Malgré son titre, tout le roman ne se passe pas en Grèce, mais Athènes, comme Hydra, donnent une furieuse envie de sauter dans le premier avion, et d'aller retrouver Julius.
Un sujet dense, parfois triste, de profondes réflexions sur la vie, et sur le métier d'artiste et de créateur.
Mais aussi un humour tout en légèreté, on sourit souvent au détour d'une phrase inattendue.
Une découverte étonnante pour moi que ce roman. D'autant plus étonnante qu'il est paru en 1959, et que je l'ai totalement oublié pendant toute ma lecture, tant il est moderne, et n'a pas vieilli du tout.
Comme une tragédie grecque, qu'Emmanuel n'espère pas égaler ?
J'aime beaucoup la présentation de ce volume dans la collection La Petite Vermillon (La Table Ronde) et l'introduction de
Sybille Bedford est très intéressante. À lire avant, ou après, ou à relire !
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