Connaissez-vous l'écrivain britannique d'origine japonaise
Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature en 2017 pour avoir révélé dans ses romans « l'abîme sous l'illusion que nous avons de notre relation au monde »?
Le personnage central et narrateur, Mr Stevens, est majordome. Un authentique « butler » anglais, pour qui cette charge est une vocation, une raison d'être et de penser.
1956. Mr Stevens entreprend seul un périple de six jours en voiture dans la campagne anglaise, pour rendre visite à Miss Kenton, l'ancienne intendante. La solitude et les paysages champêtres sont propices à l'introspection et aux réminiscences.
Réflexions autour de la question « qu'est-ce qu'un grand majordome ? »
Et comment se caractérise la dignité ?
Au cours de ses pérégrinations lui reviennent en mémoire des incidents qui ont jalonné sa carrière. Une carrière qu'il a voulue exemplaire. Trente-cinq ans au service de Lord Darlington, lors desquels son maître a eu l'honneur de recevoir des hôtes illustres tels que
George Bernard Shaw,
Sir Anthony Eden, Lord Halifax ou Lady Astor. Et lors desquels Stevens s'est employé à ne jamais rien laisser paraître de ses émotions.
Le roman dresse un tableau de la société anglaise des années 20 et 30, et est prétexte à aborder des sujets sérieux tels que les relations internationales entre deux guerres, notamment les conséquences du Traité de Versailles, l'antisemitisme et la montée du nazisme.
Certaines scènes m'ont bien sûr fait penser à la série Downtown Abbey, que vous connaissez peut-être.
J'ai aimé l'originalité du propos, l'écriture juste et sobre, merveilleuse alchimie entre le fond et la forme, et surtout l'humour « pince sans rire » de ce gentleman si respectable et si peu enclin au badinage. So British !
Si vous ne connaissez pas, je vous conseille ce petit bijou qui aux côtés d'un personnage unique et touchant nous emmène loin de notre monde. Suranné et intemporel.