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sur 225 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Alors qu'elle anime un club de lecture à la prison de femmes de Fleury-Mérogis, une détenue pose à Nancy Huston cette question: "à quoi sert d'inventer des histoires quand la réalité est tellement incroyable?".
Une question qui fait naître chez la romancière une intense réflexion et la volonté de comprendre pourquoi la fiction est essentielle à l'homme et intrinsèquement liée à son existence. Car de tous temps, l'homme s'est raconté des histoires et de tous les animaux, il est le seul à vouloir donner un Sens à ce qui l'entoure. Pour cela, il n'a cessé d'utiliser la fiction...

Menant sa réflexion par des thèmes tels que le Sens, l'identité, le langage, la religion ou L Histoire, Nancy Huston démontre que l'homme a depuis toujours tissé sa vie comme un récit, un roman agrémenté de péripéties de la naissance jusqu'à la mort. Ainsi, les histoires, qu'elles soient religieuses, historiques, familiales...sont des étapes essentielles à notre développement et à la construction de notre identité.
Un essai de lecture facile, au ton personnel et enjoué qui rend hommage à la fiction dans sa fonction unificatrice, éthique, culturelle et vitale.
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L'espèce fabulatrice.

"A quoi ça sert d'inventer des histoires ?" C'est parce qu'à la prison de Fleury Mérogis une femme lui a posé cette question que Nancy Huston a écrit l'espèce fabulatrice. Elle creuse l'idée selon laquelle ce qui distingue l'homme de l'animal (jusqu'à ce jour) ce n'est ni le rire, ni les sentiments, ni l'empathie... mais la capacité à se raconter des histoires, à y croire, à se fédérer et à s'organiser autour de concepts abstraits. La religion, la nation, les idées politiques sont des récits, des fictions autour desquels se structurent les peuples.

L'idée première est que les humains, pour survivre, ont du donner du sens au réel, se doter d'un langage. "Aucun groupement humain n'a jamais été découvert circulant dans le réel à la manière des autres animaux : sans religion, sans tabou, sans rituel, sans généalogie, sans conte, sans magie... sans fictions". Ensuite sont déclinés tout ce qui concours à entourer l'homme de fiction, à l'éloigner en quelque sorte de sa nature animale : le prénom, le nom, la généalogie, sexe, religion, race, métier... tout se raconte telle une histoire. Fiction des récits historiques, des trames familiales, des cultures dans lesquelles nous sommes nés, des "fables intimes" : amour amitié.. mais aussi des guerres qui font des millions de morts pour des idées qui ne sont que ... des fictions. Prostitution, viol, mariage, oppression des femmes peuvent aussi être analysés sous cet angle.
Ainsi les humains par nature ont besoin de ces récits (religieux, mythiques, politiques) pour faire cohésion avec un groupe qui en les acceptant leur assure une protection et donne du sens à leur vie.
Il est dommage que de trop nombreux thèmes soient abordés uniquement à partir d'exemples ou de digressions personnelle.
La dernière partie de l'essai se consacre à la littérature . Ce que démontre Nancy Huston c'est que la littérature est aussi nécessaire à l'humain que les autres fictions qui l'aident à vivre. Nous "avalons" toute la journée des fictions qui sont parfois dangereuses ; "ce que l'art romanesque peut faire , en revanche, c'est nous donner un autre point de vue sur ces réalités. Nous aider à les mettre à distance, à les décortiquer, à en voir les ficelles, à en critiquer les fictions sous-jacentes".
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Je m'avoue assez déçu par ce dernier petit ouvrage de Nancy Huston (*). Elle a tellement écrit avec justesse et talent sur le travail de création de l'écrivain (il faut lire absolument son "Journal de la création") que je me régalais à l'avance de ce livre consacré à la place que tient la fiction dans nos vies d'humains. Oscillant entre livre historique, livre de philo, ou encore livre de morale, ce texte manque de cette vérité criante que j'aime retrouver dans les écrits de la romancière franco-canadienne. Choisissant d'écrire sous forme d'aphorismes très généraux, donnant à mon grand regret très peu d'exemples de ce qu'elle avance, N.H. tombe souvent à mon avis dans le raccourci simplificateur voire simpliste. Un exemple parmi quelques autres : "Comme le terrorisme n'est ni plus ni moins que le résultat de mauvaises fictions, ce que nos gouvernements devraient faire, au lieu de fabriquer toujours plus d'armements, c'est, dans les pays où il sévit, favoriser l'éducation, et promouvoir par tous les moyens possibles la traduction, la publication et la distribution des chefs d'oeuvre de la littérature mondiale." Nancy, je ne vous reconnais pas du tout dans cet exercice de café du commerce !

Mais, permettez-moi de trouver malgré tout des excuses à cette romancière qui m'est chère. Nancy Huston me fait toujours penser à un Don Quichotte qui, bravement se lance à l'assaut des moulins qui lui font de l'ombre. Même si je l'ai trouvée souvent plus inspirée, son plaidoyer pour le roman livre parfois de belles pages, comme celles où elle nous raconte le roman intitulé "Mister Pip" du néo-zélandais Lloyd Jones, un roman-hommage au pouvoir de la littérature qu'elle m'a donné envie de lire très vite ! Ah Nancy, si vous nous aviez parlé un peu plus de vos frissons de lectrice, votre essai en aurait gagné en vérité. La prochaine fois ?

(*) note de lecture rédigée le 6 Juillet 2008
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L'homme est une « espèce fabulatrice » : il est constitué intégralement d'histoire, de récit, et de fiction, et il ne cesse d'en créer de nouveaux et nouvelles. Telle est la thèse que l'auteure répète et pousse jusqu'au bout. Si le début du livre est plaisant du fait l'originalité et de son style, l'absolutisation de cette thèse frise parfois la provocation, en tout cas la carence de réflexion philosophique. « Tout est fictif » si l'on veut décliner ce livre avec les simplifications propres du XXe siècle (« Tout est sexuel », etc.). Si la thèse paraît juste, l'absolutisation la dessert. Si les identités narratives sont pertinentes, l'auteure s'en sert pour mettre rapidement et sans argument les histoires nationales, les mythes et les religions ! Sans distinction ! Tout est fictif, même la moindre méditation ou réflexion métaphysique ! Aucune vérité ne vient d'en dehors du cerveau humain, machine à créer des fictions dans lesquels il est lui-même prit.
Intéressant et décevant. Pertinent et limité.
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En ce moment, je suis au cégep, en seconde année, dans le programme de Littérature. Depuis ma première session, tous mes profs me parlent de cet essai, qu'ils considèrent tous comme un incontournable, un classique — limite une Bible de la Littérature.
J'ai fini par avoir un prof qui nous l'a mis dans les lectures obligatoires. Et je l'ai lu.
Mon avis? "Bof".
Bien écrit, bien expliqué, pas complexe, facile à comprendre... Mais honnêtement, je n'ai pas eu l'illumination que tous m'ont prédit. le contenu était pour moi du réchauffé. Peut-être parce que je travailles beaucoup avec la fantasy, donc avec la création d'univers plus ou moins étendus.
Dans tous les cas, c'est un bon livre. Mais pas de quoi à fouetter un cheval, pour faire court.
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De mon point de vue, Nancy Huston est une excellente romancière. Aussi, quand j'ai vu paraître cet essai, l'envie m'a pris de voir comment elle allait s'en tirer dans un type d'écrit dont elle n'est pas coutumière…
A juste titre, Nancy Huston rappelle des évidences, à savoir que l'humanité est la seule espèce capable de fabulations, et cela du fait qu'elle maîtrise le langage élaboré.
Depuis la nuit des temps, les chamanes et sorciers en tous genres élaborent des théories pour expliquer le monde et introduisent une dimension sacrée à ce qui nous entoure. L'histoire humaine est l'ensemble des histoires que l'homme se raconte, verbalement d'abord, puis de façon écrite ensuite. C'est aussi le point de départ des religions, fabulations ultimes pour expliquer le monde et le rendre supportable…
Par le langage, par les histoires contées, l'homme a la main mise sur le passé, le présent et le futur. Aucune autre espèce n'a ce pouvoir sur Terre… C'est une façon de maintenir la mémoire collective en éveil et entretenir sa faculté de projection dans l'avenir.
Cela s'appelle aussi la conscience. Conscience d'être né, de vivre, et certitude de mourir un jour. L'Homme a conscience de son état et de son passage temporaire en ce monde. Cette chance et cette malédiction tout à la fois permettent de donner du Sens à notre existence mais aussi d'en comprendre la futilité et la fragilité.
Ainsi, l'humanité se construit sur des fictions racontées puis écrites, institutionnelles ou futiles… le roman participe de ce mouvement d'ensemble. Il réécrit à l'envi les grandes interrogations de l'humanité, la vie, la mort, le temps qui passe, le futur qui nous attend…
Nancy Huston, obnubilée par son désir d'inscrire la part importante du roman dans ce phénomène unique qu'elle nomme fiction humaine, omet juste de souligner le caractère fortement symbolique que permettent le langage et les conséquences de celui-ci. Mais c'est oeuvre de philosophe et Nancy Huston n'a pas cette prétention dans cet essai.
En définitive, ce texte se lit avec plaisir. Certes, il y a des vérités déjà mille fois répétées ailleurs, mais le ton teinté d'impertinence rend l'ouvrage agréable et novateur.
Nancy reste fidèle à elle-même, joyeuse et vraie, authentique et sincère, autant de qualités qui ont fait sa célébrité. Certains critiques mettent l'accent sur le côté un peu décousu de son propos. J'admets que Nancy Huston manque parfois de rigueur, mais c'est certainement dû au fait qu'elle ne livre pas un traité philosophique sur le sujet mais plutôt qu'elle ouvre un dialogue avec son lecteur, dialogue qu'elle maintient avec d'autres et qui n'en est que le prolongement !

Michelangelo 2015

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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