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3,7

sur 453 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne sais plus par quel biais je suis arrivée à cette lecture et, si une personne me l'a conseillée, je la remercie vivement.
Dieu nous explique le lien qui unit Sean Farrell, poète et hôte de ce soir, à chaque invité. Ils seront douze ou treize si on compte Hal Junior. Cette histoire nous plonge dans les souvenirs de chacun, le plus souvent leurs blessures. On mange, on discute, on boit, on se rappelle... Et entre chaque chapitre, Dieu nous explique le sort qu'il réserve à l'un des convives. Ce dieu n'est pas très miséricordieux, on perçoit une forme de plaisir malsain à la façon dont il va reprendre la vie de certains. Une mort douce pour l'un et beaucoup plus cruelle pour l'autre.
Beaucoup de thèmes sont abordés (amour, désamour, divorce, viol, alcoolisme, perte d'enfant,...). Les thèmes sont douloureux mais la plume de Nancy Huston allège le ressenti. Elle relate un bout de vie de chacun à la manière d'une photographie, elle explique ce qu'elle voit mais ne juge pas.
J'ai vraiment apprécié cette lecture, le ton donné au repas. On dit sans dire en respectant chacun, en essayant de ne pas blesser. Beaucoup plus de non-dits que de réelles discussions sur le vécu des invités. En tant que lecteurs nous partageons davantage les pensées intimes de chacun plutôt que ce qui se passe réellement au cours du repas. Mais n'en est-il pas ainsi dans la vie lorsqu'on est invité à un repas à plusieurs, les discussions fusent et nous ne participons, le temps d'un moment, à aucune mais nous plongeons au fond de nos souvenirs ( certes pas aussi sombres...enfin, j'espère).
Petit bémol, beaucoup de personnages différents et quelques difficultés à s'y retrouver mais bon, tout le monde n'a pas la mémoire qui flanche. J'aurais volontiers fait l'impasse aussi sur la violence infligée à ce moineau. Ce passage est court ouf...
La vie n'est pas un long fleuve tranquille, ce livre nous le raconte bien.
Belle lecture!

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Douze convives sont réunis pour fêter Thanksgiving chez Sean Farrell. Il a invité des collègues romanciers et poêtes, d'anciennes maîtresses, son avocat, mais aussi le peintre de sa maison et son boulanger, ainsi que leurs conjoints respectifs.
Pourquoi avoir choisi de convier des personnes aussi différentes ? Il a ainsi voulu rassembler ceux de ses amis pour qui la solitude aurait ravivé de trop grandes blessures.
Parce que chacun d'eux porte en lui une souffrance qu'il comprend, Sean les aime tous et leur offre cette parenthèse de sérénité, puisqu'il ne croit plus à la joie.
Au cours de cette longue soirée, des préparatifs du repas jusqu'à la nuit qu'ils passeront ensemble à cause d'une tempête de neige, des propos seront échangés, révélant leurs désirs et leurs failles.
Qu'ils soient ambitieux ou blasés, jeunes mères de famille ou vieil homme au seuil de la mort, tous ces personnages nous touchent, tant leur fragilité affleure sous leur carapace de cynisme, de dureté, de froideur parfois.

Le narrateur de ce texte magnifique n'est autre que Dieu lui-même. C'est lui qui nous présentera chacun des protagonistes et surtout nous révèlera, chapitre après chapitre, les circonstances de leur mort future.

Ce roman est extrêmement fort, nous y sommes confrontés aux espoirs déçus, à la solitude, à des souffrances inimaginables chez des êtres ordinaires qui, par leurs introspections, leurs rêves, leur force face aux drames, nous donnent à voir en chacun un être d'exception. La « fatalité » de leur existence nous renvoie à la nôtre, chaque destin ne semblant finalement éclairé que par l'amour.
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Genial ! Brillant ! Dolce Agonia est un roman très original, au style poignant, dans lequel on plonge avec plaisir et qui laisse, même longtemps après la lecture, la porte ouverte à de nombreuses réflexions sur la vie, la mort et les relations humaines.

C'est Thanksgiving et douze personnes sont réunies pour l'occasion. Comme tout un chacun, ces douze convives ont une histoire, des pensées, des convictions, des souvenirs et des sentiments à la pelle, et le lecteur va pouvoir les découvrir tour à tour car face à cette étrange tablée, il est omniscient ! En effet, le narrateur de ce récit très particulier n'est autre que Dieu lui-même et il nous guide à travers les méandres de ces douze âmes en ne nous cachant rien de leurs vies, publiques et intimes, ni même de leurs morts...

C'est avec beaucoup de finesse et de sensibilité que Nancy Huston aborde le thème de la fragilité humaine. C'est un roman un peu triste, un peu noir, mais délicieusement doux et saisissant !
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C'est le soir de Thanksgiving. Douze personnages et demi se retrouvent pour l'occasion chez le poète Sean Farrell. le poète et alcoolique Sean Farrell. Ce sont les moindres des maux. Dépression, drogue, racisme, Apartheid, mort, inceste, prostitution, prison, maladie : la liste est encore bien plus longue. Et entre chaque chapitre, Dieu nous éclaire. Au fil des pages, il nous décrit par le menu comment il fera mourir successivement tous ces êtres.

Dit comme ça, on ne s'attend pas à un roman très optimiste. Certes. Mais il n'en est pas moins splendide (à mon avis) et, peut-être qu'il y a tout de même de l'espoir. Car la plume de Nancy Huston opère encore des miracles. C'est avec fascination que l'on suit les méandres de pensées et des sentiments – parfois fugaces mais pourtant prégnants – de ces douze adulte aux prises avec leur vie. Parenthèses à l'appui, l'auteur nous emmène et l'on oscille entre réalité et souvenir, présent et imaginaire. Les vies s'entremêlent et se scindent sous nos yeux attentifs. Violence et amour se jouxtent, et l'on ne sait pas toujours qui l'emportera. La mort sûrement…
Lien : http://auxlivresdemesruches...
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Je trouve la construction du livre comme souvent chez Nancy Huston très intéressante. Dieu d'en haut qui regarde ce petit monde d'amis réunis pour la dernière fois pour la fête de Thansgiving.
La neige donne a ce huit clos un côté conte. Des charmants personnages, tous différents,... un livre très original.
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Si l'annonce d'un Dieu narrateur m'avait légèrement refroidie en lisant le résumé du livre, ce fut finalement une très bonne surprise.

Ce récit au format atypique n'est jamais mièvre, teinté d'ironie juste comme il faut, et parvient dans la seule temporalité d'un repas de Thanksgiving, à nous rendre les personnages attachants. Une belle découverte, qui me donne envie de continuer à arpenter l'oeuvre de Nancy Huston.
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Avoir Dieu comme narrateur n'est pas commun. Mon cerveau regorgeant d'idées libertaires n'étant pas prêt à échanger avec ce personnage céleste m'aurait prié d'écarter cet objet littéraire qui par nature serait parcouru de clichés maintes fois rebattus, plats et encroûtés de niaiseries.
Quelle aurait été alors mon erreur !
En effet, qui d'autre qu'une entité omniprésente pourrait narrer la vie d'un groupe de personnes réunies lors d'un repas de Thanksgiving. Des personnages avec chacun un vécu et une destinée spécifique sur laquelle ils n'ont, bien entendu, aucune emprise. Car c'est là, l'originalité de ce Dieu, il contrôle tout et l'espèce qu'il a créé n'a aucun libre arbitre. le destin de ces milliards de personnes n'appartient qu'à lui, il en joue même avec une certaine perversité.

"Moi seul suis libre ! Chaque tour et détour de leur destin a été planifié d'avance par mes soins; je connais le but vers lequel ils se dirigent et le chemin qu'ils emprunteront pour y arriver."

Mais réduire ce roman à la volonté perverse d'un Dieu jouant avec sa propre création, serait une erreur de ma part. Ce n'est qu'une base solide utilisée par l'auteure pour nous faire vivre le déroulement d'une journée hors du commun dans la maison de Sean Farrell, l'instigateur de cette soirée de Thanksgiving. Car c'est bien lui qui a tout organisé, tout prévu... Mais il n'est pas Dieu, alors comment pourrait-il prévoir la tournure de cette soirée.
Sean poète, professeur de poésie, réunit des collègues, deux de ses anciennes amantes, des connaissances devenues des proches et leur conjoint. le temps d'une soirée où l'alcool exhorte les émotions et la musique adoucit autant qu'elle amplifie les souvenirs.

"Aucun amour ne remplira-t-il jamais l'entonnoir laissé dans ton âme par cet obus ?"

"Quand on souffre c'est vraiment 'Soi' qui est dans la douleur et non l'inverse"

Le déroulement de cette journée va nous cueillir petit à petit. D'abord, la lecture glisse lentement sur un petit cours d'eau, on ne s'ennuie pas pour autant, les personnages s'installent doucement afin que nous puissions concevoir chaque trait de caractère propre à chacun d'eux.
Puis ce cours d'eau va gonfler se transformer en une rivière à la sonorité mélancolique lorsque nous partageons les antécédents de la vie tragique de tout ce groupe de personnages. C'est alors que la rivière devient fleuve et déverse son flot de sentiments, de ressentiments aussi, les plus nostalgiques, les plus sombres avec avec toute l'ironie que l'on sait la vie capable de nous faire subir. Tout ceci pour finir en une cascade fatale dans un océan de douleur. Oui ! Car c'est bien de la mort de chacun d'entre eux dont il est question ici, je ne trahie pas l'intrigue en vous annonçant leur mort, car c'est le sujet de ce magnifique récit. Et puis qu'attendre de Dieu si ce n'est la mort. La mort hérité en punition. La mort rédemptrice, salvatrice. La mort punitive, vengeresse.

Attendons de lui un miracle. Il ne l'offrira pas. Ce n'est pas son genre. le Dieu de Nancy Huston ne fait pas dans la compassion.
Le miracle viendra de l'amitié de l'amour partagé par ce groupe d'amis.
On rit, on s'enivre, on se dispute, on divague, on se désapprouve, on sombre un peu, on se fait mal, on se souvient, on pleure, on compatit, on rêve...
... on s'aime.
Peu importe comment mais on s'aime et contre ça Dieu n'y peut rien, il a donc inventer la mort.

"Ah, mes chères fleurs. Boutons ou bourgeons, écloses ou fanées, toutes devront venir rejoindre leur créateur..."


Nancy Huston - Dolce Agonia
(Actes Sud - 2001)
Lien : https://al-seraphe.blogspot...
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Le meilleur de Nancy Huston !
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