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4,2

sur 1533 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le récit débute au milieu des années cinquante, Stevens, le narrateur, majordome vieillissant a voué toute son existence à sa profession. Depuis trois ans au service d'un riche américain, nouveau propriétaire du manoir de son ancien maître, le défunt Lord Darlington, il part pour quelques jours de vacances à travers la campagne anglaise. Délaissant exceptionnellement ses tâches, il espère pouvoir rendre visite à Miss Kenton, l'ancienne intendante de Darlington Hall qui a quitté sa fonction, deux décennies auparavant, pour se marier. Ces six journées de voyage sont l'occasion pour lui de se remémorer son passé, faire le point sur ses choix et le sens de sa mission. Derrière le phrasé policé et le masque du domestique modèle, d'une loyauté sans faille et fier d'avoir mis ses compétences au service des membres de l'élite britannique, se cache une personnalité beaucoup plus timorée et chancelante, qui par un mélange d'idéalisme et de lâcheté a suivi aveuglément les vues de ses maîtres tout en passant à côté de sa propre vie. Au fil du récit se dévoilent ainsi le naufrage de Lord Darlington, qui finit ses jours dans l'opprobre pour ses sympathies nazies, et l'amour avorté de Stevens et Miss Kenton. Il en résulte un roman aussi étonnant qu'émouvant sur le non-dit à l'écriture envoûtante, difficile à aborder, où l'émotion affleure sans cesse sous l'imperturbable standing du narrateur. Une lecture conseillée à tous les publics amateurs d'intrigues psychologiques à partir du lycée.
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Vestiges du jour, vestiges d'une vie -que reste-t'il lorsque, au soir de son existence, on fait le bilan des choix passés ?
Stevens, majordome à la soixantaine bien sonnée, a consacré sa vie à Darlington Hall. Il a toujours cherché la perfection dans son métier, afin d'entretenir son idéal de "dignité". Sur la proposition de son nouvel employeur américain, il s'octroie enfin quelques jours de congés pour visiter le Sud de l'Angleterre et retrouver Mrs Benn, l'ancienne intendante du domaine. Mais le voyage sera surtout introspectif, Stevens se remémorant les petits et grands moments de sa vie -jusqu'à se demander s'il a vraiment eu une vie.

C'est un roman à la fois drôle et triste. le décalage entre le flegmatisme de Stevens et la spontanéité de ses différents interlocuteurs m'a beaucoup amusée, d'autant qu'il est servi par un délicieux humour british. Mais au fur et à mesure de ma lecture, une impression de malaise m'a saisie en réalisant combien Stevens est prisonnier de ses aspirations professionnelles. Comment peut-on à ce point privilégier ses valeurs à la réalité, nier ses sentiments et émotions, renoncer à être soi ? Et surtout : comment réagir quand on comprend qu'on s'est trompé depuis le début ?
Par petites touches subtiles, ce livre pose des questions qui grattent, notamment quand on commence à atteindre un certain âge, et il a perturbé la (jeune, je précise !) quinqua que je suis -phénomène d'autant plus déroutant que l'histoire semble d'abord inoffensive. Et c'est pourquoi j'ai autant apprécié ce roman, malgré la douloureuse amertume qui en émane.

C'est donc un récit d'une grande finesse sous sa tonalité badine, et porteur de profondes réflexions "dérangeantes" sur nous-mêmes ; un bel ouvrage littéraire à l'écriture exquise, mais qui fait mal, quand même.
A lire avant qu'il ne soit trop tard !
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Je suis plutôt partagée sur cet ouvrage...
Le style d'écriture et le vocabulaire m'ont enchantée et s'adaptaient particulièrement bien au narrateur.
C'est ce dernier qui a rendu ma lecture parfois un peu laborieuse et troublante...
Ce personnage semble dénué d'émotion et totalement incapable d'en comprendre même le sens. C'est à la fois agaçant, déconcertant et intéressant. Agaçant parce qu'on imagine aisément que sa vie (ou même la vie des gens autour de lui) aurait pu être très différente s'il avait été capable de percevoir les émotions de ceux avec qui il était en interaction, y compris son dernier employeur. Déconcertant parce qu'il est assez impensable (pour moi en tout cas) qu'il ait été incapable de ressentir quoi que ce soit au sujet de certains événements, ou plus précisément, d'être capable de refouler ses émotions au point de faire croire qu'il ne ressentait rien. Enfin, intéressant de voir comme certains aspects d'une vie peuvent en affecter d'autres de façon très importante, et cela par choix plus ou moins conscient. Ici, c'est l'aspect professionnel (et la dignité indispensable dans son métier) qui occulte tout le reste à tel point que notre narrateur n'est même pas conscient des blessures qu'il peut infliger à son entourage (ou à lui même), ni de l'impact qu'il peut avoir sur leur vie (notamment sur celle de Miss Kenton), ni du fait qu'il se ment à lui même au sujet de son précédent employeur. Cet aspect est assez fascinant tout en étant exaspérant.
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Maîtres et esclaves version British.
Tout en finesse et en décalage subtil, le roman d'Ishiguro raconte une servitude volontaire, celle d'un majordome qui a donné à son maître- employeur "tout ce qu'il avait de mieux", c'est dire s'il s'est donné corps et âme à sa fonction. A trop vouloir obéir aux prescriptions factices imposées dans l'Angleterre post-victorienne à la domesticite, il a totalement sacrifié ses sentiments, ses émotions et sa personnalité.
Dans ce quasi monologue intérieur qu'il effectue au cours d'un voyage vers l'intendante qu'il aurait pu épouser , Stevens reçoit une avalanche d'émotions, entre déni et doute, auto-satisfaction et inquiétudes, illusions positives et mélancolie.

Salman Rushdie déclarait : "La réussite d'Ishiguro, c'est de poser les grandes questions avec un humour qui n'obscurcit pas l'acuité de sa pensée. "
Il joue très habilement du décalage entre les principes de Stevens et l'intelligence du lecteur qui perçoit, a posteriori, l'inanité de son comportement. Mais ce jugement du lecteur n'est jamais négatif et n'affecte pas l'empathie qu'il peut éprouver pour cet homme qui plaçait sa servitude sous le signe de la dignité et de la loyauté.
Le grand talent d'Ishiguro, c'est la subtilité avec laquelle il nous présente un personnage, de prime abord sans personnalité propre, pour nous amener, au fil de ses réflexions, à ne plus le juger de manière caricaturale mais à ressentir respect et émotion.
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Connaissez-vous l'écrivain britannique d'origine japonaise Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature en 2017 pour avoir révélé dans ses romans « l'abîme sous l'illusion que nous avons de notre relation au monde »?

Le personnage central et narrateur, Mr Stevens, est majordome. Un authentique « butler » anglais, pour qui cette charge est une vocation, une raison d'être et de penser.

1956. Mr Stevens entreprend seul un périple de six jours en voiture dans la campagne anglaise, pour rendre visite à Miss Kenton, l'ancienne intendante. La solitude et les paysages champêtres sont propices à l'introspection et aux réminiscences.
Réflexions autour de la question « qu'est-ce qu'un grand majordome ? »
Et comment se caractérise la dignité ?
Au cours de ses pérégrinations lui reviennent en mémoire des incidents qui ont jalonné sa carrière. Une carrière qu'il a voulue exemplaire. Trente-cinq ans au service de Lord Darlington, lors desquels son maître a eu l'honneur de recevoir des hôtes illustres tels que George Bernard Shaw, Sir Anthony Eden, Lord Halifax ou Lady Astor. Et lors desquels Stevens s'est employé à ne jamais rien laisser paraître de ses émotions.

Le roman dresse un tableau de la société anglaise des années 20 et 30, et est prétexte à aborder des sujets sérieux tels que les relations internationales entre deux guerres, notamment les conséquences du Traité de Versailles, l'antisemitisme et la montée du nazisme.

Certaines scènes m'ont bien sûr fait penser à la série Downtown Abbey, que vous connaissez peut-être.

J'ai aimé l'originalité du propos, l'écriture juste et sobre, merveilleuse alchimie entre le fond et la forme, et surtout l'humour « pince sans rire » de ce gentleman si respectable et si peu enclin au badinage. So British !

Si vous ne connaissez pas, je vous conseille ce petit bijou qui aux côtés d'un personnage unique et touchant nous emmène loin de notre monde. Suranné et intemporel.
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Une plongée dans le monde des petites mains de l'establishment anglais. Un majordome en fin de carrière entreprend un voyage pour revoir la gouvernante qui a longtemps travaillé à ses côtés. Ce voyage est l'occasion de se remémorer une carrière, de s'interroger sur le choix d'une vie dévouée à sa fonction. J'avais déjà apprécié l'adaptation cinématographique de ce récit, avec Anthony Hopkins et Emma Thompson. Il est agréable après avoir visionné un film réussi de découvrir la qualité de l'oeuvre littéraire original. Une lecture simple et divertissante à la "Downton Abbey" qui ne m'a pas laissé indifférent.
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Kazuo Ishiguro a quelque chose de plus que les autres n'ont pas : la lenteur, des sujets de romans souvent inexplorés et surtout une belle plume. On suit, ici, un majordome. C'est sciemment qu'il se met au service des autres en ayant choisi ce métier. Son nouveau patron, un américain, lui laisse sa voiture le temps de son absence. Il va sillonner l'Angleterre en se remémorant les points forts de sa vie et celles de l'ancien propriétaire, un lord anglais, qu'il a servi une trentaine d'années.
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J'avais bien aimé le film de James Ivory "les vestiges du jour" (1993) qui était une adaptation du roman de Kazuo Ishiguro.
Près de vingt ans après, j'ai redécouvert ce livre et apprécié sa lecture.
Sans doute faut-il beaucoup de patience et une certaine maturité pour apprécier l'exercice de style que nous propose l'auteur : pénétrer les souvenirs et les pensées que ressasse un majordome, alors qu'il sillonne les routes sinueuses de la campagne anglaise, mais surtout en saisir leur portée universelle.
Le récit est alambiqué, croisant lieux, époques et souvenirs de faits passés éveillés par des rencontres occasionnelles ou des incidents mineurs au cours de ce périple en automobile.
Honnêtement, l'histoire est ennuyeuse et évoque, en filigrane, une tranche d'histoire et de géographie d'une Angleterre qui n'existe plus.
Stevens, le majordome-narrateur radote mentalement et admet mélanger ses souvenirs.
Ce roman est un exercice de style littéraire brillant, un récit parfois intéressant quand on aime l'histoire et/ou l'Angleterre, mais pas vraiment exaltant.
Lien : https://www.roman-gnss-galil..
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Alors que le soir arrive, le meilleur moment de la journée, celui où la pression de la journée retombe, que reste t-il du jour passé ?

Hier majordome d'une importante maison, Mr Stevens, à l'occasion d'un voyage en voiture à travers le sud de l'Angleterre, se remémore les événements marquants de sa vie professionnelle, et de sa vie personnelle également. de la réflexion de base concernant la définition d'un grand majordome, il en arrive à la conclusion, qu'au-delà de la parfaite maîtrise des gestes professionnels, ce qui permet la distinction c'est la dignité. Oui, mais comment définir ce qu'est la dignité ?

A travers ses souvenirs on entre dans les milieux qui ont influencé (ou tenter de le faire) le cours de l'histoire de la première moitié du vingtième siècle. Durant tout ce temps, alors que les personnages le plus importants étaient reçus à Darlington House, il servait. Peu importait ce qui se disait, ou se tramait dans les salons feutrés de la noble maison.

A travers ce roman, d'une écriture fine et raffinée (merci à l'excellente traduction) se pose la question de la place du serviteur loyal et dévoué. Si l'on peut être fier du travail accompli dans la recherche constante de la plus parfaite réalisation possible, peut-on, sans craindre pour sa dignité, être fier d'avoir servi même indirectement une cause en contradiction avec ses valeurs profondes ?

Un roman qui incite à la réflexion sur la responsabilités du moindre rouage dans le cours des événements publics, politiques, historiques.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Majordorme, Stevens a dédié sa vie aux autres. Comme son père avant lui, il exerce ses fonctions, tout en pudeur, dans une haute demeure anglaise.

Longtemps au service de Lord Darlington, il s'est senti témoin discret des grandes décisions du monde. En effet, à l'aube de la seconde guerre mondiale, Lord Darlington est une figure de la diplomatie anglaise et rencontre des hommes influents. Malgré l'ombre qui plane autour de Lord Darlington, Stevens lui demeure fidèle et orchestre avec finesse et fierté le séjour des invités de marque au sein du manoir anglais.

Des années plus tard un riche américain a acquis le château. Stevens va connaître alors une transformation de son service. Il entreprend, pour la première fois, un voyage à la rencontre de Miss Kenton, l'ancienne gouvernante. Ce séjour sera l'occasion d'une immersion dans ses souvenirs et dans cette histoire d'amour manquée. Malgré les renoncements qui ont émaillé sa vie en raison de ses fonctions, Stevens conserve un souvenir ému et fier de son métier.

Ce roman où se mêle dignité et dévotion révèle avec émotion le poids d'une vocation sur une destinée.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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