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EAN : 9791094916261
136 pages
SoBook (16/01/2016)
4.88/5   4 notes
Résumé :
Quel amoureux de poésie n’a jamais nourri le fantasme de partager un moment avec un amant du Parnasse, de se retrouver à la table de Rimbaud, d’échanger une conversation avec Rilke, ou encore de partager du peyotl avec Artaud ? Poussée par l’ennui, la jeune Apolline va découvrir, dans le grenier de sa maison familiale, le recueil du poète Nephtali, son aïeul, dont le livre sera pour elle la porte d’entrée en Arcadie. L’aventurière va très vite se retrouver au milieu... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Très immersif, j'ai adoré ! Et même si le sujet est la poésie et qu'on n'y connaît pas grand chose, si on ne connaît pas tous les poètes présents dans cette intrigue, cela ne gène pas la lecture, au contraire, cela attise la curiosité. Il y a, en arrière plan, un parallèle écologique et politique avec notre monde qui donne une bonne dynamique à l'histoire.
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Il n'y a qu'un esprit fascinant capable de décrire un monde aussi miraculeux, à lire même sans connaître les poètes de cet ilot céleste. A lire et relire. Il faut souligner aussi la touche souriante, entre les vagues poétiques et les déambulations homériques des élans rieurs animent notre esprit. Un très, très bon moment de lecteur pour notre club.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Suite à cette confidence, les deux nouveaux amis s’adonnèrent à un jeu. Apolline donnait un nom de poète, et Khalil lui disait si oui ou non l’écrivain en question séjournait en Arcadie. Paul Claudel, Saint-Pol Roux, Saint-John Perse, n’a jamais su répondre à la question qui donne accès à ce royaume.
Apolline évoqua également sa rencontre avec Orphée dans le Grand Verger, ce qui ne manqua pas d’étonner Khalil Gibran. Car jamais personne en Arcadie n’eut vent de la présence de ce personnage mythologique. Elle avoua sans détour avoir fait l’amour avec lui, et les deux se prirent à imaginer quelle sorte de créature elle enfanterait si par enchantement Orphée l’avait fécondée.
Au milieu de la nuit, épuisée par tant de paroles exaltantes, Apolline s’endormit sur le tapis oriental qui ornait le sol du salon du Prophète. Ce dernier recouvrit la petite d’une épaisse laine et s’en alla dans son cabinet pour s’atteler à ses travaux d’écriture.
Apolline fit un nouveau rêve prophétique. Telle une pièce de puzzle, ce songe vint compléter les deux précédents : elle se trouvait au Grand Verger, se tordant de douleur, son bas-ventre la faisait horriblement souffrir. À ses côtés, Orphée la soutenait tant bien que mal. Elle se mit naturellement accroupie et sentit le besoin de pousser. Après plusieurs cris stridents, elle expulsa de son sexe un œuf de grosse taille. La coquille se brisa suite à sa chute sur le sol, le fameux oiseau sans visage à quatre ailes et six pattes s’en extirpa. Le volatile activa plusieurs fois ses ailes afin de se sécher et prit son envol.
Au matin, les yeux ouverts, elle resta longuement allongée, songeuse. Plus tard, elle se mit en position du lotus, elle se roula une feuille de tabac abandonnée sur le fauteuil du Prophète, l’alluma, toussa un peu, et savoura sa cigarette. Elle força son esprit pour l’obliger à lui révéler si son rêve était un souvenir occulté par sa conscience. La sensation transmise par ce cauchemar se balançait sur la fine lame qui sépare la réalité de l’imaginaire. Elle ne parvint à aucune conclusion, et décida de garder tout cela pour elle.
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Tandis que les premiers créneaux du Labyrinthe des Enfants Couronnés se dessinaient au loin, Apolline songeait à sa nuit prodigieuse passée avec Artaud le Momo. Ce fut là une rencontre fondatrice, karmique, plus rien ne serait désormais comme avant. Ils n’avaient pas consommé le cactus qu’elle avait apporté en tant qu’offrande, ce n’était pas le bon. En cas d’ingestion, celui-ci n’aurait pour effet unique que de faire chanter l’anus. En remplacement, Antonin avait préparé une soupe de psilocybe Arcadia. Apolline, affamée, avait avalé ce jus très amer d’une traite. Elle savait qu’il s’agissait d’un consommé de champignons hallucinogènes, mais quoi, elle avait déjà fumé du haschisch en soirée, là-bas sur Terre, ce ne saurait être bien différent. Et pourtant…
Comme Antonin lui expliquait l’identité des Enfants Couronnés, elle sentait une exaltation proche de l’ivresse alcoolique, et elle riait très bêtement et s’en excusait.
Elle avait réussi à retenir l’essentiel des propos de son gourou avant d’atteindre le deuxième étage de son élévation. Tout devint soudain lourd, à commencer par le soleil crépusculaire qui, en s’enfonçant entre deux collines, semblait tirer mollement le paysage avec lui vers un fond sans fin. Elle observait ce phénomène derrière l’épaule d’Artaud qui continuait doucement à dérouler son savoir dans sa langue particulière. La lourdeur de l’extérieur du monde l’avait maintenant envahie, et, sans même avoir la capacité de formuler quelques mots pour justifier son effacement, elle s’allongea. Elle fit un geste paresseux de la main en direction d’Antonin afin de l’encourager à poursuivre son exposé. Mais Antonin se tut, en concluant que peu de mots allaient suffire pour accompagner son voyage.
– Tout ce que je suis en train de voir n’existe pas, n’est-ce pas ? s’exclama soudain Apolline en tentant de se relever.
– Qu’est-ce que c’est que l’existant ? Sinon la face révélée de ce qui nous est donné à voir ? Ce que vos yeux reçoivent à cet instant est une chimère réelle qui ne vient pas uniquement de l’extérieur, mais aussi de votre intérieur. Si vous refermez vos paupières, cela ne va pas interrompre le flux optique. Vous allez à présent voir infiniment et dangereusement plus loin que le réel immédiat…
Artaud disait juste : les visions d’Apolline demeuraient, même en fermant les yeux.
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Le jour même de son arrivée, Apolline avait traversé le premier quartier, celui des Muses et musiciens. Elle s’y était un peu attardée, tout en gardant en mémoire qu’on l’attendait au Nord. Elle avait admiré l’architecture des maisons de pierres au toit de mousse. Au détour d’une ruelle, elle avait accepté le présent d’un très vieux musicien, un pendentif d’ambre qui lui apporterait purification et protection. Plus bas, dans le village, la Muse Érato lui avait offert de remplir sa gourde d’une décoction à base de gingembre et de basilic. Apolline avait remarqué le beau port de tête de l’« Aimable » coiffée d’une couronne de myrte et de roses. Les habitants de ce quartier vivaient nus, d’ailleurs on lui avait proposé plusieurs fois d’abandonner sa robe légère, mais elle s’y était refusée, somme toute un peu gênée de s’exposer en tenue d’Ève à des regards inconnus. Sa fibre poétique avait vibré au rythme des lyres dont les musiciens jouaient harmonieusement de place en place.
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La réponse à l’Enfant Couronné

Si mégarde ou coïncidence
vous font croiser
votre double couronné
sachez qu’à votre égard
il ne saurait être aimable,
car lui sont insupportables
les compromis et arrangements
que nous avons dû composer
pour survivre en humanité.

De trahison vous serez blâmés !

Que répondre alors à l’accusation
d’avoir préféré s’adapter au monde
plutôt que de l’avoir changé ?
Souvenez-vous de ce que vous êtes
avant que de ne puiser dans vos têtes
des actions bonnes et honnêtes
que vous auriez accomplies, Poètes !
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Et in Arcadia ego,
après avoir volé le feu
apprends à le maîtriser
et tu le feras chanter.
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