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3,67

sur 93 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une plongée fascinante dans la Jamaïque de Bob Marley avant, pendant et après la tentative d'assassinat du chanteur qui a eu lieu le 3 décembre 1976.

800 pages, près de 70 personnages qui ont chacun leur voix et leur propre regard des événements. Chacun a un rôle à jouer dans cette Jamaïque au bord du chaos. La CIA veut faire pencher les élections de son côté ; deux gangs s'affrontent ; tous les deux manipulés par les hommes politiques du pays ; la drogue s'exporte ; les morts s'accumulent mais, au milieu des décombres, Bob Marley, idole du pays, chante la paix et l'unité.

On lui tire dessus.

Qui a commandité cet assassinat manqué ? Que cela révèle-t-il de son pays ? Et comment s'échappe t-on de cette situation ? Comment retrouver la lumière du jour quand tout un quartier, tout un pays est plongé dans les ténèbres ?

Certains personnages s'en sortiront -peut-être !, pas le lecteur.

C'est violent, brutal, triste, désespérant même, mais c'est aussi d'une incroyable beauté. Il est impossible d'abandonner la lecture du livre, d'abandonner ne serait-ce qu'un seul de ces personnages quasiment tous inspirés de personnes réelles.
C'est que Marlon James se met dans la peau de tous ses personnages, sans jamais les juger, il adopte leurs tons, les rend vivants, parfois attachants, parfois terrifiants. Certains ne font qu'un passage éclair, d'autres s'expriment sur des centaines de pages, tous permettent au lecteur d'avoir un regard unique sur la Jamaïque.

Je ne sais pas s'il est possible d'appréhender totalement la situation complexe d'un pays au bord du gouffre à travers un roman mais ce livre est la tentative la plus réussie que j'ai pu lire à ce jour.


"This ambush in the night
Planned by society
Ambush in the night
They tryin' to conquer me"
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Voilà une des grandes révélations de l'année ! Un pavé de plus de 800 pages mais à la force narrative incomparable, au style démentiel et à l'originalité sans faille ! Brève histoire de sept meurtres s'impose parmi les grands romans de la rentrée littéraire : à ne surtout pas manquer !

Tout tourne autour d'une personne : le Chanteur, et pourtant ce dernier n'aura jamais le droit à la parole, il sera décrit par ses proches, ses ennemis; il est tel un symbole ou un fantôme qui hante le roman sans jamais faire d'apparition concrète. Mais Bob Marley n'est pas le sujet de ce roman, c'est l'histoire d'une nation, c'est l'histoire du lien intrinsèque entre deux pays, c'est l'histoire des hommes qui sont dans L Histoire, qui y jouent un rôle a priori anodin mais si important, c'est puissant, addictif et grandiose !

A l'image du grand Ellroy, Marlon James dépeint de nombreuses périodes et de nombreux lieux, il transcende le cadre spatio-temporel et va amener de nombreux protagonistes à devenir narrateur : un mort, des membres de gang, des femmes perdues et au chômage, des journalistes, des agents du gouvernement américain... Ils seront tous vos compagnons de lecture et vous emmèneront dans une grande aventure, un voyage incroyable : sur les traces de ceux qui ont voulu attenter à la vie de Tuff Gong (ou Bob Marley pour les intimes).

J'ai eu un vrai coup de coeur autant pour le style qui s'adapte magistralement à la personnalité de chaque narrateur, que pour l'histoire qui est unique. Cependant la grande force du livre se trouve dans les personnages. Vous allez découvrir leur passé, leur présent et leur avenir, vous allez assister à leur déchéance, à leur chute, à leur mort ou parfois à leur rédemption. J'ai particulièrement aimé le personnage de Bam-Bam car son passé est d'une grande tristesse, Weeper pour son mystère intrinsèque ou encore Nina Burgess, une battante dans un monde corrompu.

En définitive, c'est ce que l'on appelle un chef d'oeuvre !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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C'est quand on tient entre ses mains les 850 pages et pas loin d'un kilo du roman de Marlon James que l'on mesure l'ironie de son titre. Rien ne sera bref là-dedans et rien ne sera non plus aussi léger que le colibri qui orne la couverture. de fait, cette histoire qui débute en Jamaïque en 1976 pour s'achever à New York en 1991 et qui mêle les trajectoires de dizaines de personnages se révèle d'une rare densité.
Tout commence par la journée du 3 décembre 1976, à deux jour du concert Smile Jamaïca, que le Chanteur – dont le nom n'est jamais prononcé ici – doit donner à la demande du Premier ministre Michael Manley, leader du People's National Party (PNP). Les élections approchent et la CIA, dans sa logique de containment du communisme, verrait bien le Jamaïca Labour Party (JLP), plus à droite, les remporter. Mais le soutien du Chanteur, star mondiale du reggae adulée par la population, au PNP est un obstacle. Dans le contexte de guerre civile dans lequel vit alors la Jamaïque, il est aisé pour les Américains de trouver du monde pour exécuter quelques sales besognes. Les gangs JLP qui tiennent Copenhagen City, l'un des ghettos de Kingston, sont mis à contribution et, en ce 3 décembre 1976, une équipe tentera d'assassiner le Chanteur. Ce sont essentiellement les membres de ce commando que l'on va suivre lors de cette première journée. Eux, mauvaises graines du ghetto, enfants soldats ou gangsters accomplis, leurs instructeurs américains et cubains, mais aussi un journaliste de Rolling Stones, une jeune femme enceinte faisant le pied de grue devant la maison du Chanteur, quelques politiciens locaux et membres d'un gang adverse au service du PNP.
Cette journée fondatrice donne le ton. Marlon James saute d'un personnage à l'autre, collant au plus près à ses pensées, entrant littéralement dans sa tête. C'est donc à travers les yeux de chacun d'entre eux, avec toute la subjectivité que cela implique, que l'on suit les événements, que l'on voit se matérialiser ce Kingston sous haute tension, que l'on comprend les implications de chacun, les lignes de fracture. Que l'on découvre surtout la force de l'écriture de Marlon James, protéiforme, capable de s'adapter avec subtilité à chacun des personnages. Rugueuse lorsqu'il s'agit de faire parler le chef de gang Papa Lo, débit de mitraillette, haché, lorsque l'on passe à Bam-Bam l'enfant tueur, plus lisse avec Barry Diflorio le chef de station de la CIA, faussement cool chez Alex Pierce le journaliste décidé à s'imprégner de la culture jamaïcaine sans pour autant pouvoir se détacher d'une certaine condescendance, plus lasse mais combattive pour Nina Burgess…
De tout cela émerge peu à peu la figure de Josey Wales, exécuteur des basses oeuvres du gang de Copenhagen City calqué sur le personnage bien réel de Lester « Jim Brown » Coke, fondateur du Shower Posse qui devient ici le Storm Posse, gang jamaïcain implanté dans les grandes agglomérations américaines et en cheville avec les cartels colombiens. Marlon James décrit ainsi la façon dont, en l'espace de moins de deux décennies, la CIA crée un monstre qui lui échappe et finit par porter la violence des ghettos jamaïcains sur son sol. En s'attachant à demeurer au plus près de ses personnages, il évite les explications fastidieuses, compte sur l'intelligence du lecteur pour faire les liens, combler les non-dits. Il réussit par ailleurs à offrir une compréhension charnelle des tensions sociales et raciales, certains chapitres se révélant être d'extraordinaires expériences de lecture.
C'est peu dire que Brève histoire de sept meurtres est un roman à part, ambitieux et exigeant dans le fond comme dans la forme, instructif sans être didactique. Déstabilisant dans ses premières pages, il devient vite passionnant et même, stimulant. Impressionnant.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Magnifique roman. Une écriture sèche, brutale pour décrire les quartiers pauvres, les bidonvilles de Kingston sous le contrôle des gangs, les luttes sans fin et l'extrême violence entre gangs pour le contrôle des trafics manipulés par les politiques eux-même marionnettes entre les mains de la CIA, ou bien sous le contrôle des cartels de la drogue. Marlon James, nous raconte l'histoire de sept tueurs qui ont tenté d'assassiner Bob Marley en 1976. Au travers de leur parcours vu par chacun des personnages c'est l'occasion d'essayer de raconter cette violence inhérente à l'enfer dans lequel sont maintenus des populations entières pour des raisons politiques et géo-stratégiques, d'expliquer les conséquences d'un tourismes blanc occidental dans ces îles des Caraïbes qui relève du pur colonialisme et emprunt d'un racisme latent. L'auteur nous raconte comment les politiques et les pouvoirs externes les soutenants ont cherché à détruire le mouvement initié par Bob Marley, pour réconcilier les factions et ramener la paix, l'espoir aura duré un an ! le roman est truffé de référence à la culture jamaïcaine, au différent genres et styles musicaux qui accompagne cette époque. Un roman coup de poing, qui invite à réécouter et lire les textes des chansons de Bob Marley, comprendre ou du moins s'interroger sur la situation sociale et politique dans les îles des caraïbes et les conséquences encore aujourd'hui du colonialisme et du racisme.
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Extrait de ma chronique (en 3 parties, "Jamaican Tabloid", "Dodécaphonie", "Un héros, un grand méchant et une Cassandre" :

"Comme Catherine Dufour (qu'il ne connaît sans doute pas), Marlon James prend grand soin de singulariser, linguistiquement parlant, chacun des 12 personnages auquel il donne la parole : pour ne citer que quelques-uns des tics les plus voyants, Papa-Lo nous apostrophe en nous appelant "gentlemen" (ou "braves gens") ; Demus organise systématiquement son discours à l'aide de "voici" ou "voilà", etc.


Ce n'est pas qu'un brillant exercice de style : comme l'explique Marlon James dans un entretien accordé à Vogue, c'est bien sa volonté de servir une histoire au mieux qui le conduit vers des narrations inhabituelles ("je ne commence pas par me dire 'je vais repousser les limites de ce qu'est un roman' ; en fait, je fais même l'inverse").


Comme l'écrivait Isabelle Boof Vermesse dans un article sur Ellroy, une telle structure polyphonique pousse en effet le lecteur ou la lectrice "à ne pas se concentrer sur une causalité linéaire inducto-déductive (comme dans le roman policier classique) mais au contraire à envisager les choses globalement, à prendre en compte les échanges simultanés de toutes les parties du système, l'accent étant mis sur l'interaction et l'interférence" – et dans cette interaction peuvent, possiblement, se dévoiler des choses qui ne seraient pas apparues autrement."


Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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En 846 pages, Marlon James nous brosse une série de portraits qui, mis bout à bout, délimitent une certaine Jamaïque. C'est tellement riche et complexe que l'on peut prendre ce roman par plusieurs bouts.

On suit l'ascension, l'apogée et la chute de Josey Wales, un tueur affilié à un gang de Kingston. D'homme de main, il devient Don, en doublant son propre boss et en s'acoquinant avec Medellin d'une part pour la C et le crack, et avec la CIA d'autre part (ce qui n'est de toute manière pas contradictoire). Il s'implante à New York. Puis il est lâché par les mêmes qui l'ont placé à la tête des traffics. Au suivant ! L'Histoire est un éternel recommencement.

On suit la fuite de plusieurs témoins de la tentative d'assassinat du Chanteur, jamais nommé, mais que l'on ne peut manquer d'identifier. On décrypte certaines de ses chansons, dont la moindre n'est pas Buffalo Soldiers, posthume.

Ces témoins sont une femme qui vivra dans la crainte d'être rattrapée, exécutée pour ce qu'elle a vu. C'est aussi un journaliste qui a compris les rouages de la tentative d'assassinat sur le chanteur. C'est le dynamiteur en chef mandaté par la CIA. Ce sont plusieurs petites frappes jamaïcaines, dont le quotidien est fait de lignes de coke, de viols, de meurtres.

C'est sombre et violent. On pense à Ellroy. Déjà en soupesant le volume... mais pas seulement. On pense à Toni Morrison, pour les aspects ethniques. Mais à B.E. Ellis aussi pour les scènes de sexe décrites crûment. Ou celles d'intimidation. Et à plein d'autres.

Marlon James structure son roman choral de manière tout à fait convaincante, brillante. On retrouve plusieurs époques-clés, chaque chapitre portant le nom du protagoniste principal, celui qui porte le récit du chapitre en "je". Et l'auteur arrive à bien rendre les spécificités de chacun, le langage, le style, les tics... Puis, la dernière partie fait la synthèse. On suit Josey Wales en attente d'extradition vers les USA, une infirmière en exil à New York et le journaliste qui a commencé à relater la tentative d'assassinat du Chanteur.

Le résultat est un hymne à la Jamaïque. Marlon James aime son pays. Mais cet amour passe par la lucidité. Rien ne sert de se voiler la face.

Et, bien sûr, le point final n'en est pas un. le Don est mort, longue vie au nouveau Don...
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Partant des événements et des personnages entourant la tentative d'assassinat de Bob Marley, chanteur reggae pacifiste, en décembre 1976, cette fresque épique dépeint les sombres pouvoirs qui régissent la société, en Jamaïque comme aux Etats-Unis.
Et bien que dire de plus que toutes les merveilleuse critiques que l'on peut lire sur ce titre. Pas grand chose. Sauf peut-être qu'ado j'ai beaucoup écouté et joué Bob Marley. Il a été une idole pour moi, alors que je ne suis pas très idole en fait ! Alors ce livre a été une merveilleuse plongée dans mes jeunes années qui a éclairé mes croyances adolescentes et réveillé mes révoltes de l'époque.
Et puis encore que Bob Marley n'est pas le sujet du livre. C'est juste un fil rouge.
Et il y a aussi cette extraordinaire galerie de personnages que l'on va suivre tout au long de ce roman choral. Personnages que Marlon James fait vivre avec fureur qu'ils en sont parfaitement incarnés.
Ce premier roman, traduit en France, de Marlon James est une sacré découverte. Et il est certain que je n'en resterais pas là avec cet auteur
Lien : https://collectifpolar.com/
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Bon j'avoue je ne l'ai pas encore finis mais qu'est-ce qu'il est génial ce roman!! L'esprit du pays, des implications, la culture, les racines tout y est représenté. Les personnages nous laissent un petit brin de pensée au fil des pages et apporte petit à petit quelques détails à la trame du roman. J'ai adoré découvrir ces personnages crus, perspicaces, envolés, réalistes. Sur fond de Bob Marley je le conseille à tous les amateurs du genre.
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Magnifique épopée au coeur de la communauté jamaïcaine depuis décembre 1976 jusqu'en 1991. La préparation de la tentative d'assassinat de Bob Marley n'est que le point de départ de ce roman dont les trois premières parties se déroulent en Jamaïque et les deux dernières aux Etats-Unis. Les événements sont narrés par divers protagonistes ayant eu un rôle actif ou ayant été impliqués malencontreusement dans ce fait divers. On les suit ensuite dans cette Jamaïque bouillonnante où la débrouille, les gangs et la violence permettent de survivre ou entrainent la mort. Certains personnages émigrent pour les Etats-Unis afin de fuir cette ambiance folle mais tout continue car, là aussi, il faut se débrouiller pour vivre. Ce livre est époustouflant du début à la fin. le lecteur est plongé dans l'univers de chacun des personnages subtilement au travers d'un style de narration propre à chaque protagoniste. Ce faisant, l'auteur nous brosse le tableau de la politique de son pays, le système en place, les alliances et la vie sociale. On pleure, on angoisse mais on rit aussi tout au long des 850 pages de ce roman. C'est assurément un gros coup de coeur en ce qui me concerne que je recommande à tout amateur d'histoire à saveur exotique.
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Difficile de vous raconter ce livre qui n'a de bref que son titre… Mais cela n'a pas la moindre importance quand on plonge dans un chef d'oeuvre ! Avec une plume enivrante et un style absolument époustouflant, Marlon James nous propose une fresque historique et sociale particulièrement riche, dense et captivante, un portrait de la Jamaïque comme on l'a rarement vue, comme on l'a rarement lue ! En plus d'être fascinant, ce livre est fort bien construit et servi par une narration audacieuse, ce qui le rend tout à la fois intéressant et fascinant… Mon seul regret, c'est d'avoir autant tardé à le découvrir !

Lu en novembre 2021
Lien : https://deslivresetmoi7.fr/2..
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