[...] parce qu'une vie passée dans l'enfermement devient intolérable, et alors gravir une colline, même si on se dirige vers sa mort, est un besoin urgent.
Tout ce qui leur importait c'est que les jours se ressemblaient à présent, et ils leur étaient comptés.
Il essaya de dormir. Le sommeil était un véhicule qui permettait de faire passer le temps, d’éviter le présent. Un tramway pour les déprimés, les impatients, et les mourants. Donald était un peu des trois.
p.134.
Et les décennies qu’il avait passées à vieillir s’envolèrent soudain lorsqu’il pressa le pas pour rejoindre les autres et devenir un petit jeune effrayé parmi les autres, issu d’un monde d’ombre et de silence, projeté dans une nouvelle maison, illuminée et bondée.
p.101.
Darcy était jeune – à peine trente ans –, avait les cheveux blonds et un sourire niais accroché aux lèvres. Exactement le genre de personne inexpérimentée à qui les forces de police aimaient confier les heures de nuit, quand toutes les merdes possibles arrivaient. Totalement illogique, mais c’était la tradition. L’expérience vous valait un sommeil de plomb à l’heure où sortaient es cinglés.
p.49.
- Ce sont les gens qui ont créé cet appareil les premiers qui sont incroyables. Tout ce qu’ils savaient faire, il y a des siècles, je n’en reviens pas. Les gens n’étaient pas si bêtes qu’on aimerait le croire.
p.33.
Comment sensibiliser un homme à la cause d’individus qu’il n’a jamais rencontrés ? Juliette attendait de lui l’impossible, et elle avait autant à se reprocher. Est-ce qu’elle se souciait vraiment de ceux qui allaient s’abreuver de mensonges à la messe deux fois par jour ? Ou de tous ces inconnus qui l’avaient élue pour gouverner mais qu’elle n’avait jamais rencontrés ?
Elle se redressa, et les ressorts du matelas piaillèrent comme autant d'oisillons dans leur nid.
- Tu es sure de n'oublier personne ?
- De n'oublier personne ?
- Je précise : de n'oublier d'emmerder personne ?
- ça ne m'embête pas de penser que je ne serai plus là un jour, reprit Lukas au bout d'un moment. Tout comme je me contrefiche de ne pas avoir été là il y a cent ans. Je crois que la mort, c'est surtout ça. Dans cent ans, ma vie ressemblera beaucoup à ce qu'elle était il y a cent ans.
A nouveau, il ajusta son emprise ou haussa les épaules. Impossible à dire.
- Je vais te dire ce qui dure pour l'éternité.
Il tourna la tête vers elle. Elle s'attendait à un truc niais comme "l'amour", ou pas drôle comme "tes ragoûts".
- Oui, qu'est-ce qui dure pour l'éternité ? concéda-t-elle, sûre de le regretter, mais elle sentait qu'il attendait qu'elle lui demande.
- Nos décisions, déclara-t-il.