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Bref, percutant, émouvant et pamphlétaire, voici un petit texte qu'il serait dommage de ne pas lire.
Victor Hugo y reprend, et romance légèrement, la condamnation et exécution de Claude Gueux, ouvrier parisien et pauvre emprisonné cinq ans pour vol puis exécuté pour le meurtre de M. Delacelle, directeur des ateliers de la centrale de Clairvaux.

On suppose aisément qu'avant que Victor Hugo ne s'intéresse à Claude Gueux en 1834, celui-ci n'était considéré que comme tout au plus un petit criminel méritant, sans doute, la condamnation à mort pour homicide, d'autant plus qu'il était incarcéré depuis plusieurs années, fréquentait avant cela une prostituée et était un homme de peu d'éducation.
Victor Hugo, dont l'objectif est de faire le procès de la peine de mort - déjà quasiment abandonnée en Italie, ou en Autriche, avant d'être abolie dans les décennies qui viendront -, reprend donc le récit de ce procès sous une forme légèrement romancée, d'apparence factuelle, mais d'apparence seulement. Son intérêt est, bien sûr, de rallier le lecteur à sa cause et pour cela, il choisira le sentiment.
Ainsi, la compagne de Claude Gueux ne se prostituera que suite à son incarcération, pour faire vivre leur enfant. Claude Gueux lui-même sera présenté comme un homme humble, réservé et ne se séparant pas ni des ciseaux de couturière de sa compagne ni du livre qu'elle lisait, l'Emile de Rousseau - choisi symboliquement par Hugo - mais qui, tel l'aimant, attirera les autres détenus à lui, provoquant la jalousie et la colère du chef d'ateliers.
Ce sera la séparation imposée de Claude d'avec Albin, son compagnon - prenez le sens que vous voudrez donner à ce terme - celui qui partage son pain avec l'homme toujours affamé, et l'indifférence feinte, ensuite, aux supplications de Claude pour retrouver ce compagnon, qui provoquera le sentiment exacerbé d'injustice que ressentira Claude, qu'il ruminera, jusqu'à revendiquer la mise à mort de Delacelle comme seule justice possible.
Justice et humanité s'affrontent alors. Pour Claude, ce meurtre est une évidence, même s'il doit provoquer sa propre mort. Victor Hugo tourne si habilement le récit que bien sûr le lecteur considère que Claude Gueux ne mérite pas cette condamnation à mort, si injuste, si cruelle, tout comme le lecteur remettra en cause le système judiciaire défaillant, répressif quand il aurait fallu qu'il soit éducatif.

La version que j'ai achetée est celle du Livre de Poche à 1.50€, et bien la préface et les nombreuses annotations de bas de pages de Emmanuel Buron, maître conférencier à Rennes, méritent largement le détour, même si ces dernières sont parfois clairement destinées à un public étudiant.
Claude Gueux suit de quelques années le plus connu le Dernier Jour d'un Condamné dont il y ici un extrait percutant de la préface. Hugo y remettra en question l'humanisme de Voltaire et des philosophes des Lumières pour revendiquer une solidarité plus chrétienne.
Ce livre se lit en une heure, donc n'hésitez plus.

Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Nous l'avons compris, Victor Hugo est contre la peine de mort et il nous ferait presque basculer de son côté. Je reproche tout de même qu'il gomme le mauvais côté de Claude Gueux afin d'appuyer son argumentation sur la peine de mort mais je ne conteste absolument pas le fait que d'aller en prison pour voler afin de pouvoir manger est excessif mais à cette époque, c'était la règle.
Ce petit livre comporte de très jolies photographies.

Rappel historique : grâce aux archives de la prison, on peut dessiner un autre portrait de Claude Gueux.
Celui-ci est le fils d'un voleur mort en prison. Il est d'abord condamné à 5 ans de prison pour « vol domestique ». Durant cette période d'incarcération à la Maison centrale de Clairvaux (ancienne abbaye), il commet une tentative d'assassinat contre le gardien-chef, acte pour lequel il est condamné à une peine de prison à Troyes. Condamné à nouveau à 8 ans de prison pour vol avec circonstances aggravantes, il purge sa peine de nouveau à la prison de Clairvaux et c'est là qu'il finit par tuer le gardien-chef. D'après le directeur de la prison, l'aura de Claude Gueux sur les autres prisonniers est bien réelle, l'argument de Claude Gueux sur la privation de double ration est avérée. Quant au rôle joué par son ami Albin, il fût, d'après le directeur de la prison, déterminant.

Il semble que les deux hommes entretenaient en réalité des rapports sexuels qui sont effacés par l'auteur dans le roman afin d'idéaliser le parcours de Claude Gueux et de rendre les personnages plus exemplaires.

Lu en août 2019 / le livre de Poche - Prix : 2 €.
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J'ai passé il y a deux jours une soirée mémorable en compagnie de Claude Gueux, à peine deux petites heures car c'est un texte très court, mais pendant lesquelles je suis passée par toute la gamme de mes émotions préférées : l'indignation, l'empathie, la révolte, l'admiration, bref, une de ces pamoisons littéraires que seul le grand Victor sait faire naître.

Claude Gueux, c'est Jean Valjean en plus cash et plus entier, autant vous dire qu'il ne m'a pas fallu plus de deux pages pour me ranger derrière lui, et vibrer comme une suffragette sous la plume du grand Victor.

C'est ce Victor-là que j'adore, celui des Misérables, du Dernier jour d'un condamné, celui qui s'insurge contre l'injustice, contre la peine de mort, contre l'oppression du peuple, pour l'éducation, pour les lumières! Et qui ose le clamer haut et fort devant ses pairs!

A défaut d'espérer le revoir un jour dans l'hémicycle, dans un journal ou dans une librairie, je me suis inventé un mini Victor, debout les poings serrés et la barbe frémissante sur mon épaule gauche, qui contemple et juge de sa mini-hauteur tous les événements qui me sont donnés à voir.
(Sur l'épaule droite, pour équilibrer, j'ai un mini Houellebecq, jambes croisées, clope au bec).
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*****

« le peuple a faim, le peuple a froid. La misère le pousse au crime ou au vice, selon le sexe. »

Je retrouve dans ce livre audio lu par Jean-Claude Dauphin - un vrai régal de lecture - la plume et le talent du Victor Hugo qui prononça son célèbre discours à l'Assemblée Constituante le 15 septembre 1848 : une plaidoirie contre la peine de mort et la détresse des opprimés.

En 1832, le poète achève « Dernier jour d'un condamné » lorsqu'il découvre dans un journal l'histoire de Claude Gueux.
Ce brave homme, ouvrier, qui en hiver a volé pour pouvoir chauffer et donner à manger à sa compagne et son enfant, se retrouve en prison. Son intelligence et sa dignité le font remarquer par les autres détenus auprès desquels il devient très populaire. Ceux-ci le considèrent comme un chef. Une solide amitié s'installe avec Albin, un jeune prisonnier qui lui offre de partager sa maigre ration avec lui. Très vite ils deviennent inséparables jusqu'à ce que le directeur des ateliers, qui n'aime pas Claude Gueux, fasse changer Albin de quartier de prisonnier.
Le drame de cette histoire se noue lorsque Claude supplie de nombreuses fois le directeur de lui rendre son ami : « — Pourquoi ne voulez-vous pas me rendre mon camarade ? — Parce que… ». Désespéré, il assassine le directeur et tente de se suicider. Il survit, est jugé et condamné à mort. Six mois plus tard, il monte sur l'échafaud, très calme, bienveillant pour ses juges, aimable pour le bourreau. Avant d'être décapité il donne au prêtre la pièce de 5 francs qu'une soeur lui a remise : « Pour les pauvres… ».

Hugo utilise des phrases courtes, saccadées, des mots durs. Comment ne pas reconnaître dans le personnage de Claude Gueux le futur Jean Valjean que l'on retrouvera dans « Les misérables » ; de même que le directeur de la prison qu'incarnera le policier Javert.
Tout le récit est conçu par l'auteur pour capter notre attention sur la vie sociale des prisonniers à cette époque. Il y réussit pleinement.

Selon Victor Hugo, le peuple est malade mais la société n'utilise pas les bons remèdes :
« La société est mal faite. Qui est coupable ? le peuple souffre. Ayez pitié du peuple. » ; « Toutes les jouissances dans le plateau du riche, toutes les misères dans le plateau du pauvre. Les deux parts ne sont-elles pas inégales ? »

La fin du roman est un violent réquisitoire contre les injustices sociales et la peine de mort :
« Messieurs, il se coupe trop de têtes en France. Démontez-moi cette vieille échelle boiteuse des âmes et des peines. Refaites vos pénalités, refaites vos codes, refaites vos prisons, refaites vos juges, remettez les lois au pas des moeurs. » ; « Comment enseignez-vous qu'il ne faut pas tuer ? En tuant. »
« Songez au gros du peuple. Des écoles pour les enfants, des ateliers pour les hommes. La France ne sait pas lire. C'est une honte. Une bonne éducation au peuple. Développez au mieux ces malheureuses têtes afin que l'intelligence qui est dedans puisse grandir. »

La dernière phrase de ce court roman est magnifique :
« Cette tête de l'homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n'aurez pas besoin de la couper. »


Victor Hugo, visionnaire, ne sera finalement écouté que de nos jours lorsque Robert Badinter fera voter le 9 octobre 1981 la loi abolissant la peine de mort.


***

Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Pour avoir volé de quoi manger pour sa famille, Claude Gueux se retrouve à la prison de Clairvaux. Homme droit et intelligent, il s'attire le respect des autres prisonniers et se met ainsi à dos le directeur, homme faible et envieux, mais du « bon côté » de la loi. A cause de cette inimitié, Claude Gueux se voit séparé de son ami Albin, véritable soutien pour lui, qui lui donne une part de sa nourriture. Après plusieurs demandes pour retrouver son ami, toujours refusées, Claude Gueux prévient : il tuera le directeur. Et il tiendra promesse. Pour l'avoir tué, il sera exécuté.

Dans ce court récit écrit en 1834, Victor Hugo se lance dans un véritable plaidoyer contre les conditions de détention, contre la disproportion entre le délit et la « punition », et surtout contre la peine de mort.

Inspiré d'une histoire vraie, Hugo écrit ce texte après le dernier jour d'un condamné. de voleur à assassin, de la misère à la déchéance sociale totale, l'auteur pose ici la question de la justice, s'interroge sur les causes et les effets de la société de l'époque.
Un texte percutant.
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Victor Hugo : Une icone , un personnage emblématique qui a marqué le 19 eSiècle . Chef de file du courant littéraire, le Romantisme , il était romancier ,poète , dramaturge, pamphlétaire hors pair et un homme politique .
Il s' est engagé dans un combat : la lutte contre la peine capitale , les mauvais sévices et les traitements qu' on fait subir aux détenus de droit commun . Son livre " Les derniers jours d' un condamné à mort" est un plaidoyer contre ces traitements , ces sévices et la peine de mort
Au moment où il rédigeait la préface du livre cité plus haut , il apprend par la presse le procès et la condamnation
d' un pauvre type, Claude Gueux qui a commis un larcin pour nourrir sa concubine et son enfant . Jugé , il a été condamné et mis au cachot pour cinq ans . L' auteur s' est élevé contre cette disproportion entre le délit et la punition .
Victor Hugo s' est intéressé au cas de Claude Gueux et a étudié comment cet individu est arrivé à cette situation .
L' auteur s' élève contre les injustices sociales ,l'ignorance, la prison qui en tant que moyen de répression détruit
l ' homme , le brise ,l' avilit et l' humilie .
L' auteur défend Claude Gueux mais pas seulement car à travers son cas l est pour qu' il ait une justice équitable et à visage humain .
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Victor Hugo s'emploie en quelques pages à démonter le mécanisme qui va amener un pauvre bougre jusque sur l'échafaud. Tiré d'une histoire vraie, il montre le rôle prépondérant d'un directeur de prison sadique. On peut dire que le livre est divisé en deux parties : l'histoire de claude Gueux et une réflexion sur la société, le politique et la "machine judiciaire". Les jurés ne répondront jamais à la question : pourquoi ? et se contenteront de juger les "faits", la question est de savoir si une société issue des "lumières", aux idéaux humanistes, peut se cacher indéfiniment dans l'ombre de ces "faits". Victor Hugo avait allumé une étincelle qui brille encore de nos jours.
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J'entends beaucoup dire de "Claude Gueux" qu'il est avant tout un plaidoyer contre la peine de mort. Or, je ne suis pas d'accord avec ce postulat ; c'est bien évidemment un plaidoyer contre la peine de mort, mais c'est bien plus : une protestation contre la pauvreté, un conte philosophique qui poste une question lancinante : "Qu'est-ce qu'être coupable ?" et un projet de société et bien plus encore, sans doute.
D'ailleurs, à mon avis, il y a plusieurs strates de lecture à ce texte ; et, derrière Hugo, l'homme politique sensible au sort des malheureux aux valeurs humanistes, se cache un auteur méditatif, philosophant.
Il suffit de lire entre les lignes ; Hugo pense sur la société nouvelle qui devrait être ( selon lui ) ; sur le sens de la justice ; sur les causes du passage à l'acte.
C'est s'arrêter à la première strate et à la vision classique du texte que de n'y voir qu'un plaidoyer contre la peine de mort ; car ce thème n'est pas le seul, ni même forcément le plus important-et c'est là la grande richesse du texte.
Qu'on ait pu mettre autant de questionnements, de pensées, d'idées dans un texte aussi court tient du prodige.
Je suis impressionné par ces idées multiples, par ce grouillement d'idées, par ces idées, ces questionnements, ces pensées qui, par centaines, traversent ce texte qui, pour être simple, est loin d'être simpliste !...
Un très bon texte, complexe et fort.
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Une oeuvre très courte mais terriblement efficace et d'actualité.

Victor Hugo est un auteur essentiel qui devrait être étudié systématiquement.

Ce livre a trouvé sa place naturellement dans ma bibliothèque, pour méditer sur notre société et ses dérives.

rassurant de voir que certaines personnes se sont battus et se battent encore pour une société meilleure.

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Dans ce très court récit, Victor Hugo relate un fait divers qu'il conclu par un réquisitoire contre l'Etat (qu'il apelle "société") qui ne prend pas en compte ses citoyens comme des individus mais comme des moyens de productions interchangeables et jetables à la moindre incartade, et qui en ne les prenant pas en compte en tant qu'être humains les pousse au désespoir et donc à la faute. Dans le même temps, l'écrivain dénonce aussi la partialité de la Justice face à tous ces "gueux".

Il est indéniable que le talent rhétorique d'Hugo est toujours admirable, mais j'ai été rebutée par cette mise en scène (exagérément) christique pour émouvoir le lectorat. Au final, ce texte n'amène "pas grand chose" à tout ce que l'écrivain a pu écrire sur la peine de mort, le sort des "gueux", l'importance de l'éducation, etc .
Toutefois, force est de constater que ce texte trouve toujours un écho aujourd'hui, la preuve que la France (et bien d'autres Etats) sot foncièrement précurseurs en recyclage : même après les révolutions, le système change sensiblement mais les constats restent (dans une moindre mesure parfois) les mêmes à chaque siècle. Quelques soient les modèles proposés, ils ne permettent pas aux plus "défavorisés" (socialement, intellectuellement ou économiquement) de s'améliorer grâce à un système méritocratique efficace. A la place, on choisit la bonne vieille répression!

En cela, cette lecture a un côté certes visionnaire mais aussi désespérant près de deux siècles plus tard...


Challenge Solidaire 2019
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