AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 16160 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les partiels défilent et je m'empresse de les terminer pour retourner à mes lectures. Ça tombe bien, au menu, il y a le meilleur des mondes. Une amie que j'ai eue au téléphone et qui a le double de mon QI (en même temps, me diriez-vous, c'est pas difficile) m'en a fait les éloges : « C'est encore mieux que 1984 ! ». Et je ne suis pas loin d'être de son avis : tout aussi noir et jusqu'au-boutiste, mais beaucoup plus futuriste et ambigu, le meilleur des mondes est un ouvrage baroque qui n'a pas fini de poser des questions ; mais à l'austérité de l'Angsoc s'oppose ici l'hédonisme des Alphas-Plus.

Car tout va pour le mieux…

Dans un futur relativement éloigné issu des dérives aussi bien du communisme que du capitalisme, les gens ne vivent plus que pour la société : société pour laquelle ils consomment tous ses produits afin d'augmenter ses richesses, société dont ils suivent les principes sans jamais les remettre en question, société qui les conditionne dès leur procréation. La famille est abolie, les foetus grandissent en utérus artificiels, et les gens sont génétiquement programmés pour être beaux et intelligents s'ils sont Alphas (traduisez bourgeois), bêtes et moches s'ils sont Epsilons (traduisez étudiants prolétaires). Personne ne regrette d'appartenir à sa caste, et quand bien même ce serait le cas, n'importe qui pourrait se consoler autant qu'il veut dans la consommation d'objets, de sexe ou de drogue ; car après tout, nous sommes dans le meilleur des mondes, non ?
Dans le système totalitaire imaginé par Huxley, l'individu suit un conditionnement en permanence ; il n'est libre d'aucun choix, car on choisit ce qu'on lui fait aimer ou détester en fonction de son échelon social, sans jamais laisser de place au hasard. Il est impossible de s'émanciper de la caste qu'on vous attribue, non seulement à cause de la pression politique et psychologique, mais parce que le désir de se conformer à l'ordre établi est inscrit dans vos gènes.
Ce qui a tellement défrayé la chronique, c'est que l'auteur a retourné le concept d'utopie utilitariste en poussant sa logique jusqu'au bout. Il s'agit d'une société où chacun est programmé pour obtenir un épanouissement maximal. Pourtant, nous nous révulsons à l'idée de cette société : que pouvons-nous dire d'un bourrage de crâne permanent, d'une manipulation constante qui ne laisse aucune place à la fantaisie ou à la liberté ? Pouvons-nous accepter que pour des raisons eugéniques, certaines personnes possèdent une meilleure intelligence que d'autres, et soient donc plus aptes à nous diriger que nous-même ?
Le livre semble alors un plaidoyer pour le libéralisme, pas spécialement au sens où nous l'entendons nous les français, un système prônant l'émancipation de l'individu par le capitalisme, mais au sens plus large, soit ce qui s'oppose à l'autoritarisme. Mais désirerions-nous abandonner le progrès de la science pour aboutir à une société où les rôles sociaux seraient distribués aléatoirement ? Que choisirions-nous entre le bonheur et la liberté ? le livre se pose ainsi comme un formidable vivier de réflexions éthiques, que va devoir essayer de trancher Le Sauvage, l'un des derniers humains à avoir été procréé naturellement. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, il est cultivé voire érudit, initié au christianisme, et porte des idéaux plus nobles et compréhensibles que la civilisation qu'il découvre. Évidemment, tout va finir très mal.

Quelques petits défauts tout de même…

Le meilleur des mondes s'avère donc un ouvrage prévenant autant des dérives futures de la technologie qu'il questionne nos idéaux actuels, le tout avec lyrisme et nombre d'hommages aussi bien aux cultures sudaméricaines qu'aux grands écrivains anglais. Un ou deux détails m'ont fait tiquer malgré tout : le mélange communisme / capitalisme semble franchement incongru, et ça se sent sur certains points, comme une société basée sur la consommation où pourtant les gens auraient des noms comme Lenina ou Polly Trotsky… Ce qui aurait eu une chance passer si au moins ç'avait été plus subtil.
Dans l'avant-garde du XXe siècle, il faut aussi dire que l'on posait souvent la question de la sexualité de l'enfant, ce qui débouchait parfois sur l'idée que celui-ci pouvait éprouver du plaisir avant la puberté (ce qui constitue encore maintenant une excuse pour les pédophiles de tout poil). Je ne vais pas m'improviser en sexologue amateur, mais il me semble quand même hasardeux de bâtir une société séculaire éveillant les enfants aux, hum… choses de la vie dès 7-8 ans. D'autres théories développées dans le livre se sont révélées invalides, comme l'hypnopédie par exemple.
Enfin, certains effets sont efficaces à petite dose, à forte, moins : on pensera au « montage alterné » changeant sans cesse de point de vue à la fin de la présentation de l'univers pour perdre totalement le lecteur, un tourbillon fascinant pour ne pas dire proto-psychédélique mais à mon avis bien trop long ; ou encore aux répliques de Shakespeare, qui deviennent à la fin du livre presque systématiques.

Conclusion

Malgré quelques petits défauts, sans doute pour certains subjectifs, le meilleur des mondes reste un roman fascinant, n'ayant quasiment pas pris une ride et qui s'avère un indispensable dans le style « utopie ambigüe ». À noter que l'auteur a écrit un essai où il développe les thématiques plus en détail, Retour au meilleur des mondes, qu'il faudra bien que je lise un jour, puisqu'après tout, c'est pour ma culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
Commenter  J’apprécie          260
Ce livre est toujours d'un actualité parfois assez malaisante. Ce livre est polyphonique à un certain degré, c'était une bonne façon de decouvrir cette société. Selon moi le personnage le plus intéressant était Lenina. Elle nous fait nous poser des questions sur la liberté des femme et la maternité. J'ai beaucoup aimé les références à Shakespeare. le seul problème :Je n'ai pas trop compris l'intérêt de cette fin.
Mais en conclusion: Un livre à lire !
Commenter  J’apprécie          60
Excellent, une description du futur si proche et tellement imprévisible mais finalement en 2021 si prévisible ;-)
Je l'ai lu, il y a quelques années, j'étais jeune et ce livre m'a vraiment marqué , je me disait ce n'est pas possible on ne peut pas arriver à un monde tel qu'il le décrit .... Aujourd'hui 30 ans plus tard... je réalise à quel point tout est possible dans ce monde en folie !
Commenter  J’apprécie          00
Une projection de ce que deviendra l'Humanité quand Dieu aura définitivement été sacrifié sur l'autel du Progrès. Conditionnement pavlovien et transhumanisme oeuvrent pour le bonheur artificiel et la stabilité sociale, libérant ainsi l'individu des souffrances terrestres mais le vidant aussi de sa subjectivité. Un monde prométhéen affranchi de Dieu et laissant un vide intérieur insondable. Décidément, le meilleur des mondes ne peut être humain.
Commenter  J’apprécie          10
Je me suis mis en tête cette année de lire quelques classiques tels que le meilleur des mondes, Soleil Vert, 1984, Fahrenheit 451etc ... Et j'ai donc commencé par ce roman d'Aldous Huxley.
J'avais quelques a priori, je pensais ne pas y arriver, je pensais que la lecture allait être pesante du fait de l'âge du livre. En fait, non, cela se lit plutôt bien, et c'est incroyablement moderne pour un bouquin écrit en 1931.
Le livre commence par une longue partie de description de ce monde qui peut s'avérer un peu rébarbative mais qui est utile pour bien poser les bases et comprendre les règles qui régissent cette société. Puis l'histoire prend le dessus avec deux ou trois personnages très intéressants et complexes qui cherchent à comprendre (ou pas) le pourquoi de ce monde.
Le dialogue final entre l'Administrateur, Bernard, Helmholtz et John conclue très bien cette utopie et résume les différents axes de pensée.
Je vais terminer en citant l'auteur : "Il semble que l'Utopie soit beaucoup plus proche de nous que quiconque ne l'eût pu imaginer."


Commenter  J’apprécie          201
Quel curieux petit roman ! Je connaissais cette histoire sans l'avoir jamais lu mais la découvrir m'a permis de pouvoir apprécier ce bijou d'anticipation.
Je l'ai écouté en version audio et le lecteur a une petite voix aigue qui ajoute une touche de folie à l'histoire. On a l'impression d'être dans un monde hallucinée et hallucinant dont la vision mettra du temps à disparaitre de la mémoire (et, peut-être, y restera gravée).
Commenter  J’apprécie          00
J'ai adoré ce roman qui est d'ailleurs ma toute première dystopie. J'ai longtemps hésité avant de me lancer dans ce style de roman, et je ne suis pas déçue.

Le livre est bien écrit, pas très long (voir trop court) et est super pour une introduction aux style dystopique. Je vais d'ailleurs me lancer dans 1984 que j'ai toujours hésité à lire.
Commenter  J’apprécie          10
Aseptisé.
Une société aseptisée et déshumanisée, qui ne craint que le désordre et qui sacrifie tout à la stabilité. Contrôler les humains, du tout début à la toute fin. En faire des adaptables. En tout lieux et en tout point.
L'humain envisagé comme un outil à une fonction, un blason d'un caste. L'humain ravalé au rang de marionnettes, de consommateur. Tu consommes, donc tu es, tu existes, tu accèdes au Bonheur.
Commenter  J’apprécie          41
J'éprouve une certaine fascination pour ce roman mais également un étrange sentiment de malaise.
Ce roman nous plonge dans un univers où chacun est conditionné bien avant sa naissance. Chacun est prédéfini à une caste. Allant même jusqu'à, plus tard, porter des habits d'une certaine couleur et avoir des avis bien définis sur telle tâche et tel individu pour parfaire ce conditionnement extrême.
Personne n'a de famille, de parent. Un bon nombre d'individus sont identiques physiquement. Et j'en passe.
Cette histoire est dérangeante. Je l'ai parfois trouvée assez désagréable à lire.
Mais cela veut bien dire que l'auteur a réussi son oeuvre... Roman dystopique finalement bien proche de ce que l'avenir nous réserve, je n'en ai que peu de doute. Sinon, pourquoi être gênée en lisant ces lignes ?
En somme, ce roman m'a fascinée autant que dérangée. Mais au final, la fascination l'a remporté car j'ai trouvé la plume de l'auteur d'une grande justesse, poussant la perversion de cette dystopie bien loin, mais cela peut aussi amener à une prise de conscience de notre société actuelle.
Bien bel ouvrage des années 30.
Commenter  J’apprécie          120
Dystopie ou fausse utopie ? Anticipation ou science-fiction ? Peut-on réprouver une société fondée sur le bonheur, où les hommes sont conditionnés pour être toujours pleinement satisfaits de leur condition, où tout et tous sont optimisés au maximum, où la maladie, la vieillesse n'existent pas, et où, même mort, on continue à servir la communauté?
Mais tout cela a un prix : des castes imperméables, des hommes physiquement et psychiquement normalisés par la science, l'harmonie collective garantie par la consommation d'une drogue institutionnelle, pas de culture, pas de passé; l'immutabilité pour seul horizon.
Huxley nous pose un dilemme : le confort ou la liberté ?
Il nous invite à réfléchir à l'eugénisme, au transhumanisme, à tous ces régimes qui privilégient la stabilité du système à la liberté individuelle: communisme, libéralisme, consumérisme...
Les personnages sont synthétiques et antipathiques, impossible de s'y attacher et c'est voulu. Pas d'amour, pas d'amitié, pas de haine... un peu de jalousie mais si peu.
Le héros ne peut être qu'un Sauvage, héros tragique ( au sens racinien) qui préfère la vraie souffrance à un bonheur artificiel, qui veut ouvrir les yeux des Civilisés et se heurte à l'incompréhension et aux moqueries.
Huxley dénonce une dictature pernicieuse et magistralement incarnée par le (magnifique) Mustafa Meunier. Difficile de se rebeller contre la félicité et l'opulence sans fin : piège terrible et inextricable !
On sourit de personnages conditionnés qui préfèrent avoir qu'être, qui fuient la laideur, le malheur... Mais que faisons-nous, nous, ici, aujourd'hui ?
C'est notre paresse et notre penchant naturel pour la facilité que l'auteur interroge : comment se libérer du joug de nous-mêmes, de notre confort? La liberté garantit-elle le bonheur? Est-elle souhaitable ? La liberté ne reste-t-elle pas un fantasme qu'il ne faut surtout pas réaliser de peur d'être déçu?
Des problématiques qui interpellent notre Raison et notre Passion et auxquelles chacun répondra selon ses propres valeurs.
Dans notre société libérale, bourgeoise et confortable, à lire et à méditer.
Commenter  J’apprécie          162




Lecteurs (55379) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ le meilleur des mondes

Comment s'appelle le procédé utilisé pour créer les bébés ?

bogdanov
bokanovsky
baklo
baki

13 questions
54 lecteurs ont répondu
Thème : Le meilleur des mondes de Aldous HuxleyCréer un quiz sur ce livre

{* *}