Libérée sur parole
Dans les années 1500 au Mexique.
Les habitants du petit village d'Oluta ont l'habitude de voir leurs voisins Aztèques prélever régulièrement des hommes et des femmes destinés aux sacrifices humains. C'est ainsi que la jeune Malinalli a vu partir son père.
Avec les Aztèques, on a souvent des pépins.
C'est pour mieux se défendre face à ces hommes menaçants que la jeune femme a appris leur langue, le Nahuatl, elle qui ne parlait que le Popoluca, la langue de sa tribu.
Contre toute attente, le danger ne viendra pas de ces Mexicas. Sans doute vendue par les notables de son village, elle est enlevée par des marchands d'esclaves qui la livrent aux Mayas, l'autre grande peuplade du Mexique.
Travail forcé, humiliations, vaine révolte, elle choisit de rentrer dans le rang, d'apprendre une nouvelle langue, le Chontal et de subir résignée, les assauts du vieux chef à qui elle a été attribuée.
Elle révise ses caciques en quelque sorte.
Huit ans plus tard, les Espagnols débarquent, conduits par
Hernan Cortes. Là encore, contrainte de servir de domestique et d'esclave sexuelle, la jeune femme va profiter de son don pour les langues. Elle apprend l'espagnol et devient rapidement une interprète indispensable entre les Conquistadores et les Azteques de l'empereur Moctezuma.
Le récit est particulièrement intelligent, brodant autour de la légende de Malinche, considérée à la fois comme une collabo pour avoir servi de traductrice aux Espagnols, et une femme qui aura su survivre et mettre en relation plusieurs peuples. Pour le pire ? Sans doute, mais les Aztèques ou autres peuples n'avaient pas attendu Cortes pour s'entre tuer ou napper de sang les marches de leurs pyramides.
Malinalli, Marina, ou Malintzil «
celle qui parle » ou enfin Malinche, dans la légende qui l'entoure désormais qui fait d'elle une traitresse ou une héroïne, au fond, peu importe. le récit, non dénué d'humour que livre
Alicia Jaraba, présente l'histoire d'une femme qui a su prendre son destin en main et survivre aux hommes qui ne voyaient en elle qu'une bête de somme ou de plaisir.
Au-delà des faits historiques incertains, c'est donc cette courageuse démarche d'émancipation qui est soulignée et qui fait tout le poids de cet ouvrage.
Le dessin d'
Alicia Jaraba est simple mais élégant et expressif, et sert parfaitement le propos. Les scènes les plus terribles sont montrées avec pudeur, peut-être trop édulcorées finalement, dans la mesure où il s'agit quand même de viols.
Pourtant, à la fin de la lecture de cette BD, mon sentiment est mitigé car si j'ai beaucoup apprécié, je n'ai pas non plus été transporté ou ébloui.
Bien qu'intéressant, le sujet m'a semblé malgré tout assez anecdotique pour justifier totalement un album de près de 200 pages. Présenter Malintzil aujourd'hui en 4ème de couverture, comme « une des plus grandes figures féminines de l'Histoire » me semble surtout relever de la volonté de revisiter
L Histoire pour donner aux femmes la nécessaire visibilité qui leur revient. C'est louable et le symbole est « parlant » ici, mais je ne suis pas persuadé que ce soit l'exemple le plus pertinent.
Merci à Babelio et à la Collection
Grand Angle pour cet envoi dans le cadre d'une Masse critique privilégiée.