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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Oh amour, où es-tu?
Une analys centrée principalement sur le XXième siècle, ses avancées et ses désordres, des extrêmes qui ont découlé par des luttes de pouvoir.
Si la femme a obtenu une apparente parité au fil du temps, grâce à la contraception, l'éducation, le travail et la libération sexuelle, le pouvoir lié à l'argent, ancien, perdure par le biais du capitalisme qui ne voit la sexualisation de la femme que comme une marchandise et non une réalité de la nature que nous revendiquons au même titre que chaque individu.
Encore une fois, l'entièreté de la femme est mise en péril, de manière sournoise par le pouvoir.
Une analyse à travers les médias actuels, des sites de rencontre à la publicité qui désormais, en bannissant la sexualisation du féminin, nous coupe aussi d'une dimension de séduction et donc du pouvoir, l'hyper-sexe féminin étant cantonné à la seule pornographie. La fin de l'amour, la fin du rêve...
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Lecture exigeante qui a fait alterner chez moi des états de jubilation intellectuelle à voir décortiquée de manière si exacte une réalité que je n'avais pas conceptualisée à ce point et des moments de découragements mâtinés de sourde révolte : non, ce n'est pas possible que toutes les relations soient contaminées par le "capitalisme scopique" dont parle Eva Illouz. Non, les thérapies n'ont pas pour seule fonction de consolider un moi qui entre alors en conflit avec les contraintes d'interactions sociales ou amoureuses où ne prime pas toujours la reconnaissance des émotions. Non le care n'appartient pas qu'aux femmes. Non les hommes ne sont pas obligés de ne s'epanouir que dans la revendication d'une liberté extérieure au foyer.
Et pourtant, comme ces clés de lecture de notre monde contemporain sont opérantes !
Le premier chapitre est ardu : très théorique puisqu'il pose les bases d'une "sociologie du choix négatif". La lecture est plus aisée ensuite, aérée de multiples témoignages qui m'ont donné tour à tour le sentiment d'être sur une autre planète ou au contraire de voir exposés des ressorts de fonctionnement que j'avais fait miens. C'est toujours fascinant de constater combien les destinées individuelles sont pétries de projections sociales et idéologiques collectives. Bref, un livre éclairant et stimulant.
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Mise en perspective des conséquences du modèle capitaliste sur le traitement de l'amour et l'entrée -voire pas du tout- dans une relation amoureuse.

Eva Illouz nous explique comment notre mode de consommation des biens a déteint sur notre manière d'aborder aujourd'hui les relations de couple, les choix amoureux, le divorce et plus généralement la liberté de choisir.
Cette liberté de choisir qui s'est développée par le biais des différents mouvements sociaux, féministes et capitalistes impliquerait que les individus en quête d'amour non pas une multitude de choix mais tendent de plus en plus vers un non-choix, une indécision constante et une absence d'engagement envers l'autre qui retarde le moment où les individus "aiment" à proprement parler.

Une lecture intéressante, qui ne se veut pas alarmante ou moralisatrice mais qui laisse planer un doute sur nos aptitudes à s'ouvrir aux autres.

Ce livre est dans la veines de ses autres écrits qui montrent l'influence grandissante du modèle capitaliste et économique dans la sphère des émotions, des sentiments et donc du privé.
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[J'essaie comme d'habitude de ne pas redonder avec les autres critiques Babelio, donc de m'appuyer sur elles.]

Cet essai démontre à quel point un certain contrat amoureux de la société traditionnelle est détruit à petit feu par la modernité. Là où je ne suis pas d'accord avec certaines critiques, c'est que si Eva Illouz démontre bien le rôle de la société de consommation (plus que du "néolibéralisme", car je ne vois pas trop ce que Thatcher ou Reagan ont à voir là-dedans), ce n'est pas la seule coupable qu'elle décèle dans sa déconstruction.

Comme sur d'autres sujets (par exemple la difficulté du "vivre ensemble"), l'idéal individualiste des Lumières est clairement en cause.

Et Eva Illouz nous laisse face à cette question assez déprimante : doit-on regretter le contrat de mariage "à l'ancienne", pour le meilleur et pour le pire, ou se réjouir de notre liberté (re??)trouvée, fût-ce au prix de l'impossibilité de se lier dans une relation de confiance durable ?
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Il ne s'agit pas de dire ce qui est bien ou mal, ni de dire ce qu'il faudrait faire pour que l'amour aille bien. Il s'agit de dire ce qu'il est advenu de l'amour, comment et pourquoi; de poser les mots sur des maux que l'on observe ici et là, parmi nos connaissances, nos amis, nos entourages. Il s'agit de faire un diagnostic à l'aide de la noble sociologie pour nous aider à comprendre les évolutions d'une société que l'on devine malade. Mais malade de quoi, exactement ?

Pour qui s'intéresse déjà au sujet, la réponse est évidente. Notre société est malade de cette idéologie dominante qui depuis quelques siècles maintenant déploie ses tentacules dans toutes les sphères de la société, publique comme privée, pour mieux se développer et s'engorger. le capitalisme est totalitaire, en effet. Il va jusqu'à s'immiscer dans la vie intérieure de chacun, influençant ses choix, ses idées, ses conceptions, ses actions, ses mouvements dans le but, toujours, de faire de lui un consommateur parfait. La consommation ne s'arrête pas aux biens, malheureusement. Elle est aussi dans les relations amoureuses.

Sous l'influence de plusieurs facteurs que je ne peux ici résumer, les autres sont effectivement aujourd'hui consommés. Les règles et cadres ne sont plus, ont disparu. Au nom de la liberté, sexuelle notamment, les verrous ont sauté. Ce qui était sans doute au départ une bonne idée est devenue, dans la cadre d'une société capitaliste et consumériste, un enfumoir. Hommes et femmes ont perdu en sécurité, en confiance et en lucidité, ils sont perdus dans des relations éphémères, anxiogènes où le désengagement domine, où le non-amour fait loi. On ne s'engage plus dans le couple par peur et crainte, on se retire aisément pour les mêmes raisons, on ne fait plus d'efforts, on cesse au plus petit désaccord, on ne s'aime plus, on se consomme le temps d'assouvir ses envies et ce que l'on pense être ses besoins. Les autres sont des kleenex, surtout les femmes.

La Liberté est devenue, dans sa définition capitaliste, un faux semblant, un malheur. On s'y trompe largement et c'est affligeant. Ce livre est à lire, vraiment. Il brille par sa grande lucidité. Il est parfaitement parfait.
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Cette foi c'est cuit. le néolibéralisme a eu raison de l'amour en s'alliant avec la pornographie, internet et les différents marchés du développement personnel. L'essai d'Eva Illouz est absolument indispensable. Même si elle le réfute ,sa conclusion, implacable, renvoie à un néoclassicisme amoureux plutôt qu'à une réelle fin. C'est lumineux, plein d'exemples intéressants..Un peu redondant peut-être mais c'est de la sociologie !!
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Encore une fois Eva Illouz offre une fine analyse sociologique des sentiments et de leur évolution suite à l'avènement du libéralisme non seulement économique mais aussi sexuel. Dans cet essai elle travaille plus particulièrement les différentes formes du non-amour et du désamour qu'elle considère comme des "relations négatives". Si le début de son ouvrage reprend des conclusions déjà présenté dans ces autres ouvrages, elle propose une fois encore une analyse originale, très intéressante et un peu déprimante sur les pratiques sexuelles et amoureuses.
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Voici un essai sociologique passionnant qui aborde de façon fine et poussée les nouveaux paradigmes des relations amoureuses contemporaines. Si certains sujets sont assez connus, ils sont ici mis en scène sous un prisme sociologique (mais parfois aussi philosophique voire psychologique) qui permet de mieux en cerner les mécanismes et leurs effets sur la vie sentimentale aujourd'hui.

Eva Illouz aborde, entre autres, les situations d'incertitudes multifactorielles qui rendent les choix des relations amoureuses des individus bien plus complexes, car plus flous. le livre explore également la question de la stabilité dans une relation, mais aussi la notion de liberté et l'influence de notre société capitaliste sur les comportements et les relations. On assiste à une mise en lumière de la dérégulation des rapports humains à travers l'exploration des mécanismes qui en sont la cause. L'essai aborde un grand nombre de sujets qui font écho à notre société contemporaine comme le ghosting, la sexualisation des corps, les applications de rencontre qui entraînent des rencontres amoureuses sous forme d'un "marché" organisé.

Si le livre peut parfois être difficile à lire en raison d'un grand nombre de témoignages d'hommes et de femmes souvent peu réjouissants, l'essai se lit de façon fluide. Il amène à se questionner sur soi et ses propres comportements, mais également sur la société dans laquelle nous évoluons et qui influe considérablement sur notre vision du "moi" et de ce qui est socialement acceptable ou non.

A noter : dans cet essai, le cadre est majoritairement donné aux relations hétérosexuelles
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Un thème pas vraiment facile traité sous un regard sociologique : l'amour et son évolution dans les sociétés libérales et consuméristes. On pourrait dire : "L'amour à l'épreuve de Tinder", mais ce n'est pas faire honneur à la qualité de l'ouvrage. le livre est très clair, mais sans concessions, et il comporte des détours philosophiques.

Un essai stimulant qui explore des aspects pas évidents à première vue du libéralisme. Quoique l'auteur s'en défende, le désarroi porte un certain jugement de valeur à l'égard du féminisme. Les approches psychologisantes en prennent aussi pour leur grade. Tous les -ismes ont a apprendre de la sociologie.

La liberté de ton, l'intelligence du sujet, sa maitrise et sa hauteur de vue sont rafraichissantes. le fait qu'une femme ait écrit cet ouvrage n'est pas la partie la plus insignifiante de la "thèse". Aurais-je été aussi touché si ç'avait été écrit par un homme : probablement pas (et ça c'est de la sociologie).
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La fin de l'amour - Eva Illouz

Après 20ans d'enquête sur la question de l'amour, l'intérêt de l'autrice s'est porté sur ce qui lui emboîte le pas, le non-amour qui, comme elle le dit si bien, est à la fois un processus, un sentiment et un évènement. Sociologue, elle a travaillé sur les émotions du non-amour. Elle a découvert dans cet essai qu'elle a constitué auprès d'entretiens d'hommes et de femmes que le social s'insinue dans notre vie psychique et la structure.

Ce livre se veut donc une ethnographie de l'hétérosexualité contemporaine qui relate la liberté émotionnelle et personnelle comme un phénomène protéiforme.

Et l'on observera de près la liberté négative. Axel Honneth appelle celle-ci la liberté réflexive. La liberté réflexive exige que les acteurs réfléchissent à ce qu'ils veulent et les pousse à examiner leur volonté de près à travers la technologie qui aujourd'hui nous entoure avec le marché de la consommation.

Une relation négative, c'est comme chercher quelqu'un dans un ensemble de personnes, d'artéfacts et de lieux, et ne pas le trouver ; c'est ressentir cette absence de l'indétermination de ses intentions et de ses désirs.
Cet essai parle donc de sujet sexo-économique et des dissensions qui se trouvent à cheval entre la sexualité et les sentiments, entre l'identité masculine et l'identité féminine entre le besoin de reconnaissance et les besoins d'autonomies, entre l'égalité féministe et une identité régie par une visualité produite par des industries capitalistes contrôlés par des hommes.
Un livre très bien documenté où l'on retrouve des interviews, une prise de conscience dans le monde où l'on vit aujourd'hui et de ce comment pourrait être réglé notre couple demain. On n'y trouve pas de solution miracle pour conserver notre âme soeur, mais on y trouve bien des conséquences de la fin de l'amour.

Très bel essai de 2020.
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