Par où commencer pour parler de ce livre ?
Peut-être en disant que j'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure traite du sujet même si je n'ai pas forcément accroché à tout ce qu'elle peut évoquer. Je dois dire que l'idée générale et de nombreux propos m'ont fait réfléchir, parfois pour rejoindre son idée, parfois pour m'en faire une autre, mais qu'importe ; j'aime les livres qui donnent matière à réflexion.
Tout commence par une question qui a été posée à l'auteure « 𝘈̀ 𝘲𝘶𝘰𝘪 𝘤̧𝘢 𝘴𝘦𝘳𝘵 𝘥'𝘪𝘯𝘷𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦𝘴, 𝘢𝘭𝘰𝘳𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘢 𝘳𝘦́𝘢𝘭𝘪𝘵𝘦́ 𝘦𝘴𝘵 𝘥𝘦́𝘫𝘢̀ 𝘵𝘦𝘭𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘪𝘯𝘤𝘳𝘰𝘺𝘢𝘣𝘭𝘦 ? ». Et de là, découle une analyse de notre espèce, de notre monde, notre fonctionnement autant social qu'interne. C'est une remise en question de tout ce qui nous forge, et on réalise que presque rien n'est réel, au sens premier, que ce soit notre nom, notre nationalité, notre religion... Tout ça n'est réel que parce qu'on l'a décidé, mais en soit, rien n'existe.
Elle évoque parfois froidement des sujets difficiles, tel que les viols, les guerres et autres injustices, car elle n'en parle que pour illustrer ces propos. Elle va droit au but.
Je conçois que ça puisse déplaire et qu'on puisse ne pas être d'accord, il est difficile de remettre en question ses croyances, sa culture, admettre qu'une frontière définie par des personnes souvent mortes depuis longtemps ne nous différencie pas réellement de la personne qui se trouve de l'autre côté... À part nos fabulations.
Nancy Huston va relativement loin dans son expertise, remettant en question notre vision du couple, de notre façon de nous attacher à nos proches, et déclare malgré tout que toutes ces fabulations, toutes créations, inventions, sont réelles car on les fait "vivre", elle montre à quel point notre besoin de fiction et de création peut devenir importante et utile. Que c'est notre force, en tant qu'humain, d'avoir cette capacité créatrice.
Il ne tient qu'à nous d'en faire bon usage.