Les romans d'
Arnaldur Indridason sont couverts de prix et celui-ci aurait reçu le prix « Clé de Verre du roman noir scandinave ». Cependant, je n'ai pas trouvé à cet opus les qualités de
la Voix ou même de
la Femme en vert. Je pense qu'
Indridason est toujours sur le fil de la dénonciation des travers de la société islandaise et que cette dénonciation peut avoir un côté pesant et démonstratif, écueil auquel n'échappe pas son intrigue ici.
Un enfant d'une douzaine d'années, de mère thaïlandaise et de père islandais, est découvert poignardé au bas de son immeuble. Son aîné, Niran, perturbé par une difficile intégration à une société et à un pays qu'il n'a pas choisis, est retrouvé dans le local des poubelles en état de choc. Qu'a-t-il vu ? Que sait-il du meurtre de son frère ? La police n'a pas le temps de l'interroger car sa mère, Sunee, l'a soustrait aux enquêteurs pour le protéger. Pour Erlendur et son équipe, l'enquête piétine, aucune des pistes soulevées ne semble aboutir. Faut-il chercher du côté de l'école, où certains professeurs s'affrontent sur la présence d'immigrés sur le territoire ? Kjartan, l'ancien nageur devenu professeur d'islandais à la suite d'une blessure, ne cache pas son hostilité aux élèves de l'école issus de l'immigration. Ces derniers le lui rendent bien. Egill, le professeur de menuiserie, attaché aux vieilles valeurs islandaises, se sent de plus en plus mal à l'aise dans une société qui se veut multiculturelle et qui se méfie de l'héritage traditionnel. Mais, Sunee elle-même se tait sur l'homme qu'elle a rencontré et son taciturne ex-mari aurait pu chercher à se venger après le divorce du couple. Quant au voisin de palier de Sunee, le vieux Gestur, sa disparition a peut-être à voir avec un passé de pédophile.
Hiver arctique nous entraîne dans une réflexion sur la place des immigrés dans la société, sur le sort qui leur est fait, sur la suspicion injuste qui pèse sur eux. Mais quand l'interrogation se fait démonstration, le propos devient lourd et indigeste. le dénouement de l'intrigue ajoute encore, par l'absurdité du crime, à l'artificialité des situations. La plume d'
Arnaldur Indridason, à force de tremper dans un humanisme de bon aloi, se fait enclume.
Nous savions les longs hivers nordiques déprimants, maintenant nous découvrons qu'ils peuvent être interminables. Non seulement, nous avons un mal de chien à mémoriser des prénoms dont rien ne nous indique à nous, s'ils sont portés par un homme ou une femme, mais nous devons nous débrouiller tant bien que mal avec des personnages fantomatiques à force d'économie dans leur description et, suprême punition, l'auteur afflige son commissaire d'une famille déglinguée qui rendrait suicidaire n'importe quel pauvre gars.
Les romans d'
Arnaldur Indridason ne devraient être prescrits qu'à des gagnants du loto !