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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette autobiographie, car ce livre n'est rien d' autre cela, prend la forme d'un roman, d'un roman intimiste aussi fort, émouvant et dense que ses autres romans. La différence est qu'on en connait l'héroïne. Ayant lu quasiment tous ses livres, j'ai l'illusion de me sentir proche de Nancy Huston. Ainsi, j'ai été intéressée et émue comme si une amie me racontait sa vie, toutes les choses à l'origine de sa personnalité, de ses forces et de ses faiblesses, ou plutôt ses fragilités. En faisant parler le foetus qu'elle fut, elle entreprend une enquête minutieuse sur son passé et celui de sa famille. Elle veut comprendre puis expliquer ce qui a fait d'elle cette femme engagée, libre, ​entreprenante et toujours en mouvement.
En conclusion, j'ai aimé, et je vais donc lire les quelques romans d'elles que je n'ai pas lu.
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Pour apprécier pleinement ce dernier livre de Nancy HUSTON il faut avoir lu et apprécié ses précédents romans. Ses écrits provoquent très souvent des émotions fortes mais pas toujours positives;cependant, ces écrits portent tous un regard sur la femme et la famille particulièrement justes. Ce récit du trauma de sa naissance et de son éducation éclaire parfaitement ses livres précédents et nous permet de décrypter un peu mieux les tourments et les tenants de sa vie littéraire.
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Tu t'appelles Dorrit.
Au début de l'histoire, tu es un foetus. A l'abri, au chaud.
Indesirée.

On ne t'attend pas.
On t'appréhende. Te redoute.
Tente de te perdre.
L'avortement échoue.

On pourrait dire tant mieux.
Toi, tu le vivras tant pis. Toute ta vie.

Entre tes souvenirs, ceux de la mère surtout, les cinq années où elle sera là, avant l'abandon, et tes tentatives de comprendre et de survivre à tes traumatismes, se profile les crimes d'une société. Envers la femme.
Les lacunes d'une famille, la fatalité de l'héritage, d'indifférence et de reproches.

Tu écriras, Dorrit.
Tu prendras la plume pour raconter les combats perdus d'avance, les indésirables et les corps qui abandonnent.
Tu prendras la plume et tu raconteras l'être humain avec beaucoup de clairvoyance, de sensibilité et de justesse.
Ta plume sera l'arme.
Ta plume sera salvatrice.
Elle sera le mouvement. Celui qui évite de sombrer.

J'ai lu ce livre d'une traite, comme on s'abreuve, à pleine bouche. A prendre les mots avec les doigts, goulument, et à m'en mettre partout.
L'écho qu'il a trouvé en moi ne se limite pas au combat féministe. A la mère que nous avons et à celle que nous tentons d'être. A l'avortement.
Comme d'habitude, l'écriture de Nancy Huston m'embarque, et je suis touchée autant par ses mots que par ses engagements.
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Bad Girl "Classes de littératures" est un récit à la lisière invisible entre la fiction et l'autobiographie. le lecteur qui connaît l'oeuvre de Nancy Huston s'aperçoit rapidement que le narrateur qui apostrophe une petite Dorrit n'est en fait qu'une seule et même personne : l'auteure qui s'adresse à son moi même pas encore née.

"Toi, c'est toi. Dorrit. Celle qui écrit. Toi à tous les âges, et même avant d'avoir un âge, avant d'écrire, avant d'être un soi. Celle qui écrit et donc aussi, parfois, on espère celui/celle qui lit.
Un personnage."

Nancy Huston choisit un point de vue original en s'adressant au foetus qu'elle a été, ce bébé non désiré dont il a été question de se débarrasser. Mais qui s'accroche. Tout ce qu'elle peut. "S'accrocher, Dorrit, sera l'histoire de ta vie."

Avec beaucoup d'humour, Nancy Huston raconte l'histoire improbable de la rencontre de ceux qui seront ses parents. Elle remonte l'arbre généalogique pour tenter de cerner ce qui a pu faire d'elle ce qu'elle elle devenue. La relation difficile à sa mère, qui l'abandonne à l'âge de six ans, un père largué et adultère, un grand frère, Stephen qui sera son modèle, sa bouée de sauvetage, celui qui lui apprendra à lire à 4 ans et par là ouvrira la grande histoire de sa vie : la littérature. le divorce de ses parents quand elle a dix ans. le remariage de son père, fils de méthodiste, à une Allemande catholique romaine. le déracinement d'une enfant trimbalée partout par les déménagements successifs à travers le Canada et à l'étranger. La littérature comme point de repères. La folie dans une famille de barrés. le trauma de la prime enfance qu'on se trimballe toute sa vie. L'envie d'écrire pour être entendue. Puisqu'on ne l'écoute pas.

"Te fera immanquablement disjoncter le fait de n'être pas entendue lorsque tu parles (...)
Te rendront capable de meurtre (ou presque ces employés de la poste, de la banque, de n'importe quelle entreprise ou administration, qui t'ignorent ou te répondent comme des automates (...)".

Les phrases s'alignent, brèves, incisives, poétiques, cash, crues, percutantes, moqueuses. Les évocations se succèdent sans souci de chronologie, (ben oui, quand on n'est pas née, le temps n'a finalement pas d'importance, on sera mais on n'est pas encore).

"Tu liras matin et midi, soir et nuit. Tu liras en marchant, en mangeant et en allant aux toilettes, tu liras avec une torche électrique en te cachant sous ton lit, tu liras dans le bus, dans le train, et sur le siège de la voiture, si tu pouvais lire en dormant et en jouant au piano tu le ferais aussi."

Basel van der Kolk, psychologue néerlandais "dit que le trauma vous conduit à perdre toute motivation, donc tout affect, et vous paralyse. (...) Il dit que le but de l'émotion est la motion, le mouvement : nous rapprocher ou nous éloigner les uns des autres." Il dit que contrairement à la notion freudienne selon laquelle parler de son trauma aiderait à le surmonter (...) sont plus efficaces (...) la danse, le théâtre, le rolling et le yoga. Des trucs de corps".

"Oui les femmes devenaient barjos plus souvent que les hommes, mais certains hommes devenaient barjos aussi. le grand-père d'Alison, par exemple (fils de la dame qui hurlait à la lune). Totalement barjo.
Peut-être sa mère sorcière était elle-même devenue Barjo avant de venir au Canada, voire née barjo, et avait-elle transmis à son fils les gènes de sa barjoterie ? Peut-être as-tu hérité toi aussi, Dorrit, un peu de cette barjoterie de son arrière-arrière-grand-mère ? (Avoue-le : dans ton for intérieur, n'as-tu pas toujours eu un peu envie de hurler à la lune ?)"

Comme tous les autres livres de Nancy Huston lus jusqu'à présent (ça doit être mon 4e), j'ai vraiment beaucoup aimé. C'est original, intelligent, intellectuel certes, mais ça fait sens sans donner mal à la tête. On se laisse embarquer par sa prose avec un plaisir non dissimulé. J'ai beaucoup souri, signe d'une lecture réussie !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Deuxième lecture de Nancy Huston, après Lignes de faille. Et à nouveau, j'ai beuacoup aimé. Un livre intime et sensible, cependant à distance pour lui donner une large portée. L'histoire d'une gestation, c'est comment en l'auteur se forme quelque chose d'important ou d'accessoire, dont Nancy Huston nourrit ou feint de nourrir le foetus qu'elle deviendra plus tard. Façon peut-être de se tenir distance du déterminisme familial de l'écrivain. En décalé. En y prenant pourtant une part d'elle-même.
De Nancu Huston à l'Antigone de Bauchau, à aujourd'hui le premier homme de Camus, je poursuis mon parcours des écrivains à la recherche du père, de la fraternité ou d'une part d'eux-même.
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Nancy Huston s'adresse au foetus qu'elle fut et qui faillit ne pas naitre (avortement raté). Elle le nomme Dorrit et lui fait son autobiographie. Elle lui présente sa famille ouest canadienne, ses arrières grands parents, ses grands parents, sa mère qui abandonne tout doucement ses enfants, quand Dorrit a 10 ans, pour réussir des études. Elle révèle comment elle jonglera entre l'anglais, le français et l'allemand. L'enfance fait l'adulte que nous sommes, et l'enfance de Dorrit révèle la littérature de Nancy Huston.
J'aime beaucoup son écriture
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Récit autobiographique ou comment les traumatismes de l'enfance l'ont construite, elle, Nancy Huston, femme sensible, militante, écrivain. Se dédouble comme l'avait fait Sarraute dans Enfance s'adressant à un "tu" comme à un personnage de roman.
Livre émouvant qui permet de mieux comprendre son parcours, son oeuvre et rappelle la situation des femmes au milieu du XXème siècle.
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À travers le chemin de vie de Dorrit, Nancy Huston nous offre une sorte de bilan de sa vie au regard de la littérature, nous explique de quelle manière la littérature à façonner sa vie.
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Avec Bad girl, Nancy Huston nous fait pénétrer dans les méandres de son histoire personnelle. On suit en parallèle le développement du foetus qu'elle fut dans le ventre de sa mère, et la survenue au fil des ans de tous ces drames quotidiens (toutes ces classes de littérature, sous-titre du livre) qui firent d'elle un auteur. On entre avec elle dans les territoires de l'intime et de l'universel dans lesquels chacun peut trouver à se reconnaître. La plume de Nancy Huston est tout à la fois acérée et pleine d'empathie. Son écriture révèle la maturité d'un auteur capable de se retourner sur le chemin parcouru sans tomber dans le pathos, et nous fait nous retourner sur notre propre chemin.
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Etrange récit de souvenirs que celui de Nancy Huston dans BAD GIRL CLASSES DE LITTERATURE, qui dans un discours adressé au foetus qu'elle fut , déroule pour elle, par vagues successives, le fil de ce que sera son enfance de créature non désirée au sein d'un couple fragile . « Accroche-toi, petite Dorrit » prévient-elle l' embryon auquel elle a donné ce nom , ( allusion au personnage d'orpheline de Charles Dickens ?) , annonçant par là la vie difficile qui l'attend, racontée sans pathos ni gémissements .

BAD GIRL c'est ainsi qu'elle s'est sentie , quand sa mère a quitté le foyer en délaissant ses deux enfants, une expression déchirante qui traduit le sentiment de culpabilité de la petite fille qui , ne connaissant pas les motifs intérieurs du départ de sa mère, pense qu'elle l'a tellement déçue que celle –ci a fini par l'abandonner . « Bad girl, comment ne pas se sentir nulle quand votre mère vous quitte ?»

CLASSES DE LITTERATURE, parce que Nancy Huston y analyse les activités et des attitudes qui la sauvèrent , qui l'aidèrent à échapper à son destin d'enfant mal aimée, à transcender sa solitude intérieure, à se construire un univers de substitution, des activités qui deviendront le creuset d'où sortiront ses romans .

Ce sont d'abord, l'habitude , prise très jeune de se raconter des histoires, de se bâtir des scénarios, « tu te parleras à la troisième personne, transformant chacun de tes gestes en une scène et ta vie quotidienne en roman » puis celle de la lecture, « en silence et en secret, grâce à la lecture, des histoires se tissent dans ta tête » ; Il y aura aussi la pratique du piano, «ta classe de piano te sera classe de littérature… tu y acquerras le goût du travail minutieux, patient, maniaque » .

Elle tirera matière de sa beauté de petite fille jolie , puis de jeune femme libérée «  ta joliesse sera pour toi une classe de littérature », les attitudes et les propos des hommes qu'elle séduira alimenteront sa création littéraire « tu enregistres leur comportement, certaine de prendre un jour ta revanche en les transformant en personnages . Ecrivant , c'est toi qui auras le dessus, toi qui les manipuleras comme des marionnettes, toi qui décideras quand ils doivent l'ouvrir et la fermer »

Cet ouvrage plein d'émotion , qui traduit les angoisses secrètes de l'enfance, peut paraître au début déroutant par son procédé narratif et par son organisation, car la remontée des souvenirs, par fragments, s'accorde mal avec la rigueur du plan chronologique , mais il mérite qu'on le poursuive tant il est riche par la réflexion qui y est menée sur la famille, sur le rôle de la mère ou de ses substituts, et sur l'écriture comme moyen de résilience.

C'est aussi un ouvrage indispensable à la compréhension de la genèse et des thèmes récurrents de l'oeuvre abondante de Nancy Huston
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