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sur 457 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Durtal regarde Là-bas, du côté du satanisme, des messes noires, des succubes et des incubes, comme s'il regardait Là-haut, avec le besoin de faire cheminer son âme n'importe où, tant qu'elle ne reste pas sur le plancher des vaches.


Quatre ans après l'écriture de ce roman, Huysmans se convertit au catholicisme. La conversion murissait sans doute depuis quelques années, mais on ne s'en doute qu'à moitié lorsqu'on lit Là-bas. En effet, on ne peut pas dire que ce soit le roman de la foi absolue, sûre d'elle et bien déterminée. Bien sûr, Durtal, excédé par des conversations qui ne résolvent rien, exalté par des monomaniaques d'une pensée, avec qui il fait toutefois bonne ripaille, rendu presque fou par cette Hyacinthe qui le confronte de force à son instinct charnel, allant jusqu'à se sentir des pulsions meurtrières qu'inspire peut-être son sujet d'étude Gilles de Rais, Durtal finit par gueuler, en guise de conclusion : « Puisque tout est soutenable et que rien n'est certain, va pour le succubat ! ». Mais Durtal aurait très bien pu autant s'en remettre à l'esprit scientifique, et se déclarer Charcot ou Curie. Voilà ce qui arrive à ceux qui se palpent trop de la cervelle, à comparer toutes les formes de vie, à emmagasiner les connaissances, voilà ce qui arrive à ceux qui ont trop de vie en eux, trop de curiosité et une tendance passionnelle indomptable : ils finissent par dire oui à tout et lorsque ce n'est plus possible, ils se positionnent sur un coup de tête, à la suite d'une conjonction d'événements favorables : un entourage du même bord, des repas échauffants, un sujet d'étude stimulant.


Durtal et ses copains font un peu penser à Bouvard et Pécuchet en version sombre, attirés seulement par le côté ésotérique des connaissances. Et ce qui est excitant là-dedans, c'est de sentir qu'on franchit des limites qui ne sont pas ouvertes à tout le monde. Il y a beaucoup d'élitisme dans cette attitude, même si les instincts les plus classiques du monde interviennent en silence. Pas la peine de se vanter en invoquant une tendance à la haute spiritualité, Huysmans se montre ici beaucoup plus enjoué que dans A rebours. On sent que ça fait du bien à tout le monde de sortir de chez soi, quitte à fréquenter les messes noires : au moins, il s'y passe quelque chose, et de l'ennui passif, on passe à l'ennui actif. Peu à peu, Durtal arrive à se convaincre de la réalité de phénomènes sur lesquels il se montrait sceptique à l'abord, comme tous ses confrères occultistes, comme tous ses adversaires scientifiques, la ridicule opposition existant entre les tenants de ces deux partis faisant aussi partie du jeu de la croyance. Oui, oui, tout le monde s'amuse, de tous temps et en tous lieux, et comme qui dirait : « Ils feront, comme leurs pères, comme leurs mères […] ; ils s'empliront les tripes et ils se vidangeront l'âme par le bas-ventre ! », ce n'est pas prêt de s'arrêter. Avec Là-bas, Huysmans raconte un peu le côté joyeux et bouffon de la conversion, pas la peine de s'en faire un fromage, mieux vaut encore le dévorer tout entier tant qu'il est encore frais.
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Oeuvre originale, «Là-bas» nous présente différentes facettes du satanisme du moyen-âge, depuis Gilles de Rais jusqu'à nos jours; les croyances les pratiques; ceci avec moult détails.
Le style est très littéraire mais le vocabulaire, un tantinet trop riche et ardu.
Le début du roman livre des réflexions sur le positivisme et une brillante description d'une oeuvre de l'art chrétien ( crucifixion de Mathaeus Grünenwald ) qui m'a vraiment enthousiasmé.
L'approche de l'occultisme et du satanisme a du, effectivement, scandaliser les lecteurs du XIXème siècle. de nos jours elle ne fait que reprendre avec des détails presque encore choquants des faits que les médias nous ont présentés quelque fois.
Finalement, les détails se référant souvent à une culture qui était, au siècle dernier, plus empreinte de catholicisme, nous perdent, aujourd'hui dans des précisions sans significations.
Bref, ce roman a sans doute un peu souffert de son vieillissement pour perdre son coté provocateur et scandaleux, mais il a gardé toute sa beauté descriptive et stylistique, voire même encore un tantinet surprenante.
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Dans Là-bas, le personnage principal est l'écrivain Durtal (alter ego de Huysmans), médiocre auteur parisien, qui mène une enquête sur Gilles de Rais qui fut accusé, au XVe siècle, d'avoir violé et torturé des dizaines d'enfants.
L'existence morne et bien réglée de l'écrivain va être dérangée par l'arrivée d'une lettre qui apprend à Durtal qu'une admiratrice anonyme souhaiterait le rencontrer. Cette lectrice, Hyacinthe Chantelouve, ne tarde pas à s'éprendre de l'écrivain et à devenir sa maîtresse. Fidèle de Satan, elle lui apprend que des messes noires continuent à être célébrées à Paris. Durtal s'initie alors au satanisme, s'entretient avec ses amis d'occultisme, d'astrologie, de spiritisme et de magie.
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J'ai eu l'impression que l'auteur voulait choquer la lectrice honnête et bourgeoise. Car tout y passe : des scènes d'orgie, des viols et des meurtres d'enfants, des relations pédophiles, de la possession satanique... Il est vrai comme le dit Durtal lui-même que sa relation adultère n'est que purement banale à côté de toutes ces horreurs.
Et en réalité, je n'ai pas vu forcément l'intérêt de rassembler à la fois ce récit de la fin du Moyen-Âge sur Gilles de Rais, et la description de pratiques occultes et satanistes dans le Paris contemporain. Certes, il y a un lien pour établir un fil rouge, puisque Durtal écrit un roman sur Gilles de Rais, ou, en tout cas, rassemble des notes, mais cela semble plus à prétexte.
J'ai eu un problème de rythme, le roman étant surtout fait de longs discours ou exposés d'un personnage à d'autres, qui ne sont souvent que des auditeurs. Oui, les personnages sont peu développés et approfondis pour qu'on s'intéresse vraiment à eux, comme le médecin ami de Durtal, qui n'est là que pour l'introduire auprès d'autres personnages. Ce sont les petites scènes du quotidien qui m'ont le plus intéressées, lorsque Durtal joue avec son chat, apprête son appartement pour recevoir son amante en soignant l'éclairage et en choississant des douceurs. On mange beaucoup dans ce roman, la gourmandise apparaît comme un pêché léger et agréable, sans les graves conséquences de la luxure et de l'envie telles qu'elles sont présentées : une salade fraîche, un verre de cidre fermier venu directement de Bretagne, un pot-au-feu mijoté. C'est le couple du sonneur de cloches qui permet ce rafraîchissement de l'esprit avec des bonheurs simples, tranchant avec l'atmosphère du reste du roman.
Cet esprit fin de siècle n'est clairement pas ce que je préfère lire, avec ces personnages qui rejettent et méprisent l'époque dans laquelle ils vivent, de la Tour Eiffel, « ce chandelier creux », à la foule qualifiée de « populace mal nourrie, trop désaltérée et en armes », et à la Commune, un « engagement irraisonné et des haines tumultuaires et sans cause ».
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Bienvenue dans un monde sombre & ésotérique. Là-bas entraîne le lecteur dans un dédale sinistre, entre compte-rendus sataniste, élan amoureux, biographie, reportage religieux, le tout entrecoupé de bons petits repas alléchants. Une oeuvre littéraire étrange, auvec un vocabulaire vieux français qui déroute, amuse, énerve. On ne comprend pas tout, on ne cherche pas non plus à tout comprendre pour laisser une place de mystère dans cette abysse ténébreuse. Avec ses exemples scandaleux & sinistres, ce roman paru en 1891 a dû dérouter plus d'un lecteur. le roman souffre de dialogues qui ont tout d'une dissertation sur le satanisme. le rapport charnel du héros avec une jeune femme fait sourire & lever les yeux au ciel tant tout semble si exagéré (surtout la vision de la jeune femme qui semble totalement bipolaire) on se laisse porter par cette vieille plume. Néamoins, ce n'est pas le choc attendu. Intrigant.
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On lit Huysmans pour apprendre la langue française. C'est un professeur d'écriture. On ne lit pas Huysmans pour le sujet mais pour l'écriture elle-même. D'accord, le thème ici est super scabreux, mais l'ouvrage dépasse le thème du satanisme. C'est une réflexion plus large sur les notions de démesure et d'excès (comment dépasser l'envahissement de la médiocrité ?). Cela apporte aussi un éclairage intéressant sur le rapport troublant de complémentarité entre tradition (religieuse) et contre-tradition (démoniaque). D'accord c'est un peu spécial, mais cela vaut vraiment le coup.
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Le fantastique par excellence. Un délicieux goût de blasphème avant que l'auteur devienne dévot.
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Il est difficile de passer outre les descriptions des tortures et viols pour apprécier la lecture de Là-Bas. Et pourtant, on finit par y parvenir. Ce n'est pas un exposé ennuyeux de la vie de Gilles de Rais mais un roman intriguant où on suit le personnage principal dans son étude et son approche du satanisme.
Lien : http://aufildeslectures.word..
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