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3,37

sur 123 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre ne ressemble à aucun roman qu'il m'a été donné de lire jusqu'à présent.

A l'heure où des millions de lecteurs et de lectrices se pâment entre les bras d'un Christian Grey, trouvant une jouissance certaine à pouvoir (enfin) révéler qu'ils prennent plaisir à lire de la littérature érotique (et oui, c'est facile de passer aux aveux noyé dans la foule, c'est moins courageux mais c'est plus confortable), ce livre s'assume sur le sujet de la sexualité avec beaucoup de profondeur (sans jeu de mots douteux) et exploite un sujet jusque-là propriété quasi exclusive de Nabokov : la sexualité entre un homme et une adolescente.

Oliva, alias Lia, l'héroïne du roman, a 14 ans quand débute le récit et rien d'une Lolita. Studieuse, brillante, précoce, elle vit la vie de toute adolescente londonienne. En apparence, la seule problématique de sa jeune existence est d'avoir des parents divorcés. En tant que fille unique, pas facile de trouver sa place dans un foyer éclaté mais ça reste le lot de bien des adolescents. Pourtant, avec l'arrivée dans la vie de sa mère (chez laquelle elle vit) d'un nouveau boyfriend, sa jeune existence va basculer et s'engager dans une voie que personne, à commencer par elle, n'aurait pu imaginer et encore moins souhaiter.

Nick (c'est son nom et il lui va comme un gant !) est photographe. Il a tout du bad boy même s'il est résolument ancré dans le monde des adultes. On attend de lui la bienveillance protectrice et le bon sens teinté d'autorité d'un beau-père comme les autres. Sauf que Nick n'est pas un beau-père comme les autres. Impulsif et sensuel, il va rapidement remarqué que la « fillette » de sa compagne est une très belle plante qui paraît avoir 18 ans plutôt que 14 et qu'elle est réceptive à toute nouvelle sensation lui permettant d'en apprendre plus sur qui elle est.

La relation sulfureuse, interdite, passionnée et néanmoins sentimentale qui va désormais lier ses deux êtres m'a littéralement tenue en haleine de la première à la dernière page du livre. Je fus troublée par cette lecture mettant en scène la rencontre improbable de deux ego aux préoccupations différentes mais à l'identité identique, révélatrice d'une profonde solitude et d'un non moins profond besoin d'être aimé. En réalité, aucun d'eux n'est réellement responsable de ce qui va arriver, aucun d'eux n'a vraiment « fait le premier pas » et aucun d'eux n'est capable de stopper l'engrenage qui les entraîne inexorablement dans ses rouages.

Je vois déjà certains d'entre vous froncer le sourcil. Quoi ? Se troubler et s'intéresser à la relation adultère et quasi incestueuse entre une ado et un adulte qui pourrait être son père ? Mais c'est du vice ! Quelle situation contre-nature, abjecte et condamnable. Et pourtant… si l'on transposait ce récit à une autre époque où les jeunes filles étaient mariées dès la puberté à des barbons, aurions-nous ce même regard ?

Olivia est précoce. Elle ne fait pas son âge. Elle ressemble à une femme, pas à une adolescente osseuse et gauche. Elle est même sexy. Elle et ses copines se maquillent et se prêtent des fringues comme toutes les ados. Elles flirtent avec des garçons dans des pubs quand leurs parents pensent qu'elles se font une partie de Monopoly pour conclure une innocente soirée pyjamas. Comme vous et moi au même âge, Olivia cherche à faire ses propres expériences. Dans son cas personnel, parce qu'elle n'a plus aucun repère familial auquel se raccrocher entre sa mère qui refait sa vie avec un homme plus jeune qu'elle et son père qui fait un enfant à l'étudiante pour laquelle il a divorcé, Olivia cherche désespérément sa place. Elle voudrait accélérer le temps, devenir rapidement une adulte elle aussi. Elle ne veut plus être considérée comme un bébé car elle n'est, de fait, plus le bébé de personne. Electron relié à aucun atome, elle va laisser sa vie s'accrocher à la queue d'une comète (toujours sans jeu de mot) nommée Nick, le seul être qui lui donne l'impression d'être valorisée, même si cette valorisation se fait par le sexe et même si, aux yeux de la société occidentale qui est la sienne, elle n'a pas le droit d'éprouver de sentiment amoureux pour cet homme, l'amant de sa mère, son propre amant.

Tout au long du roman qui amène le lecteur à regarder en face la réalité de problèmes de société aussi importants que le divorce, l'éclatement de la cellule familiale, la sexualité des ados, les tabous liés au sexe, à l'inceste, à la différence d'âge ou encore l'avortement et la grossesse adolescente, j'ai été remuée par le courage de cette jeune fille qui bien que souvent désemparée trouve la force de faire des choix parfois très difficiles et lourds de conséquences et s'accroche à cette volonté d'aimer et d'être aimée qui lui permet d'avancer, de suivre son chemin, de trouver une voie qui lui soit propre et non celle que cherchent à lui imposer les membres de son entourage, ceux-là même qui ont perdu toute légitimité de le faire en l'abandonnant à son sort. Quelle moralité et quelle autorité pourraient bien prêcher des parents qui n'appliquent pas eux-mêmes les principes qu'ils prônent ?

Olivia, bien que traversant cette difficile période de l'adolescente où tempêtent doutes, cruelles illusions, vaines espérances, questionnements multiples et rejet de soi comme des autres, triomphe à ne pas seulement subir sa vie mais au contraire à agir, certes en tâtonnant parfois maladroitement, mais sans cesser de progresser.

J'ai été très favorablement impressionnée par ce roman, surtout qu'il s'agit ici d'un premier roman ! La qualité d'écriture, la maîtrise de la narration, l'analyse fine de la complexité des sentiments des protagonistes sont autant de points forts qui me font chaudement recommander sa lecture.

PS : bémol sur la forme, le livre comportant pas mal de fautes d'orthographe et de mots manquants ; ça ne gêne pas véritablement la lecture mais c'est toujours regrettable.
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Au bout de seulement quelques pages je me suis demandée dans quoi je venais de m'embarquer. J'ai alors allumé l'ordinateur pour voir un peu ce qui se disait sur le bouquin dans le monde du Net. Puis j'ai continué ma lecture. Pour me rendre compte que je n'avais pas l'impression de lire le même livre que les autres. du moins de ceux dont j'avais lu l'avis. Suis-je passée à coté du roman ? Je ne crois pas. Nous parlons donc d'une très jeune fille de 14 ans, Olivia. Cette gamine est une ado cabossée par le divorce de ses parents, soit, mais surtout par leur incapacité à lui faire sentir leur amour. La psychologie de l'héroïne est admirablement dépeinte. Olivia est confrontée à des situations très dures. Ainsi, une nuit, elle se rend compte que sa mère se trouve avec un homme dans la chambre à coucher. Apprendre de cette manière, par les cris de celle-ci en train de faire l'amour, que sa mère a quelqu'un dans sa vie est quelque chose de tragique à mon sens. Mais Olivia est entre deux états. L'adulte en devenir veut se conduire comme une personne mature tandis que l'enfant qui demeure subit un choc violent :

« Elle était soulagée en même temps que désespérée. Si elle avait été plus jeune, elle aurait fait toute une histoire, elle aurait obligé sa mère à se lever et à se conduire comme une mère. Mais elle avait passé l'âge de ce genre de choses ; elle était censée tout savoir des adultes, comprendre que les parents font bel et bien entre eux ce qu'on vous raconte en cours de biologie. Comprendre n'arrangeait rien d'ailleurs. L'affaire n'en était pas moins répugnante, le sentiment de trahison n'en était pas moins grand »

La société dépeinte par l'auteur est d'une crudité et d'une violence bouleversante. La mère d'Olivia poussera le souci des apparences jusqu'à faire emménager Nick, son amant, en le présentant à sa fille comme un pensionnaire qui dort dans la chambre d'amis. Premier mensonge, premier non-dit qui pousse l'enfant à penser que les tabous sont inaliénables. du côté de son père, Olivia n'en mène pas large non plus puisqu'il vit avec une de ses étudiantes et semble se trouver un peu encombré par son ancienne famille.

C'est donc dans ce contexte que Nick fait son apparition du jour au lendemain dans la vie de notre héroïne. Et c'est là où je ne comprends pas les avis et critiques que j'ai pu lire. Pour que tu comprennes pourquoi j'écris cela, laisse-moi te citer l'article que l'on peut trouver sur le site de L'Express :

L'Anglaise Janet Inglis, dont c'est le premier roman, fait voler en éclats bien des idées reçues sur la sensualité des jeunes filles et sur l'inceste. Son héroïne, la jeune Olivia, découvre violemment ses premiers émois de désir et de plaisir avec son beau-père. Malgré le ton abrupt de Daddy's Girl, le sujet n'en reste pas moins délicat, voire moral. Car enfin, si l'inceste dans ces circonstances y est dédramatisé (ne s'agit-il pas ici d'amour?), la sensualité épanouie, l'indifférence témoignée par les parents à leur fille demeure impardonnable. Fortement érotique, jamais sordide, ce roman a le mérite d'être habilement construit et, surtout, de donner le point de vue de la jeune fille elle-même.

Pour ma part je n'ai pas trouvé que l'inceste ici était dédramatisé une seconde. J'ai l'impression que la plupart des lecteurs voient le détournement de mineur de manière très schématique -pour ne pas dire simplet- : soit l'homme est un monstre prenant la jeune fille de force, soit c'est une vraie histoire d'amour amorale sans doute mais tragiquement sublime. Sérieusement ? Non seulement c'est d'une naïveté déconcertante mais c'est aussi enlever tout le génie de ce roman. Nick est le bourreau d'Olivia mais ce n'est pas simplement un monstre. Quant à la jeune fille, ce n'est pas parce qu'elle finit par tomber amoureuse que cela devient une histoire d'amour. Pour preuve les débuts de leur liaison...

Alors qu'ils se connaissent à peine et que la relation entre Nick et la mère d'Olivia est toujours niée officiellement, voici comme se passe un des premiers tête à tête de l'héroïne avec son « beau-père » :

« -Enlève ton espèce de sac, ajouta-t-il en tirant sur sa cigarette.

- Mon pull ? demanda Olivia, surprise. Pour quoi faire ?

- Comment est-ce que je pourrais savoir si tu ressembles à un mannequin, dit-il patiemment, si je ne sais pas à quoi tu ressembles ? »

Ensuite il demande à la jeune fille, alors en t-shirt, comment elle se voit, Olivia dit qu'effectivement elle se trouve trop grosse pour être mannequin, puis :

« -Mon ange, tu as un corps de rêve. En page trois, tu ferais disjoncter tous les lecteurs du Sun. »

Il la terrifiait. A la tenir ainsi, à lui parler ainsi. Et pourtant personne, depuis des années, depuis une éternité, ne l'avait tenue comme ça, ou autrement. (…).

Il la pressant contre lui, elle lâcha le magazine pour saisir les bras qui, d'une étreinte d'acier, lui emprisonnaient la taille. Il lui parlait, lui soufflant les mots à l'oreille comme un lion attiré par son repas. « On t'a délaissée, mon petit chat. On a oublié de te dire à quel point tu es belle. »

Tout le talent de l'auteur est là. Comment Nick va manipuler la fragilité de la proie, la rendre maléable, consentante malgré elle. Il lui prendra sa virginité de la même façon alors qu'elle est paralysée à la fois par la peur et par le désir. Et lui va lui apprendre le plaisir comme une arme pour mieux l'assujétir à son pouvoir. Alors oui, Olivia va l'aimer et le protéger. Et pourtant tout au long du roman on sent bien qu'elle est lucide sur ce qu'il lui fait subir.

En cela, ce récit est une claque, un chef d'oeuvre de nuances. Olivia ne se contente pas d'être une victime tout comme Nick ne se résume pas à sa part d'ombre. C'est pour cette raison que le récit est dérangeant et que les lecteurs préfèrent soit le voir comme une simple histoire d'amour qui brise les tabous ou juste -comme j'ai pu le lire- comme une ôde infâme à la pédophilie qui dédramatise l'abus sur une ado fragile.

Daddy's girl mérite tellement plus que cela... Un roman qui, pour ma part, m'a donné la nausée est d'une richesse incroyable. En refermant, l'ouvrage, je ne pouvais que m'incliner devant tant de talent. Merci madame Inglis.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Alors la !! Je sors un peu décoiffée de cette lecture !! Encore mille fois merci à Gwen sans laquelle cette lecture qui m'a vraiment marquée ne se serait surement jamais faite !
je ne sais d'ailleurs pas par quel bout commencer ma critique tellement ce livre est d'une richesse ...
Que raconte t-il, d'ailleurs ce bouquin ? On va découvrir Olivia, jeune adolescente de 14 ans qui, comme beaucoup de jeunes de son age , n'est pas encore complétement en phase avec les transformations de son corps.
Mais sa vie ne se résume pas à cela. Fille de parents divorcés, elle réalise de plus en plus que ces derniers refont leur vie sans trop tenir compte d'elle....Son père, universitaire, se remarie avec une jeune femme beaucoup plus jeune que lui, et a beaucoup de mal à montrer et à exprimer son affection à sa fille. La mère d'Olivia a encore plus de peine que son ex à montrer qu'elle aime sa fille et a visiblement un sérieux problème de communication puisqu'elle n'arrive pas à entamer des dialogues francs et ouverts avec sa fille. le plus bel exemple est quand son petit ami en date va s'installer chez elle : elle ne sera même pas capable de dire et d'assumer la vérité à sa fille et fera donc passer son jules pour son pensionnaire...
Dans des conditions pareilles, Olivia, en quête d'affection et de reconnaissance va être la proie idéale pour Nick, le petit ami de sa mère. Ce dernier, que je qualifierais de manipulateur et de prédateur sexuel ( oui je suis dure, mais j'assume ....) ne va faire qu'une bouchée de cette gamine dans un corps de femme....Il va complétement l'asservir sexuellement et Olivia va même tomber amoureuse de lui, tout en ne se faisant aucune illusion sur cet homme. Contrairement à sa mère qui vit sur son petit nuage d'amour , qui ne se préoccupe que de son nombril et surtout pas de sa fille .
Olivia va d'ailleurs, vers la fin du livre, prendre des décisions d'adulte, qui auront des conséquences indéniables sur tout son avenir....
Je trouve que l'auteur a admirablement su restituer la psychologie de cette gamine dans un corps de femme, à la recherche d'elle même et surtout qui a terriblement besoin qu'on l'aime, vu que ses parents ne sont pas à la hauteur.....
C'est un livre qui marque, car on éprouve beaucoup d'émotions en le lisant. Il ne peut laisser indifférent, de par son thème et son histoire...De plus, il sort des schémas classiques avec une morale ou une fin téléphonée.....Franchement, ce livre mérite le détour !!
Encore merci à toi Gwen !!

Challenge Pavés 2016/2017
Challenge ABC 2016/2017
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un beau pere qui couche avec sa belle fille.
Sans les critiques des lecteurs de babelio je serais passé a coté.
Un Lolita a la sauce moderne ?
Pas vraiment ici on se place dans la vision de la petite fille déchiré par la séparation de ses parents, ne trouvant pas sa place.
Etonnant malgré le sujet rien de choquant ici, meme quelques réflexions profonde sur la société moderne a la fin.
Un livre fluide qui se lit vite on y parle meme tragedie grec et musique...
Un tour de force, bravo trés bon livre
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Difficile de sortir indemne de cette lecture, une vraie claque littéraire ! Et ce n'est pas souvent que je m'en prends une, la plus marquante pour moi étant "il faut qu'on parle de Kevin" de L. Shriver.
Allez lire les critiques d'Altervorace, de Mimolette et de Gwen21 ...

C'est immoral, dérangeant (surtout quand on a une fille de 14 ans comme moi !) et pourtant ... On ne peut pas le lâcher.

On se prend d'affection pour Lia, on souffre avec elle, on avance avec elle, on supporte ses choix (et aussi ceux qu'elle ne fait pas).
On en oublie qu'elle a 14 ans et que lui en a presque 40 ... C'est surtout cela qui m'a posé problème, mais je me dis que là est toute l'excellence de l'écriture de Janet Inglis !
Quand j'ai refermé ce livre, je me suis dit : ok, c'est une histoire d'inceste, de manipulation, de sexe, ... Elle n'a que 14 ans et lui, un vrai s... ! Mais c'est aussi une histoire d'amour, de besoin d'amour désespéré.
Ce livre est (très très bien) écrit, de manière à ce que vous suiviez Lia, que vous vous posiez la question de savoir ce qui est bien ou non ET de ce qui est bien pour elle ou non ... Çe qui est très différent !
Lisez-le ...

Le seul regret, est que je sais qu'il y a une suite, "father of lies", mais qui n'a pas été traduite ... Un jour peut-être je l'espère vraiment.



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Je suis tombée sur ce livre un peu par hasard et j'ai eu envie de le lire grâce aux nombreuses critiques positives vues ici.
Cette lecture m'a vraiment marquée. Pas forcément à cause du côté relation homme/adolescente quasi incestueuse, même si elle est au coeur du roman, mais plus à cause du mal-être de Lia décrit par Janet Inglis.
Cette jeune fille de 14 ans ne trouve pas sa place dans son nouveau schéma familial, ses parents ayant refait leur vie chacun de leur côté. Elle se sent délaissée, rejetée voire abandonnée. Alors lorsqu'elle entame une relation, certes condamnable, avec Nick, le futur mari de sa mère, tout change pour elle : elle trouve quelqu'un qui l'a comprend, qui lui porte de l'intérêt ; comme elle le dit : "D'une certaine manière, je crois qu'il m'aime. [...] Rien ne lui échappe à mon sujet. [...] Il me comprend. Il me parle d'égal à égal, pas comme un adulte qui s'adresse à un enfant."
Au fur et à mesure du roman, on sent Lia évoluer. Une lecture qui ne laisse donc pas indifférent et bravo à Janet Inglis pour ce premier roman très bien écrit.
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Ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains car comme dans Lolita de Nabokov, il y dépeint la relation amoureuse d'une adolescente avec un homme adulte, en l'occurrence son beau-père.
Olivia voit ses parents divorcer et refaire leur vie chacun de leur côté sans accorder beaucoup d'attention à la jeune fille. Olivia, délaissée, succombe au charme de l'ami de sa mère, le seul adulte dans son entourage qui s'intéresse sincèrement à elle. Commence alors une relation adultère à la fois sensuelle et érotique mais décrite sans aucune vulgarité. Un roman sur la fragilité et la force de l'adolescence, la perte des repères familiaux et l'amour. Un premier roman fort, beau et bouleversant.
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Il y a ces livres que l'on referment, se demandant pourquoi, comment, par quel miracle quelqu'un les publia, et puis il y a ceux, au contraire, qui ne trouvent pas, ou plus, preneur.
Ceux pour lesquels on se demande comment une pépite de cet ordre ne se trouve aujourd'hui plus dans les rayons de nos librairies.
Âme puritaine, abstenez-vous.
« Daddy's girl » est choquant, brutal, tout simplement amoral.

Olivia est une adolescente de 14 ans, vivant de maison en maison.
Celle de sa mère.
Celle de son père.
Comme de nombreux couples, les parents d'Olivia ont divorcé, lui laissant pour mort cette image idéale de famille parfaite.
Ross, son père, a refait sa vie avec sa jeune compagne, Althea.
Il reste à Olivia ce cocon, chez sa mère, Emma. Ces quatre murs qui lui donne l'illusion d'un monde rescapé. À deux.
Jusqu'à l'arrivée du nouveau compagnon de celle-ci : Nick.

D'emblée, Olivia ne l'aime pas.
Comment sa mère peut-elle s'être amourachée devant cet inculte vulgaire, traînant dans la maison son corps musclé, clope au bec, s'affalant sur le canapé, avant de se plonger dans les pages sportives du Sun, whisky à la main.
La présence de Nick la débecte. Autant que sa vue provoque chez elle des sensations qu'elle ne saurait identifier...
Jusqu'à ce que toute barrière morale vole en éclat.

Ce livre, où aucun des personnages ne se trouvent jamais réellement seul, est pourtant marqué d'une grande, terrible, et profonde solitude.
Un besoin criant d'être aimé, reconnu, apprécié.
Un manque qui arrive à un moment clé de l'existence pour Olivia : l'adolescence.
Elle peine à trouver sa place.
Dans la société où son corps de jeune femme plus que de jeune fille, ses formes délicates et ses seins imposants lui rappelle sans cesse la différence qui la marque des autres filles de son âge.
Dans son foyer également, où père et mère refont leur vie, laissant au milieu cet être qui les relient pour toujours à ce mariage qu'ils préfèreraient oublier.
Olivia se gorge d'amour, de tendresse, d'affection là où ils se manifestent.
Tant amoral et illégal cette affection soit-elle.
Elle vit, touche, aime.
La confusion des sentiments est terrible, face à cet homme qui la souille en même temps qu'il lui donne.
Les schémas se brouillent, augmentant peu à peu le terrible malaise que l'on ressent.
On connaît le caractère interdit, et pourtant, on la comprend quelque part.
Cette adolescente dont chacun, ou presque, ne semble réellement se soucier.
L'immoralité sert ici un texte d'une grande justesse psychologique.
Absolument bouillant, il est tout ce qu'il y a d'incorrect.
Les 500 pages se dévorent, attendant impatiemment le point final de ce récit riche, complexe, et nuancé.

À lire pour ceux qui cherchent des textes osés !
À offrir aux amateurs de l'oeuvre de Vladimir Nabokov « Lolita ». « Daddy's girl » était publié aux éditions @editionsduseuil, il vous est toujours possible de le retrouver dans les librairies d'occasion ou sur Internet (malheureusement). À découvrir !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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J'ai commencé à lire ce livre grâce à Babelio ; sans vous, je n'aurais jamais fait une si belle découverte.
La question est, où débute la morale et où s'arrête-elle ? L'amour est-il moral, immoral ? Ce livre se résume à cela selon moi.
Une adolescente entretien une relation, enfin, elle souffre selon moi plutôt d'un syndrome de Stockholm à caractère sexuel, avec le petit ami de sa mère, qui deviendra par la suite son beau-père.
Mais comment ne pas comprendre ou imaginer ce que ressent cette jeune fille ? Mal dans sa peau ou plutôt jeune fille dans un corps de femme, un homme a su lui faire prendre conscience de son corps, de ses envies... Des plaisirs de la sexualité. Malheureusement, cet homme se révèle être le mauvais, celui qui n'aurai pas du éveiller de tels plaisirs en elle.
Des scènes torrides de viols consentants pourrions-nous dire... Quel joli oxymore, me direz-vous. Seulement, comment définir une relation non consentie mais qui par la suite devient vitale et où Olivia, notre jolie jeune fille, prend du plaisir...
Aussi perdue que notre personnage, je ne sais que penser de cette histoire. La seule chose que je retiens, c'est le magnifique de ce livre.
NB : il faut cependant arriver à dépasser les premières pages (nombreuses) de cet ouvrage pour l'apprécier à sa juste valeur. Ne vous découragez-pas !!
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J'ai terminé ce livre hier mais je dois l'avouer, en le fermant, je n'avais pas l'impression d'en avoir totalement fini avec. Je le sais maintenant, il sera d'un de ces livres qui m'aura marqué plus que d'autres, qui m'aura troublé et parfois retourné la tête, qui restera avec moi, en moi, pendant un moment.

Le livre m'a donc quelque fois troublé, voire perturbé, mais au bout d'un moment je n'ai pu m'en décrocher. Ce sont plein de choses, de petites choses, de grandes choses, qui m'ont fait tourner page après page:
le désespoir de Lia, abandonnée, tellement noyé dans le quotidien qu'il n'en est que plus terrible;
l'amoralité si franche et si simple d'un Nick qu'on ne parvient à détester, à identifier simplement comme le "méchant" malgré ses phrases et ses actes parfois terribles et sa manipulation évidente de la jeune fille;
l’égoïsme et l'indifférence des parents si réalistes et loin des clichés auxquels on pourrait s'attendre;
la biologie que Lia utilise souvent pour tenter d'expliquer ses désirs, ses incompréhensions, cette irrémédiable distance qu'elle sent entre elle et Nick, entre elle et les hommes;
sa meilleure amie, Megan, très terre-à-terre mais remarquablement intelligente (qui mériterait d'ailleurs une oeuvre à elle seule);
et d'autres choses et d'autres choses...

Plein de choses qui ont fait que j'ai véritablement aimé et que je le recommande.
Sans Babelio et avec cette bien réductrice quatrième de couverture, je ne l'aurais probablement pas découvert, pas ouvert, et ça aurait été fort dommage alors n'hésitez pas!
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