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4,17

sur 1668 notes
Quel sublime et tendre recueil que Les Contemplations.
On découvre un Victor Hugo meurtri, qui se réfugie dans la nostalgie et le lyrisme. Dans des poèmes souvent mélancoliques, il sublime aussi bien l'amour et la nature que le souvenir douloureux mais rêveur de sa fille disparue.
Si Hugo peut paraître antipathique dans son égocentrisme permanent, il nous dévoile ici une faille et sait nous subjuguer dans ses contemplations.

Je vous fait partager un extrait du premier poème du livre premier, "À ma fille", que je trouve particulièrement beau:

"Ce peu de chose est ce que, pour sa part,
Dans l'univers chacun cherche et désire :
Un mot, un nom, un peu d'or, un regard,
Un sourire !

La gaîté manque au grand roi sans amours ;
La goutte d'eau manque au désert immense.
L'homme est un puits où le vide toujours
Recommence.

[...]

Le ciel, qui sait nos maux et nos douleurs,
Prend en pitié nos jours vains et sonores.
Chaque matin, il baigne de ses pleurs
Nos aurores.

Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,
Sur ce qu'il est et sur ce que nous sommes ;
Une loi sort des choses d'ici-bas,
Et des hommes.

Cette loi sainte, il faut s'y conformer,
Et la voici, toute âme y peut atteindre :
Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer,
Ou tout plaindre !"
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Et j'ai pleuré, pleuré-hé !
Victor,
Comme c'est beau !
C'est la première fois que je suis vraiment sensible à la poésie ; c'est la première fois qu'un texte me fait pleurer !
Sur les cent poésies des Contemplations, outre les prémisses de Cosette dans " Melancholia", et peut-être un peu Jean Valjean dans "Le maître d'études", la majorité des lignes se rapporte à sa fille Léopoldine, le véritable amour de sa vie, noyée dans la Seine le 4 septembre 1843 à 19 ans.
Quid de ses autres enfants, d'Adèle Foucher, la mère, alors que plusieurs poèmes se rapportent à une mère mourant devant ses enfants, .. et même un seul poème évoque Juliette Drouet, sa maîtresse.
.
C'est beau, c'est émouvant, c'est romantique, les âmes des corps abandonnés aux flots se parlent, sous l'eau, puis se transforment en étoiles célestes.
Déjà, Victor, dont la complicité fut grande avec elle, a mis cinq ans à abandonner Léopoldine à Charles. Alors, après 1843, il a mis trois ans à revenir sur le lieu du drame ( j'ai habité la belle ville de Caudebec, à côté de Villequier ), ensuite, jusqu'en 1854, et peut-être plus tard, il se pose des questions sur la mort de sa fille, et, comme Jésus sur la croix, "Père, pourquoi m'as-tu abandonné ?", il pose à Dieu plusieurs fois la question :
.
Pour la faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ?
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Ah ! Lire ou relire Les Contemplations du maître Hugo !
Qu'on s'y plonge d'une traite de la première à la dernière page, ou qu'on picore ici ou là un poème, le plaisir est immense.
Les mots d'Hugo, les vers d'Hugo, chantent l'amour, la femme, les enfants, la famille, la nature... Ils pleurent l'exil, l'injustice, la misère, et la mort bien sûr, celle de sa fille notamment...
J'ai été particulièrement touché par le Livre quatrième, Pauca meae (Un peu à la mienne), consacré à sa fille Léopoldine décédée avec son époux en 1843, avec le célébrissime :
"Demain dès l'aube, à l'heure ou blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends."

Mais aussi :
"Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
Elle allait à grand pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule."
(Mors)

Victor Hugo manie les vers à merveille. Il les enfile comme des perles, dans le respect des règles de la versification française, mais en gardant sa liberté : ne cherchons pas de sonnets, d'odes ou de rondeaux ; les vers s'enchainent selon l'inspiration du maître, en poèmes courts ou longs, selon le message qu'il veut faire passer.

Une merveille à lire ou relire !
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Si Baudelaire peut être comparé à une panthère ou un chat, Hugo évoque pour moi un taureau. Son style est de la plus certaine vitalité, gonflé par une verve qui l'emporte dans d'immenses élans d'enthousiasme. Il y entraîne volontiers le lecteur. En le lisant, ma poitrine se dilate, il me transmet cette énergie, des aspirations à la conquête, il enchante tout un univers par son lyrisme vigoureux.

Alors que Baudelaire calibre ses vers et ses tournures avec la patience et l'application d'un joaillier, Hugo fonce vaillamment, presque témérairement, la plume en avant comme un étendard, bouscule tout sur son passage et répand à profusion un discours turgescent. Hugo est pareil à un prophète. Ses poèmes semblent résonner dans les grandes vallées bibliques. Son discours est comme mû par la sagacité solennelle d'un porteur de flambeau éclairant l'humanité. Son regard flamboie, son front se crispe, sa voix tonne ; des millions d'ardeurs bouillonnent dans son sein.

Dans beaucoup de ses poèmes, il semble haranguer des troupes pour les mener au combat. Il s'adresse aux éléments, à Dieu, aux animaux. C'est comme si l'univers n'était pas assez vaste pour une telle débauche d'énergie. Il veut le dilater plus encore. Il veut tout consigner, qu'aucune pensée n'échappe à sa plume.

Et cependant les mêmes rimes reviennent souvent et on peut se dire qu'il tourne quelque peu en rond. Ce qui l'anime, c'est avant tout le souffle. Il faut qu'il reste en mouvement. Alors il s'évertue, s'échine pour ne pas se laisser abattre. Car les éléments sont contre lui. le sort lui a enlevé sa fille adorée. Il a quitté son pays. À Guernesey, il a dû beaucoup tourner en rond à regarder les voiles des navires et les étoiles au point de les associer presque immanquablement en rimes, mais il le faisait déjà dans le recueil Les voix intérieures.

Obsédé et possédé par le contraste entre lumières et ténèbres, il voyait des monstres, il voyait des morts, il voyait des choses abominables, il voyait des choses grandioses, et cela dans une démesure toute baroque.

Les contemplations est un recueil distendu, plein de répétitions, enflé d'élans puissants, sonores et cependant assez creux. Il est comme une succession ininterrompue de vagues déferlant sur la grève. C'est son plus célèbre recueil de poésie : une tentative de conjuration du désespoir et un assagissement de l'âme tourmentée. C'est un monument en grande part élevé à la mémoire de Léopoldine et c'est pour cela qu'il m'évoque un mausolée littéraire.
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Fin 90, études de Lettres Modernes, dans le métro. le tunnel défile, débouche sur des quais vitrés, repart. Agrippée à la barre au milieu des sueurs et dans le brouhaha toulousain, mes yeux plongés dans les pages brunes des Contemplations, mon âme sur une plage décharnée au bord d'un océan aux vagues profondes et grondantes, un ciel illimité où un pâle rayon lancinant se glisse entre deux épaisses couches de nuages et étend sur la terre une lumière incandescente.
Soudain Hugo, ce petit bonhomme délirant se dresse hors des pages, et avec une telle foi en son rôle de prophète, déclame:
Dormez! Dormez, brins d'herbe, et dormez, infinis!
Calmez-vous, forêts, chêne, érable, frêne, yeuse!
Silence sur la grande horreur religieuse,
Sur l'océan qui lutte et qui ronge son mors,
Et sur l'apaisement insondable des morts!
Paix à l'obscurité, muette et redoutée!"
Hugo le prophète, Hugo le chef d'orchestre des rames de métro, que je hissais hors du bouquin et que cette foule du vingtième siècle n'intimidait pas!
O générations aux brumeuses haleines,
Reposez-vous!

Vous avez bien compris, ce recueil de poèmes à la démesure de Victor Hugo, qui ne retient qu'à peine en ses pages les tempêtes, les gouffres, les paroles de la Bouche d'Ombre et les élans passionnés du poète a bien failli m'emporter cette année-là!
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Monsieur Hugo reussit a derouler le fil de nos vies, tel un chaton avec les pelotes de nos cerveaux. Sa trame est si dense et intense qu elle tisse chaque jour, mon amour pour ce compagnon d âme.
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Moi, je lis ce recueil comme un cachet d'aspirine, comme une drogue de rimes, de vers, comme un besoin.
Le bouquin est corné tellement il a été lu, tellement il est vital, tellement la force, la réconfort se mêlent dans cette oeuvre pêle-mêle, au hasard de l'ouverture.
Ce besoin essentiel de poésie je le ressens depuis tellement longtemps que c'est ancré en moi et comme le sourire revient après les larmes, Hugo me remet en piste, droit comme la ligne et prêt à repartir.
Bien sûr il y a Léopoldine :
La mélancolie, c'est d'revoir Garbo dans la reine Christine,
C'est d'revoir Charlot à l'âge de Chaplin,
C'est Victor Hugo et Léopoldine.
Chantait Ferré et Léopoldine c'est l'arrache coeur:
Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai...
Et le poème qui devrait faire sombrer le plus fort, laisse, au contraire pénétrer une telle tendresse, une telle beauté que les mots arrivant aux paupières au lieu de faire sombrer, tomber, portent l'amour du père battu à l'espoir du souvenir et du revoir qui permet de continuer à vivre.
Tout est beau et même si pour la Xème fois je viens de terminer cet
ouvrage, je continuerai à lire, encore et encore...
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Un des plus beaux recueils de poésie de Victor Hugo, voire même de la littérature française. Chaque ligne, chaque vers est magnifique. Il manie les mots comme personne. Impossible à dire s'il est mieux que La Légende des Siècles (ou que Les Châtiments), ils se valent tous. de véritables chefs-d'oeuvre. Je trouve que Victor Hugo est au sommet de son art dans l'exercice de la poésie. Je mettrai plus tard quelques extraits (vous allez pouvoir juger par vous-mêmes).
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Contemplation : du latin contemplor « être avec une portion du ciel », theôria en grec, déverbal de theôrô : je regarde, je contemple) : application de l'esprit à voir et observer certaines réalités.
Les Contemplations c'est une autobiographie versifiée - dix mille vers- racontant avec maestria vingt-cinq ans de vie, qui dévoile les hasards d'une existence, qui racontent , par la magie du verbe hugolien, l'itinéraire d'une vie faite de souvenirs, de confidences, ce sont les mémoires d'une âme, celles d'un homme, d'un artiste qui a aimé et souffert.
Des mots lyriques forgés de mélancolie, de gravité, d'âpreté, de tristesse, d'amertume, de douleur poignante , de détresse, d'angoisse, mais aussi de vitalité féconde , de fantaisie, de verve imaginative, d'amours polymorphes.

Difficile d'élire le poème préféré dans ce recueil en comptant 158 , la plupart sont très connus, appris sur les bancs de l'école, du lycée. Peut être le poignant " A Villequier" inspiré par la mort de Léopoldine, ou le savant , éclatant et amusant Réponse à un acte d'accusation"
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Les Contemplations, c'est un recueil de poèmes aussi énorme que son auteur, Victor Hugo.
Tout y est un peu versé pêle-mêle, l'adolescence, l'amour, l'exil, la séparation et la mort. La vie, quoi ! Y a-t-il une logique dans ce vacarme ? Sans doute aucune à nos yeux, il faut tout prendre comme cela, en vrac, comme une vague. Faut-il questionner la vague lorsqu'elle nous surprend au bord du rivage ou sur la pointe d'un récif ?
Il y a plusieurs livres dans ce livre. Nous sommes là à déplier ceux-ci les uns après les autres, parfois comme des poupées gigognes. S'il me fallait donner une définition de la poésie, ce serait quelque chose avec les mots qui est plus grand que nous et qui nous grandit en même temps. Victor Hugo est incontestablement plus grand que nous et il nous entraîne dans son sillage à aimer le ciel et la terre, nous y vautrer dans une joie folle et pure, à aimer aussi d'autre poètes plus grands que nous. Ses vers nous font la courte échelle pour nous aider à atteindre les cimes. La générosité d'un poète est de nous faire toucher les étoiles. Alors nous tentons de hisser nos bras, nos yeux jusqu'à ce ciel éperdu où gisent la joie et la douleur. Les poètes aiment et pleurent.
Les Contemplations forment un temps très long dans la vie de Victor Hugo, celle-ci est d'ailleurs fort longue. Nous le voyons grandir et nous en faisons tout autant en le suivant pas à pas, dans ce voyage qui semble respecter une certaine chronologie. Il y a l'exil là-bas à Guernesey, si loin de tout, mais si près des siens. Au milieu, c'est-à-dire quasiment entre les deux grandes parties qui composent l'ouvrage, Autrefois et Aujourd'hui, il y a cette date du 4 septembre 1843, la mort de sa fille Léopoldine et ce poème Demain dès l'aube.... D'ailleurs cette date commémorative du 4 septembre reviendra souvent dans le recueil. Je ne saurai dire si c'est le plus beau poème du recueil, incontestablement c'est celui qui touche l'âme, nous fait vaciller, c'est mon préféré. Pour une fois le poète n'est pas si grand ou alors c'est nous qui le devenons, puisque brusquement nous sommes capables de l'étreindre à hauteur d'homme tout contre nous dans sa douleur, étouffer ses sanglots et les nôtres en même temps. Puis, le chemin continue, nous lui lâchons la main, il est déjà très loin alors que nos bras sont encore ballants. Hugo tutoie la terre et le ciel, Dieu, les hommes et leur itinéraire. Nous pouvons être profanes et trouver tour à tour tout cela grandiloquent, excessif, puissant et tout simplement grand. Mais dans l'exil, la séparation ou lorsqu'il effleure la mort de ses doigts d'ogre, Victor Hugo ressurgit par la joie. C'est sa force, sa bouée de sauvetage. Il souffre pourtant, sa vie est une tragédie. Les Contemplations crient cela, entre soleil et ténèbres, le répètent inlassablement presque comme une psalmodie. Dans l'exil pour Jersey et Guernesey, Victor Hugo emporte dans ses valises les siens, sa femme, ses enfants, sa maîtresse Juliette Drouet qui logeait à quelques distances de la demeure familiale. La légende dit que tous les matins Victor Hugo sortait nu sur son balcon et Juliette Drouet le contemplait, émerveillée en face à quelques encablures, depuis sa fenêtre. Sa fille Léopoldine est aussi du voyage, bien que morte sept ans plus tôt, mais les ogres emportent tout sur leur passage. Comment pourrait-il l'oublier, sa chère enfant, sa chair aussi ? Comment pourrait-elle être absente ? Là-bas, elle fera tourner les tables...
Dans cette cacophonie lyrique, que faut-il retenir, s'il fallait emporter un seul regard, un seul geste, avant de nous laisser emporter par la dernière vague ? Je me suis souvent interrogé sur ce titre, les Contemplations. On finit par l'oublier tant le souffle du dedans est grand. Le mot renvoie au templum latin, espace carré que les augures délimitaient dans le ciel et sur terre pour y observer les signes susceptibles de constituer des présages. Lire, c'est aussi contempler...
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