Une adoration

J'avais été un peu déçu par le précédent livre de Nancy Huston, Dolce Agonia, que j'avais trouvé un peu trop consensuel. Avec celui-ci Nancy Huston retrouve son formidable talent de conteuse iconoclaste (L'empreinte de l'ange, Instruments des ténèbres, etc.) et nous entraine dans le Berry sur la trace d'un comédien-magicien Cosmo et nous fait littéralement vivre la vie des gens qui l'entourent, pour le meilleur et quelque fois pour le pire. Encore une fois chez Nancy Huston, aucune concession n'est de mise. Ce qui doit être dit ou fait sera dit et fait. Et magnifiquement retranscrit par la romancière.

(note de lecture rédigée en 2004)

Une salle d'audience improvisée, un procès sur plusieurs jours, des témoins aussi surprenants et saugrenus les uns que les autres... Et pour seul juge : le lecteur.
J'ai aimé, beaucoup aimé même, cet humour noir, cette dérision, cet amour, cette haine, cette adoration. Un style original et agréable.

Cosmo le célèbre comédien n'est plus! Il a été assassiné! Mais par qui? Cette question est loin d'être la plus importante même si elle semble être le but de la discussion qui nous réunit nous lecteurs et personnages qui l'ont connus. La vraie question est plutôt de savoir qui était réellement Cosmo et s'il méritait vraiment toute cette "adoration".
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Un livre qui résume très bien la vision de Nancy Huston sur le monde , si tenté qu'un résumé soit possible.
Une construction du récit originale avec toujours autant de revirements de situations. Mieux vaut avoir lu d'autres livres de l'auteur avant pour mieux apprécier ce livre.

Découverte par le biais de ce livre de l'auteur Nancy Huston. Ce roman qui se présente davantage sous la forme d'une pièce de théâtre retrace les 13 jours d'un procès fictif afin de comprendre le meurtre d'un comédien de renom, Cosmo.
Les nombreux personnages présents (la maîtresse Elke, ses enfants Frank et Fiona et tant d'autres) et certains objets/lieux (le lac, le couteau...) nous permettent de comprendre peu à peu le personnage central. J'ai bien aimé les interventions de la romancière qui joue avec les fils de la construction narrative afin de rendre moins lourde la lecture et certains personnages secondaires sont particulièrement bien travaillés (Fiona, Latifa)
Cependant, deux éléments ne m'ont pas permis de rentrer pleinement dans cette histoire : le personnage central de Cosmo ne m'a absolument pas touché, donnant l'impression d'être un pantin désincarné et factice et la "tonalité" théâtrale fait perdre tout aspect dramatique.
Une Adoration est finalement surprenant par sa forme mais aurait peut-être mérité d'être davantage condensé pour me toucher vraiment.

Ce que j'aime avec Nancy Huston, c'est que lorsque je commence un de ses romans, je ne sais jamais vraiment à quoi m'attendre.
La seule chose dont je suis sûre, c'est qu'il y a peu de risques pour que je sois déçue. Chacun de ses livres est différent, et possède un charme et un intérêt particulier, de la vertigineuse mise en abyme de son "Instrument des ténèbres" au compte à rebours narratif de "Lignes de faille", en passant par le long et émouvant monologue-hommage de "Cantique des plaines"...

Dans "Une adoration", elle a choisi de faire s'exprimer ses personnages comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre. Sauf qu'il n'y a ni scènes ni actes, et pas de décor non plus. Seulement la voix des divers protagonistes qui s'expriment, dans le cadre d'une sorte d'audition, suite au meurtre du célèbre comédien Cosmo. Nous "entendons" Elke, sa maîtresse, et les enfants de celle-ci, Franck et Fiona, ses parents, André et Josette, et aussi des témoins plus étranges, tels Don Juan, un étang, une baguette de pain... la romancière elle-même intervient comme un personnage. Tous s'adressent à celui qu'ils appellent "Votre honneur", juge chargé de recueillir les témoignages, et que l'on devine être le lecteur...

Les dépositions sont aussi l'occasion, au-delà des circonstances qui ont conduit au meurtre de Cosmo, de dépeindre l'existence sur plusieurs décennies d'un petit village où tout le monde se connaît, où l'on est considéré comme un étranger dès lors que l'on vient ne serait-ce que de la ville voisine, où la lâcheté, l'étroitesse d'esprit et la suspicion font le malheur de ceux qui osent sortir des sentiers battus, et n'adhèrent pas au "bon sens paysan" qui interdit toute manifestation de joie ou d'émotion.
Tout au long du roman, Nancy Huston joue avec la notion de relativité du réel, dont Elke est la principale porte-parole. Souvent elle insiste sur le fait que les événements, voire les individus, acquièrent en partie leur réalité grâce au regard qu'on leur accorde ou à la mémoire qu'ils ont inscrit en nous. Tout comme la tangibilité de l'oeuvre littéraire dépend de l'attention que lui porte le lecteur : "sans juge, pas d'audition"...

Et à l'inverse, l'écrivain, par le pouvoir d'évocation des mots, peut donner l'impression de rendre la fiction réelle : ce qui est mis en parole devient existant. Et pour symboliser cette idée, Nancy Huston utilise un procédé assez original : à certains moments, elle fait comme si ses personnages avaient une vie propre, et la possibilité de s'exprimer de leur propre chef... malgré tout, ils restent enfermés dans le rôle qui leur est dévolu, même s'ils s'en plaignent parfois ! Une contradiction qui m'a fait penser aux tragédies grecques dans lesquelles les héros n'ont d'autre choix que de suivre leur destin, tout en restant libres de le déplorer...

Ce qui, en tout cas, est bien réel, c'est le plaisir que j'ai pris à cette lecture... et le fait qu'une fois de plus, Nancy Huston démontre qu'elle est une auteure de talent !

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Je ne connaissais pas l'auteure.
J'ai trouvé ce roman très original.
J'ai été captivée malgré quelques longueurs.

pour élucider la mort du comédien Cosmo, plusieurs personnages se retrouvent devant un juge et témoignent: Elke, amoureuse de lui depuis de nombreuses années mais qu'il a trompée avec de nombreuses femmes, ses enfants, Franck, très hostile au "clown fornicateur", et Fiona, séduite mais qui suit aveuglément son frère, mais aussi les parents de Cosmo et de nombreuses autres personnes du village. Nous est relatée la rencontre d'Elke, simple serveuse et du grand comédien, l'histoire de chaque personnage, l'évolution des enfants. Cosmo apparait à identités multiples, comme son métier d'acteur le suggère, insaisissable même par ses proches. D'autres "personnages" viennent témoigner, animaux, lieux ou objets. Grâce à la contribution de chacun, cette étrange enquête avance.
Nancy Huston excelle pour entrer dans la tête de ses personnages et donner de multiples points de vue; toujours une construction très maitrisée et le tragique mêlé à l'humour noir.

Avec ce livre, le lecteur se retrouve juge d'un étrange procès : si le résumé de la trame pourrait être très court - il s'agit de savoir par qui Cosmo a été tué, et pourquoi - la forme est si particulière qu'il devient difficile d'en parler… Les personnages sont des témoins cités à la barre et ils s'adressent très directement à nous qui sommes en train de lire pour lui parler de la victime, des rapports qu'ils entretenaient avec lui. Tout plein de personnages, au sens large : Elke (sa maîtresse), Josette (sa mère, qui ne cesse de l'appeler « Philippe »), les enfants de Elke, un tas de gens qu'il a croisés tout au long de sa vie, un expert-psychiatre, mais aussi le couteau qui a servi pour le meurtre ou encore la glycine au-dessus de la fenêtre de la chambre de Elke. Les interventions des uns et des autres semblent totalement anarchiques et décousues, par conséquent la chronologie aussi. Il me faut vous avertir : il ne faut pas avoir peur des digressions pour se plonger dans cette histoire ! Mais si vous vous laissez prendre au jeu, vous vivrez au travers de l'écriture envoûtante et de la narration subjugante de Nancy Huston un vrai beau moment de littérature, quand la lecture nous donne l'impression que les personnages sont réels et qu'on les côtoie un moment, qu'ils résonnent en nous et que nous résonnons en eux.

J'adore cette auteure, mais ce roman ne m'a pas emballée, impossible d'accrocher au sujet.
Sa construction originale était tentante, elle s'avère finalement trop hors normes pour moi...serais-je trop rigide ?!