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EAN : 9789734301119
159 pages
Editura Litera (31/12/1992)
5/5   1 notes
Résumé :
4ème de couverture :

Este o carte despre instalarea comunismului într-un sat din Ardeal : nici «faldul cel mai adânc al Carpaților», cel plin de ecourile Europei, nici Cetatea, nici cumințenia temeinică a muncii nu i-au putut apăra pe oameni, români sau sași, de noua orientare devastatoare.

O carte despre copilăria paradoxală petrecută în asemenea vremuri nepotrivite copilăriei, când începuse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quelques considérations éparses et « mythologiques » sur cette lecture (et relecture) ancienne.

La poésie de Ioana Ieronim est plutôt narrative (voire épique) et autobiographique, à l'instar d'un rite de passage d'une petite fille (voir ci-dessous les explications concernant le titre). Elle a grandi dans une petite ville des Carpates, et ce recueil explore la perte de cette communauté saxonne autrefois florissante qui avait survécu pendant huit siècles, avant d'être détruite par le communisme.

Ioana Ieronim a éprouvé un besoin légitime d'écrire ce livre exutoire non seulement pour s'opposer à la politique, à la corruption et à la brutalité du régime totalitaire roumain, mais aussi - avec un sentiment d'horreur grandissant – pour témoigner de la dégradation de l'individualité et de l'intégrité humaines dans son pays terrifié et en désintégration.

Nicolae Manolescu considère que Ioana Ieronim fait partie de l'assez longue liste des « auteurs de dictionnaire », autant dire qu'il l'a juge digne d'entrer dans les annales de la littérature roumaine. C'est aussi mon humble avis.

Vous lirez, s'il vous plaît, ma citation postée ici le 4 décembre 2020 du poème qui donne le titre, dans laquelle j'expliquais aussi le sens de celui-ci : le triomphe de la « paparudă », terme qui ne semble pas avoir d'équivalent en français. Il désigne soit une jeune bohémienne spécialement accoutrée qui, aux périodes de sécheresse, parcourait autrefois les rues en invoquant la pluie, soit une femme vêtue de façon ridicule.

Entre temps, ce livre s'est rappelé à ma mémoire car je suis tombée, en cherchant des informations sur le mauvais oeil, sur d'intéressantes explications chez Ion Talos, dans son Petit dictionnaire de la mythologie populaire roumaine. Cela mérite qu'on s'attarde sur ce rite répandu dans toute l'Europe du Sud-Est et non pas seulement en Roumanie : « on désigne ainsi [paparudă] une sainte commandant à la pluie, un masque de verdure ou encore le rite […] accompli un jeudi (parfois mardi) entre Pâques et la Pentecôte. Une fillette (ou plusieurs), ou un ou plusieurs adolescents – souvent des enfants de bohémiens –, sont déshabillés puis vêtus en guirlandes vertes de feuilles d'arbres (surtout de bureau), jusqu'en être méconnaissables. Ils passent dans les demeures, chantent un bref chant demandant que la pluie tombe abondamment. Leurs hôtes vident des seaux et des cruches sur les masques pour déclencher l'averse. En bien des lieux, le lait ou le petit-lait remplace l'eau, ou bien on tamise de la farine afin que la pluie tombe drue. En récompense, les personnes masquées, et ceux qui les accompagnent, reçoivent de l'argent, de la farine, des oeufs et d'autres produits qui sont ensuite partagés entre les participants. Parfois, on fait des feuilletés que tous mangent ensemble près de la fontaine. Les feuilles des arbres sont jetées dans le fleuve avec la croix d'une tombe, les participants s'y baignent. »

Dans l'ensemble ce recueil donne lui aussi une impression de « documentaire » poétique. Il a été, je crois, traduit en anglais.




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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le triomphe de la « Paparudă »
[Ce terme ne semble pas avoir d'équivalent en français. Il désigne soit une jeune bohémienne spécialement accoutrée qui, aux périodes de sécheresse, parcourait autrefois les rues en invoquant la pluie, soit une femme vêtue de façon ridicule.]

Je suis née, à l'époque où le siècle se tordait par sa moitié. Plus transparente que l'air, la flèche par dessus des bras fins: moi, je n'étais pas encore décidée par le dieu – alors que des langues de feu projetaient des lueurs agonisantes sur une terre blessée.
L'Histoire avait submergé des paysages.
Depuis les toits des maisons les enfants envoyaient de fragiles bulles de savon. Les enfants couraient dans les rues avec de rapides cerceaux en fil de fer.

Au bout de la rue le tambour annonçait le triomphe de la paparudă: elle, les cheveux bouclés sur du fil de fer, le museau trempé dans du rouge chimique, le révolver à la botte, l'horloge de la gare à la main.
Une étoile infatigable retirait le monde de son orbite. Dans l'arc des montagnes, brisé, le signal fut : « à genoux ! ».
Avec le tambour on prévenait les gens aux croisées des chemins – de nouveaux quotas, prestations et rations nouvelles. Nouvelles manières de compter pour de nouvelles lois. Au final, les yeux baissés, ils rentraient tous chez eux. On ne pouvait pas trop lire sur leurs visages sillonnés par le vent et le soleil (le cou modelé par le travail; sous le col, la chair rajeunie, plus blanche encore).

Le voisin Hajdu, menuisier, semblait avoir les yeux ourlés de bois. Sur les lèvres, il avait oublié, recroquevillé depuis longtemps, un sourire. Il revenait de l'assemblée d'un pas lent ; il était juste un peu plus gibbeux. Un autre voisin, Herr Geetz, en entendant qu'ils veulent l'élire « député », s'est caché dans la maison (de toute façon il l'ont élu, car il eut beaucoup d'éloges à l'assemblée – et le colonel Broşteanu en a fait un beau portrait, même s'il ignorait de qui il s'agissait).

Les senteurs de la vie s'étireraient dans la terre poussiéreuse. Les mots dans le lit de leur flots plus pauvre encore, les gens travaillaient en attendant – « espérer c'est presque vivre »...
Le travail ne les avait jamais trahis jusqu'à présent.
*

[Triumful Paparudei

M-am născut la vremea când secolul se frângea la jumătate. Mai transparentă decât aerul, săgeata peste braţe subţiri: pe mine zeul nu mă hotărâse încă – pe când limbi de foc aruncau pâlpâiri agonizante asupra unui pământ rănit.
Istoria scufunda peisaje.
De pe acoperişe copiii trimiteau baloane fragile de săpun. Copiii alergau pe uliţi cu cercuri repezi în cârligul de sârmă.

În capătul străzii toba vestea Triumful Paparudei: ea, cu părul încreţit pe sârmă, botul muiat în roşu chimic, pistolul la cizmă, ceasul gării la mână.
O stea fără odihnă scotea lumea din orbită. În arcul munţilor, frânt, semnul a fost Îngenunchere.
Cu toba erau anunţaţi oamenii la răscruci – cote noi prestări si raţii. Alte legi alte numărători. La urmă, cu ochii în pământ se răspân¬deau toţi la casele lor. Pe feţele bătute de vânt şi soare nu prea puteai citi (gâtul brăzdat de muncă; pe sub guler carnea mai tânără, albă).

Vecinul Hajdu tâmplarul parc-ar fi avut ochii tiviţi cu lemn. Pe buze uitase, ghemuit demult, un surâs. El se întorcea de la adunare cu pasul rar; era doar puţin parcă mai gârbovit. Alt vecin, Herr Geetz, când a auzit că vor să-l facă “deputat”, s-a ascuns în casă (oricum a fost ales, fiindcă l-au lăudat mai mulţi la sfat acolo – şi Colonelul Broşteanu i-a făcut un frumos portret, deşi nici nu ştia despre cine e vorba).

Miresmele vieţii se trăgeau în ţărână. Cuvintele în albia lor mai săracă. oamenii munceau, aşteptând – “a spera e aproape a trăi”...
Munca nu-i înşelase până acum niciodată.]

(p. 13-14)
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