Comme beaucoup de lecteurs, la lecture des premières pièces de
Ionesco pour découvrir l'absurde en cours de français a longtemps freiné mon envie d'explorer davantage les oeuvres issues de ce courant littéraire !
Et pourtant, preuve en est que parfois retenter l'expérience peut adoucir les présentations brutales !
Dans la première moitié de
Rhinocéros, on retrouve bien le style caractéristique des premières pièces, avec un enchaînement de phrases mécaniques qui se font écho puis finissent par faire un ensemble sans queue ni tête ! La seule certitude que nous avons : c'est que des personnages se retrouvent sur la place principale d'un petit village comme ils ont l'habitude de le faire. Ils parlent d'un peu tout et de beaucoup de rien. Puis à partir du milieu de la pièce, les transformations de villageois en
rhinocéros sont plus nombreuses et se font bien plus inquiétantes pour finir sur une atmosphère carrément oppressante !
L'apparition du premier pachyderme c'est donc L'évènement, celui dont tout le monde parle. le dramaturge nous montre des personnages qui intellectualisent trop, d'autres utilisent l'évènement pour étaler leur scientisme tandis que d'autres sont “simplement” hébétés devant cette apparition soudaine. Quand on ne se moque pas du ridicule, on constate qu'en dépit de l'énormité du phénomène, la bête ne fait tout de même pas le poids face aux petits tracas immédiats du quotidien. Il y a tout de même un point commun entre tous ces personnages dans cette première moitié de l'histoire : aucun ne peut expliquer et ne comprend réellement ce qui arrive. Mais ça ce n'est que le début…
Si j'ai mis beaucoup de temps à lire la première partie de la pièce, j'ai lu la seconde en moins d'une matinée. J'ai beaucoup apprécié certaines vérités fortes qu'énonçaient
Ionesco dans sa façon de décrire la tentation et la séduction de l'extrême et sur l'incapacité des acteurs et observateurs de saisir tous les enjeux d'un phénomène nouveau. C'est une pièce qui interpelle, fait réfléchir et est toujours d'actualité – pour que qu'on soit capable de faire fi de l'improbabilité de la situation – avec ce pauvre Bérenger qu'on prend pour un « original » enivré qui s'agite, et tout comme l'écrivain puise tout son courage pour résister et exprimer sa vérité jusqu'au bout.
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