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"Le bonheur n'est pas seulement devenu un instrument idéologique d'une redoutable efficacité lorsqu'il s'agit de justifier certains des aspects les plus cruels de l'économie de marché, s'excuser ses excès et de maquiller ses folies. Il a aussi permis d'introduire de nouveaux lexiques et de nouvelles techniques qui refaçonnent profondément les notions de travail et de salariat, de manière à les faire coïncider avec les nouvelles exigences organisationnelles."

Dans cet essai éclairant sur la tyrannie du bonheur caractéristique de nos sociétés contemporaines néolibérales, Eva Illouz et Edgar Cabannas décortiquent en long et en large le discours tenu par les apôtres de la psychologie positive et leurs camarades économistes du bonheur.

Les auteurs reviennent sur les raisons idéologiques et matérielles du succès d'un tel discours mais également sur sa dangerosité. Fondé sur l'idée de la résilience individuelle, de la volonté personnelle d'être heureux et ne laissant aucune place à une critique économique, sociale et morale de la société, ce discours est surtout un puissant sédatif qui mise tout sur la responsabilité de l'individu pour forger des citoyens obéissants. le bonheur est d'abord une affaire personnelle indépendante de tout déterminisme social.

S'appuyant sur un discours se voulant scientifique mais qui en réalité est bourré de tautologie, d'approximations et de lieux communs, le bonheur est devenu un produit rentable, engrangeant des milliards sur le dos d'individus dépassés plus que jamais par les mécanismes régissant nos sociétés. Pire encore, c'est une culpabilité viscérale qui accompagne le moindre sentiment "négatif" assimilé à un échec fatal, un dysfonctionnement ainsi qu'un épuisement inévitable à se scruter, s'analyser et vouloir s'améliorer en permanence.

"Le plaisir et la poursuite du bonheur ne peuvent l'emporter sur la réalité et la recherche du savoir, sur la pensée critique, la réflexion menée sur nous mêmes et le monde qui nous entoure... Ce sont la justice et le savoir, non le bonheur, qui demeurent l'objectif moral révolutionnaire de nos vies."





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Les deux auteurs s'attachent à démonter l'idée de la "psychologie positive" comme étant plutôt un phénomène du marché du bonheur.

Difficile de trouver un point d'équilibre optimal entre l'optimisme excessif, le pessimisme excessif et le réalisme excessif. Ce livre s'attaque à la "happycratie" comme l'idéologie du bonheur. Je caricature : tout est beau, la vie est belle, il n'y a pas de problème et si on n'est pas heureux c'est parce qu'on ne regarde pas les choses du bon côté. C'est devenu le fond de commerce du développement personnel et de certaines sectes. Un vrai business.

J'adhère à la plupart des arguments. Néanmoins, il y a deux points qui me dérangent dans le contenu de ce livre.

Il y a des gens qui sont excessivement pessimistes, excessivement optimistes ou excessivement réalistes. Les "excessivement" sont, en général, des situations pathologiques. Un peu d'optimisme peut parfois faire du bien, Donc, si on enlève la partie "marché du bonheur", peut-être que la psychologie positive peut être utile à certains.

L'autre point qui me dérange, et beaucoup plus, est la mention fréquente au "néolibéralisme", presque en l'accusant d'être le coupable de l'apparition de ce marché du bonheur. Je pense que l'auteur, comme beaucoup, confond corrélation et causalité.

Il est vrai que s'il y a une demande, il y aura de l'offre. C'est un mécanisme économique archi connu, valable partout. S'il n'y avait pas des malades, la médecine n'existerait pas. C'est valable pour toute branche de la psychologie, d'ailleurs. Et aussi la psychanalyse.

Je crois voir dans les différents écrits de Eva Illouz qu'elle a une tendance politique anticapitaliste (mais je peux me tromper). Il n'y a pas de mal à être de l'un côté ou de l'autre. le problème est de ne pas laisser un biais cognitif dû à ses convictions personnelles s'insérer dans ses activités scientifiques. C'est un point très difficile à régler lorsqu'on travaille en sciences humaines, en particulier la sociologie, la philosophie et, dans ce cas, la psychologie.
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Les auteurs nous livrent une étude très instructive levant le voile sur la pseudo-science de la pensée positive qui cherche à faire de la recherche constante du bonheur individuel un objectif de vie, nous transformant ainsi, et à notre insu, en parfaits citoyens de l'ordre neoliberal.
Cet essai, malgré un style universitaire parfois fastidieux mais généralement accessible, nous pousse à une reflexion critique avant tout sur nous même et sur ces discours qui peuvent sembler attrayants mais qui nous enferment dans notre individualité et nous interdisent finalement toute possibilité d'émancipation collective.
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Un essai que je recommande chaudement à ceux et celles qui s'interrogent sur les limites de la pensée et de la psychologie positives. Les auteurs-chercheurs remontent aux origines de ces théories et soulignent la faiblesse de leurs fondements de façon à la fois très documentée et accessible. En rappelant l'engouement de chefs d'entreprise pour ces doctrines et en évoquant les sommes d'argent importantes qui y ont été injectées pour en faciliter l'essor, ils démontrent clairement les liens qu'elles entretiennent avec l'avènement d'une nouvelle forme de capitalisme. A titre personnel j'ai beaucoup apprécié de trouver dans cette lecture une explication à mon sentiment de malaise quand on me renvoie à ma propre et seule responsabilité dans la construction de mon bonheur sans considérer les conditions extérieures sur lesquelles je n'ai pas de prise (revenus, temps de travail, origine sociale, santé, etc). A rebours des injonctions à la positivité, il est aussi rafraîchissant de lire que la colère, la frustration, la mélancolie sont des émotions légitimes et constructives qu'on qualifie à tort de "négatives". Les rejeter, c'est rejeter des émotions qui permettent aussi de nous construire, d'interroger et de remettre en question ce qui nous entoure et, pourquoi pas, qui nous encouragent à dire non et à réclamer le changement.
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Repéré depuis longtemps, je viens de tomber sur 'Happycratie' dans une boîte à livres ! Dans cet essai, la socilogue Eva Illouz et le psychologue Edgar Cabanas reviennent sur l'histoire de la psychologie positive et sur l'industrie que c'est devenu. J'ai toujours été sidérée par le vide (notamment politique) derrière le coaching et le "self-help" ; j"y ai toujours vu plus d'euphorie que de l'émancipation. Ce pressentiment est étayé par ce livre : non seulement la psychologie positive ne vise pas l'émancipation mais en ne s'attachant qu'à la dimension individuelle elle renforce le conservatisme des politiques néolibérales.
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Le bonheur a un prix ,la preuve ,il se vend
Et surtout ,surtout je l'achète …
J'avoue que j'ai succombé aux sirènes (c'est un comble ) du développement personnel .
Ce livre me réveille et révèle la supercherie et super'chère quête du bonheur .
En effet malgré et à cause de cette consommation effrénée de ces pourvoyeurs de la positive attitude je découvre grâce à ces auteurs qu'en fait je n'ai pas changé d'un jota ou d'un delta ou d'un oméga peu importe …
Je reste moi-même aussi imparfaitement parfaite .
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Alors que je trouvais la psychologie positive intrinsèquement intéressante, puisque dépassant (enfin) l'entrée exclusivement par les névroses. Heureusement, Happycratie vient lever le voile sur une dérive. Un livre qui fait réfléchir et prendre du recul sur un phénomène dont peu ont identifié l'ampleur !
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Jamais je ne me suis intéressé aux ouvrages et autres au service développement de soi. Ce bouquin, je l'ai acheté car j'étais curieux. J'aime les critiques envers les pseudos sciences, médecines douces, new-age... Quel pied de lire un essai intelligent au sujet ce cette nouvelle «science».
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super bouquin, merci beaucoup de nous éclairer sur le danger de ces méthodes "trop faciles". merci pour la prise de conscience sur l aspect social et politique.
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Un des rares livres que j'ai décidé d'abandonner, préférant préserver mon temps à des ouvrages plus constructifs. En effet, Happycratie est une critique continu et souvent mal argumentée de ce mouvement de fond qui traverse les sociétés (souvent occidentales et "développées") vers une injonction au bonheur et la responsabilité individuel de ce dernier. L'idée est interessante et souvent bien réaliste. Mais plutôt que rester sur un terrain purement philosophique et idéologie, ou encore de mettre en lumière les conséquences bien réels de ces phénomènes, les auteurs se veulent persuasifs en avançant des arguments scientifiques... peu scientifiques ! Peu de rigueur donc dans leur méthode qui se résume, finalement, à critiquer arbitrairement la psychologie elle même, et tout point de vue ou discipline "individualiste". Ici, on vous apprendra que le bonheur n'est pas un objectif louable, que cela est vain et uniquement au service de l'ultralibéralisme. Pas de compromis ou de nuances donc pour ceux qui imaginent un bonheur hors de la consommation par exemple. Si vous voulez entendre de ne pas vous préoccuper de votre alimentation parce qu'elle n'a pas de lien avec votre santé, et que votre alimentation est de toute façon une affaire collective, rassurez-vous en lisant ce livre. Ma critique force évidement le trait, mais bien que je sois en parti d'accord avec la position défendue, je n'ai vraiment pas apprécié le manque de pertinence de la méthode, du comment, du pourquoi, celle qui consiste à vous ôter tout sens d'une responsabilité individuelle.
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