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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette suite au tome I d'Une nuit à Aden est nettement plus romancée, avec des temps très forts, beaucoup d'introspection, énormément de considérations religieuses et une histoire qui finit bien. Grâce à Babelio et à Emad Jarar, j'avais reçu les deux tomes en même temps mais j'ai laissé passer volontairement du temps avant de lire cette suite.

Si le tome 1 visait un but pédagogique, détaillant méthodiquement les sourates du Coran ainsi que les implications de la Sunna, il contenait quelques éléments essentiels à la compréhension de l'histoire développée dans le tome 2. En effet, Emad Erraja, le héros, avant d'être nommé au Yémen sur un poste de l'ONU, avait travaillé et vécu à New York où il avait rencontré une jeune française, Adèle, et développé un amour fou pour elle qui menaçait de tomber dans les filets d'un islamiste.
À la fin du premier tome, il nous avait présenté son travail au Yémen et nous le retrouvons là-bas, en 1991, dans un pays réunifié mais sous la menace des tribus sunnites du sud et de l'est car le conflit irakien déséquilibre tout le Moyen-Orient. Les islamistes yéménites rentrent d'Afghanistan et le FIS (Front islamique du salut) a le vent en poupe en Algérie et se prépare à prendre le pouvoir au FLN tout puissant depuis l'indépendance.
Errad file le parfait amour avec une pédiatre bulgare, Yuliya, et ils se déplacent dans le pays avec une fausse attestation de mariage car : « Les relations adultères et le concubinage, illicites selon la Sharia, étaient passibles de sanctions pénales. » En tant que musulman, Errad doit se soumettre à la loi islamique mais voilà qu'un contrôle, sur un barrage routier va avoir de terribles conséquences impossibles à révéler pour ne pas divulgâcher –j'adore ce mot hérité de nos cousins québécois et qui vient d'entrer dans le dictionnaire - la suite de l'histoire.
Un officier, visiblement membre des Frères musulmans est très suspicieux, pose quantité de questions et oblige Errad à se fâcher, se faisant traiter de mécréant… Finalement, les deux tourtereaux parviennent à Aden : « Dans la péninsule arabique, Aden était un peu un havre pour les non-musulmans en quête de s'affranchir des rites austères de la Sahria. »
Soudain, le roman s'emballe et plonge dans l'horreur. L'auteur révèle un grand talent pour exprimer ses sentiments, ses souffrances, ses pensées, ses espoirs, son horreur devant le sort qui est fait à son héros. de nombreuses mises au point sont encore faites analysant très finement les implications dans la vie quotidienne d'une religion comme l'islam.
Il y a de l'action aussi mais la fin bascule complètement dans la religiosité avec un choix cornélien entre judaïsme et chrétienté que je peux comprendre. Par contre, la référence constante à Dieu, l'inscription d'un enfant dans une école confessionnelle parce qu'il paraît qu'il n'y a pas mieux, cela me révulse vraiment. Dommage que l'auteur n'ait pas mis en exergue la laïcité qui permet à toutes les religions et surtout à ceux qui n'en veulent pas de vivre en paix dans notre pays.

Cet aspect du roman m'a fortement déplu, comme la pirouette finale, dans une église, bien sûr !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Une fois n'est pas coutume, j'ai entamé par le tome 2 cette aventure offerte par Babelio et les Éditions Iggy Book, que je remercie.

Selon les conseils de lecture de l'auteur Emad Jarar, dans un petit mot très aimable, m'informant que le tome 1 se présente plutôt comme un essai sur l'Islam, d'une lecture plus ardue, j'ai préféré lire d'abord le tome 2. Celui-ci se présente comme un roman et peut se découvrir indépendamment du tome 1.

Emad est un homme au carrefour entre plusieurs cultures, entre Orient et Occident, entre religion chrétienne et musulmane. Il s'enrichit de toutes les différences, de la Palestine à Alexandrie, de New York au Yémen et finalement à Paris, sans oublier quelques révélations sur son arbre généalogique qui vont le chambouler.

À travers les péripéties de son parcours, où les personnages semblent prédestinés à se rencontrer, on plonge dans un milieu de violence, là où les hommes confondent l'Islam avec la haine de l'autre, avec tout ce qui est étranger à leur mode de pensée. Le récit est parsemé de nombreux passages érudits, de réflexions pointues sur la spiritualité.

Parfois j'ai été surprise par le ton du roman. Un ton de légende orientale, comme si le personnage évoluait dans un siècle reculé, sur le fil du Destin. C'est ce qui fait la particularité de ce roman. Les dialogues sont poussés jusqu'au détail, jusqu'à l'introspection, déroutants parfois par leur acuité, pas tout à fait ce qu'on attend dans les moments intenses du récit. Alors il faut s'adapter à ce côté insolite et apprécier la richesse de l'enseignement sur le choix d'une culture, d'une religion, d'une patrie.

Les extraits de sourates m'ont surprise par leur violence. Je sais pourtant que l'Islam prône aussi la tolérance et que la Bible ou la Torah ont aussi leur part de raisonnements archaïques, complètement inadaptés au monde contemporain. Et sans doute les extrémistes incultes fondent-ils leur haine, leur suprématie en appliquant textuellement, sans recul, les passages d'une violence insupportable du Coran, comme ont pu le faire les chrétiens lors des Croisades.

Certains passages ont eu ma préférence. La rencontre avec le petit garçon, Imad, dont le regard sur le monde est déroutant, de part son enfance violente et hermétique, en fait partie.

J'ai apprécié ce roman pour les repères qu'il apporte au lecteur, à travers le personnage d'Emad. Un voyageur qui ne reste pas enchaîné à sa culture de naissance, et s'ouvre vers d'autres horizons, là où il se sent le plus libre de penser.
Je ne suis pas sûre qu'adopter une autre religion soit une façon de se libérer. Pour moi, c'est tomber sous le joug d'une autre croyance, à moins de faire la part de ce qui nous convient, sans tout accepter.
Emad choisit ici plutôt une culture qu'une religion, ce qui fait la force du roman.

« Comme le disait si bien l'exilé andalou Averroès (ibn Rochd) : le savoir acquis dans un pays étranger peut être une patrie, l'ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays. »

Et je poursuis ma lecture par le Tome 1 pour aller un peu plus loin dans la découverte, car le tome 2 a aiguisé ma curiosité.


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Grâce à @babelio_ j'avais pu lire (avec du retard à cause de l'agrégation) le tome 2 d'Emad Jarar. Je ne connais rien de l'auteur à part ce qu'il a pu peut-être raconter de lui par le narrateur du récit d' "Une nuit à Aden". J'ai aussi parcouru le tome 1 qui est surtout un essai au sujet de l'islam. Vous y retrouverez maintes citations et maints arguments pour démontrer que l'islam des intégristes n'est pas l'islam de la plupart des pratiquants/croyants. Ce type de parti pris, vous allez me dire, n'est pas nouveau ? Pourtant, Emad Jarar le fait avec originalité, je trouve, et sans langue de bois.
Mais revenons au tome 2. Emad, un Palestinien, travaille pour les Nations Unies au Yémen dans les années 90, région toujours à feu et à sang. Dès le départ, Emad donne le ton. L'islam dont il va parler est celui des intégristes, des terroristes. Il fait une rencontre malencontreuse : il est arrêté par un homme qui le juge et le discrimine pour sa religion (Emad se fait passer pour chrétien). En effet, Emad est issu des deux cultures : de sa mère il a reçu une éducation chrétienne, de son père il est plutôt musulman. Après de brillantes études en Occident, Emad est capable de vous démontrer par A+B ce que le Coran dit ou ne dit pas. Quelques jours plus tard, Emad se fait enlever et il est emprisonné comme otage français chrétien.

Cette réflexion morale et spirituelle est véritablement intéressante. Emad Jarar a une écriture très fluide, parfois très belle, même poétique. Ses histoires d'amour sont tendres et ses digressions religieuses passionnantes. le suspense grandit à chaque page ce qui en fait rapidement un page turner. Ça n'est malgré tout pas un thriller à l'américaine mais bien un récit rigoureux qui plonge dans les facettes de l'islam et même du judaïsme et du christianisme.

Pourtant la fin m'a laissée dubitative. Je pensais réellement, vue la mentalité de l'auteur, que ce dernier irait vers une autre piste que celle-là car, avant cette fin décevante (le choix de sa religion officielle), un des rebondissements de l'histoire m'a laissée stupéfaite dans le bon sens du terme. L'histoire aurait pu s'arrêter là, sur ce message de tolérance, d'ouverture aux autres, peut-être sur son message de laïcité, mais ça n'est pas le cas, autant vous prévenir. A moins que je n'aie pas tout compris.

Cependant, la vision de l'auteur est nécessaire dans le panorama littéraire musulman. Il offre un regard "occidentalisé", certes, mais baigné de religieux, dans son parcours métisse. Dans le tome 1, ce regard me paraissait plus optimiste, tandis qu'avec le développement de l'histoire du tome 2, il est bien évident que l'auteur ne voit rien de positif dans l'évolution de la religion de son père aujourd'hui.

Quelques pages sont vraiment magnifiques lorsqu'il décrit le véritable fondement de la religion musulmane, lorsqu'il décrit la beauté de cette culture, l'apport de la religion dans la littérature. Et comme je l'ai déjà dit, c'est le dernier rebondissement avant la fin qui m'a énormément plu. J'ai néanmoins appris beaucoup de choses sur le Coran et l'histoire des pays arabes et du Moyen Orient.

Face à l'érudition de l'auteur, je m'excuse pour cette chronique légèrement confuse et j'espère tout de même lui avoir rendu justice.

A lire!


Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Merci à Babelio et à Emad Jerar pour son gentil mot d'accompagnement .Ce second tome m'a semblé plus facile à lire que le 1er ,l'érudition est davantage diluée dans la fiction .Cela reste toutefois un livre savant ; de par sa connaissance pointue du monde arabe, de son histoire, de sa politique ,de l'Islam et des religions monothéistes en général. J'ai apprécié les digressions sur la politique culturelle de la France , la présence de ses lycées et instituts français à l'étranger qui sont certainement parmi ses meilleurs réseaux d'influence .J'ai aimé ses réflexions ,questionnements sur la paternité et les liens filiaux mais surtout sa conclusion qui est un éloge de la tolérance puisque le héros se retrouve au final américain ,français ,israélien ,musulman, chrétien et juif !
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