Publié en 2008 par la maison d'édition indépendante Quiquandquoi (qui fait partie de la librairie des éditeurs associés), d'après une oeuvre originale parue chez Artbook Publishing, provenant de Séoul, cet hybride de la littérature jeunesse gomme tous les poncifs du genre. Au gré de 136 pages, c'est dans un monde à part que nous transporte Iwan, la créatrice de cet album ovni.
le récit en lui-même, totalement atypique, relate les aventures et découvertes d'un garçon aquatique dont le corps et les vêtements ne se distinguent pas. le jeune Hydromène vit dans une chambre baignée d'eau, un univers perméable qui regorge d'apparitions fantastiques. On comptera, parmi les visiteurs, monsieur Poisson, un personnage arborant lui aussi figure humaine, mais enveloppé d'une sorte de combinaison lui allant jusqu'au bas des jambes. À l'instar d'Hydromène, il est cependant pourvu de pieds, et non d'une queue de poisson.
le texte, fortement imprégné de la culture de son auteure, recèle de trésors de poésie propres à la formulation coréenne. de petites phrases courtes, qui en disent pourtant long, picorent les illustrations entièrement réalisées aux crayons de couleur. Elles se fondent dans le décor, épousant parfois même les formes et les contours des dessins. le graphisme très travaillé, la place de chaque mot, chaque trait, confèrent à ce livre une dimension artistique peu commune. Les pages sont comme autant de toiles qu'un lecteur amoureux aimerait accrocher aux murs de sa chambre.
La douceur prédomine dans cet album aux différentes teintes de bleu. le monde tel que le dépeint Iwan est segmenté en deux horizons distincts : il y a l'univers maritime et l'univers aride. le tunnel qui les relie est l'intérieur d'une chaise que découvre Hydromène. le « garçon des eaux » sera amené à faire ses premiers pas dans le désert en compagnie de la « jeune fille des sables ». Cette rencontre projette littéralement le désir d'aller vers l'inconnu, en dépit de la peur qui y est liée. Mais l'auteure démontre combien il est nécessaire de combattre ses angoisses pour s'enrichir d'images nouvelles (« La jeune fille et son désert lui ont offert plein de souvenirs. le corps liquide du garçon se souviendra éternellement de ce désert au vent sec qui côtoie l'eau où il vit… »)
Par ailleurs, les repères d'Hydromène ne sont pas les mêmes que les nôtres. Dans son monde, les « enfants » ressemblent à de minuscules lapins qui gambadent debout et habitent le désert. Lorsqu'ils manquent d'eau, ils s'évanouissent, et il faut alors les arroser pour les ranimer. Il est intéressant de noter le contraste entre ces créatures appelées « enfants » et Hydromène, lui-même nommé « garçon » dans le récit.
de par son atmosphère si spéciale et la quête philosophique qu'il véhicule, on pourrait presque trouver quelques points communs entre cet album et "
Le Petit Prince" d'Antoine de
Saint-Exupéry. Car après tout, Hydromène, qui porte un regard si pur autour de lui, vient également d'une autre planète…
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