...il est exact, que les théâtreuses qui sont belles mais n’ont pas de talent donnent volontiers dans la galanterie. Bien entendu, plus un homme est riche et plus il leur plaît… Mais il y a certaines de ces filles qui dépensent toujours plus d’argent qu’on ne leur en donne… Alors si leur protecteur est marié, père de famille, elles peuvent amorcer un chantage pour en obtenir davantage…
Chaque jour, des romans policiers s’écrivent dans le sang, et ceux qui restent inexpliqués sont les chefs-d’œuvre du genre.
Si un roman policier n’est pas bien écrit, ça n’est point parce qu’il s’agit d’un roman policier, mais parce que son auteur est un piètre écrivain.
Nous autres, femmes, nous sommes très vaniteuses et nous sommes prêtes à endurer n’importe quoi…
Son expérience de bibliothécaire lui avait enseigné que les « livres d’hommes » étaient souvent lus par les femmes mais que les « livres de femmes » n’étaient absolument jamais lus par les hommes, à de rares exceptions près.
Tout ce que les journaux racontaient, attaques à main armée, règlements de comptes entre bandes rivales, enlèvements, meurtres, restait de la littérature journalistique qui ne passait jamais les portes derrière lesquelles elle travaillait.
Seuls les livres entraient et sortaient. Des livres inoffensifs et silencieux.
Jusqu’à ce qu’un beau jour de juin…
Le Livre fit son apparition vers midi, peu avant la pause que devait faire Prudence pour déjeuner. Elle se trouvait au bureau des retours. En apercevant le volume, elle fronça le nez, signe de la plus grande désapprobation. Ses goûts étaient strictement classiques ; elle n’avait rien contre les lectures faciles, mais elle entendait par là Dumas, Scott et Dickens. Et il lui suffisait de lire le titre et le pseudonyme de l’auteur du livre qu’elle avait sous les yeux pour affirmer qu’il ne valait rien : l’Amant de Manuela par Orchidée Ollivant.
Même un chien errant est capable de gratitude.
La police connaissait son métier depuis belle lurette, elle était sans remords, et son intelligence aux têtes innombrables ne dormait jamais complètement. Mais, pris séparément, ses éléments étaient des êtres humains comme les autres.
Les innocents perdent parfois aussi bien la tête que les coupables.
Quelle façon d’apprendre que tout est fini… l’amour, le bonheur.