J’avais toujours cru que c’était la mort qui nous dépouillait de tout, qu’elle était l’ultime vérité de ce monde… Je me trompais. L’amour seul à ce pouvoir. C’est une évidence qui balaie tout ce que l’on a patiemment bâti et que l’on a pris pour vérité. A travers le lien qui m’unit à ma fille, je perçois cette force si absolue qu’elle nous aveugle au point de en plus la voir alors qu’elle est en toute chose, en tout être, en tout acte… L’amour est ce qui nous relie les uns aux autres, au-delà de toute affinité, au-delà des distances, au-delà du temps lui-même. Il est un pont entre les êtres. L’amour est tout ce qui restera du monde quand celui-ci aura sombré dans l’interminable nuit de Hej. Il est cette force qui façonne les continents, le monde et même l’univers.
Le génie c'est de s'adapter à la nécessité du moment.
Ce n'est que la veille de notre arrivée, alors que nous campions sur une hauteur qui balayait les plaines du royaume du Léhon, que je pris conscience que je revenais chez moi...
... Et ça, c'était plus effrayant que tout ce que j'avais pu affronter ces dernières décennies.
- Des bavettes ? Il ne s'agit pas de tricoter un napperon géant !
- Parce que tu crois vraiment qu'il faut sortir du couillard droit d'Yjdad pour boulonner une poutrelle ou tenir une pioche ?
Je ne veux pas être piégée, comme toutes ces bavettes écervelées qui se font faire un marmouse par le premier venu et qui passent le reste de leur vie à se lamenter sur leur sort... Nous sommes les mères de notre peuple, et pourtant, à moins de savoir manier un tranchoir, nous sommes esclaves des poilus. Nous existons pour vous donner une descendance ou assouvir votre lubricité! Quelle place nous reste t'il en ce monde si nous ne pouvons être reconnues pour nos véritables talents?
J'étais restée enfermée 14 jours. C'était le temps qu'il m'avait fallu pour me convaincre que je n'étais pas folle.