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3,67

sur 93 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand en préambule d'un roman, on découvre la liste des personnages, on tourne la page en se disant qu'il sera toujours temps d'y revenir plus tard.
Mais quand cette liste compte plus de 70 noms, classés par époques sur plusieurs décennies, comme c'est le cas pour cette "brève (!) histoire de sept meurtres", on redouble d'attention et on se dit qu'il va falloir s'accrocher !
Alors on prend son courage à deux mains, on se cramponne fermement, et si l'on ne se laisse pas désarçonner par les premiers chapitres et le style pour le moins déroutant de Marlon James (qui fait même parler les morts !), on finit par dompter la bête !

Commence alors une chevauchée haletante au pays du grand Bob Marley, qui n'est jamais nommé par son patronyme et qui n'entre jamais en scène, mais qui constitue malgré tout le point d'ancrage d'un roman unique en son genre ! On y découvre une Jamaïque au bord du chaos, rongée par la drogue, la misère, les guerres de gangs et les complots politiques. Malheur au lecteur qui s'embarquerait dans cette aventure en dilettante : il risque de se perdre dans les méandres d'une intrigue dense et complexe, où les personnages sont nombreux et les fusillades plus encore !
L'histoire s'articule principalement autour de la soirée du 3 décembre 1976 au cours de laquelle "le Chanteur", qui préparait un concert historique pour la paix, est victime d'une tentative d'assassinat. Différents chefs de gangs, plus ou moins pilotés par les partis politiques rivaux de l'île, ou même par la CIA qui surveille de près la situation jamaïcaine, sont mêlés à cette opération qui tourne au fiasco.
S'ensuivront plusieurs réglements de compte, parfois un peu confus (mais toujours sanglants !), et la tension quasi-permanente qui émane de ce long roman choral tient le lecteur en haleine jusqu'au bout.
Entre Kingston et New-York, c'est une fresque pleine de puissance que nous propose l'auteur, et l'on sent à chaque page que Marlon James a véritablement son pays natal chevillé au corps. Pour lui, l'attentat contre Bob Marley n'est finalement qu'un prétexte pour dépeindre en détails l'effritement d'une nation, et les poudrières que constituent les ghettos livrés à eux-mêmes. Son roman, finalement bien loin du simple polar teinté d'espionnage, est manifestement le fruit d'un gros travail d'enquête sur la Jamaïque des années 70, et sur les collusions entre les responsables politiques locaux, cubains et américains, la presse, et les mafieux de l'époque.
Heureusement les personnages féminins ne sont pas en reste : chacun d'eux révèle une réelle profondeur et leurs personnalités tranchent radicalement avec celles des tueurs sanguinaires ou des complotistes, parfois un peu trop caricaturaux, qui les entourent.
Voilà au final un roman follement ambitieux, intense et éprouvant, mais diablement efficace !
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Merci à Babelio et à l'opération Masse critique qui m'ont permis de mettre la main sur ce livre assez imposant. J'aime les pavés, ils garantissent l'évasion et de longues heures de lecture. Encore faut-il qu'ils soient bien écrits. Ici, c'est en grande partie le cas.
Ce roman, Brève histoire de sept meurtres, est le produit d'un auteur jamaïcain, Marlon James. le point de départ est l'assassinat raté de Bob Marley en 1976, mais très vite on dépasse cet événement, pour un panorama plus large. Je n'en dis pas plus pour ne pas gâcher l'expérience de ceux qui voudraient se lancer dedans.
J'ai envie de qualifier le style d'écriture de dense, parce qu'il est assez déstabilisant de prime abord, et qu'il faut un petit temps d'adaptation. Et surtout, de très nombreux personnages s'y mêlent. Ils sont motivés par le pouvoir, l'argent ou la violence, et sont tous assez caractéristiques malgré leur multitude. La narration se fait à la première personne. J'ai un peu de mal avec, mais cela permet une immersion plus profonde dans les pensées des personnages. Ce qui est plutôt intéressant, parce qu'ils ne sont pas du tout lisses, et bien souvent torturés. D'ailleurs, certains passages sont assez durs, mais ce n'est pas forcément un point négatif, car cela concourt au réalisme de ce qui est décrit.
C'est un livre que je ne conseillerais pas à tout le monde, en raison du lyrisme parfois un peu trop présent à mon goût. J'ai parfois même eu un peu de mal à suivre le fil de la narration, ce qui explique ma note pas totalement positive. Mais c'est une expérience à tenter pour les lecteurs courageux, qui ont des soirées d'automne à occuper.
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854 pages, cinq parties, une action qui se déroule sur quinze ans, de la Jamaïque aux Etats-Unis, une cinquantaine de personnages, autant dire qu'entrer dans ce livre et arriver jusqu'au bout demande du souffle – tout en sachant qu'il est bien plus aisé de lire que de l'écrire.
Ne pas s'effrayer, ne pas rebrousser chemin : pas facile, tant la violence qui nous est racontée, décrite, est quotidienne. Tout peut arriver, n'importe qui peut devenir une cible, une victime. Personne n'est en sécurité, y compris quand la police est sur les lieux. Même Bob Marley, qui sera toujours appelé « le Chanteur ». Il sera toujours question de lui, implicitement, même après sa mort, et pourtant, il est la seule voix que l'on n'entendra pas dans ce roman polyphonique.
Presque tous auront la parole – y compris le fantôme d'un politicien assassiné, le gamin qui s'est engagé dans un gang, un tueur à gages ou une réceptionniste au chômage. Presque aucun n'en sortira indemne. Pourtant, une forme de rédemption est possible, à condition d'avoir de la chance (toujours utile, la chance) et la volonté chevillée au corps.
Le langage est souvent très cru, tout comme certaines scènes. Elles sont là et, finalement, servent aussi à caractériser la violence des relations entre les êtres -même les relations amoureuses.
L'humour est parfois présent – je pense au personnage d'Alex Pierce, journaliste très chanceux. Parfois. C'est grâce à lui que le titre du livre prendra son sens et me semblera aussi une histoire à continuer – ou pas.
Brève histoire de sept meurtres surprendra, étonnera, choquera sans doute, mais ne laissera pas indifférent.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Pas facile à suivre ce récit à plusieurs voix autour du chanteur reggae Bob Marley et de la Jamaïque, pas celle des vacances à la plage mais plutôt celle des gangs de rues de Kingston, la capitale. On est en 1976 : plaque tournante du trafic de drogue provenant de la Colombie, la Jamaïque inquiète aussi le gouvernement américain qui craint l'émergence d'un autre Cuba près de ses côtes. En effet, la prochaine élection pourrait voir un président issu du Parti national du peuple (PNP), aux tendances socialisantes, accéder au pouvoir. « La première fois que j'ai entendu Papa-Lo dire que des élections se préparaient, il l'a dit froidement et à voix basse, comme si le tonnerre et la pluie allaient s'abattre sur nous et qu'on y pouvait rien. » Depuis 1959, des agents de la CIA sont présents à Kingston et en cette année électorale, arpentent le territoire, tentant d'influencer le vote en faveur du Pari travailliste de Jamaïque (JLP), plus conforme aux visées capitalistes.
D'une extrême violence, cette histoire plonge au coeur d'un pays mystique où se côtoient mafieux, rastafaris, espions, journalistes, politiciens et trafiquants de drogues. Une lecture exigeante tant par les différents niveaux d'écriture attachée à chacun des narrateurs que par la densité du propos. Récipiendaire du prix Booker 2015, Brève histoire de sept meurtres mérite qu'on s'y attelle mais il faut bien s'accrocher car la route est longue et cahoteuse.
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Au bout d'une centaine de pages, j'ai du renoncer à aller plus loin avant de recommencer. Stoppez tout, retour en arrière, ce roman se mérite pour en voir le bout. le manque de fluidité du style d'écriture de l'auteur demande beaucoup de concentration, d'autant plus pour suivre les multiples protagonistes de l'histoire qui gravitent autour d'un personnage central en arrière plan, Bob Marley en personne.
Autant vous dire que ce n'est pas un guide touristique de la Jamaïque. Ca défouraille dans tous les coins, ça corrompt dans les arcanes du pouvoir, les politiques et les chefs de gangs fricotent ensemble pour arracher des voix ou des territoires à contrôler et tout cela sous le regard toujours "bienveillant" de la CIA...
O toi lecteur, laisse donc tomber la lecture d'une carte postale paradisiaque, tu vas prendre un aller simple pour 800 pages en enfer.
La Jamaïque idyllique de l'occidental lambda est sérieusement écornée par la réalité de la corruption, les inégalités sociales criantes de désespoir, les règlements de compte dignes des mafieux de Martin Scorsese...
Marlon James raconte la violence et le désespoir au rythme des paroles de Bob Marley qui parsèment tout le long du livre un peu d'espoir et de paix.
Un très bon roman foisonnant et riche sur la face cachée de la Jamaïque mais exigeant sur la lecture.
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Une brève histoire de 800 pages... à peine assez pour raconter un pays, mais beaucoup trop pour être résumé.
Car si cette brève histoire commence dans les années 70, par une tentative de meurtre, elle court ensuite jusqu'à nos jours, portraitisant une île et son destin de violence. Les conteurs sont multiples, ils sont la diversité qui peuple la Jamaïque. L'auteur passe de l'un à l'autre, d'un vécu à l'autre, forgeant une langue, un but, une posture propre à chacun. Cette brève histoire en mêle des centaines: des petites, des grandes, des trahisons, des espoirs, de petites et grosses magouilles... Elle tisse un quotidien fait de mille points de vue, de mille ambitions. Ce roman c'est celui d'une île étouffée par ses espoirs déçus, auréolée par un chanteur messianique, vérolée par les gangs et la politique.
Ce roman c'est celui qui manquait pour lever le voile d'un pays qu'on ne connaît que par Son Chanteur, mais dont on ignore tout du reste. Il est mené d'une main de maître par un auteur qui connaît les codes et vous plonge littéralement dans un vivier humain, profond, sombre et terriblement addictif. Ne soyez pas effrayé par sa densité, elle n'est rien comparé à la richesse de son texte.
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C'est un pavé certes, mais avec de nombreux narrateurs différents (dealer, journaliste, pute, agent de la CIA..)
Cela complique le récit, mais le rend plus léger à lire, grâce à ces styles différents. Une bonne explication des liens entre la Jamaïque et les USA. Intéressant !
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