La singularité, le pittoresque de la réunion, faisaient presque oublier à Christine la tragédie qui l’avait motivée. A maintes reprises, elle avait lu des articles, des livres traitant de ce peuple singulier qui va de par le monde, que l’on désigne sous des vocables multiples : tziganes, bohémiens, romanichels, gitans, gipsies, selon les pays vers lesquels ils reviennent plus volontiers, qui s’assimilent peu ou mal, éternels errants, êtres mystérieux qui, même lorsqu’ils deviennent sédentaires, sont toujours en retrait des autres. Mélange d’orgueil et de crasse, d’astuce et d’ignorance, ils n’ont de leurs origines, de leur histoire, qu’une tradition orale. Ils ne possèdent rien, que les hardes ou les bijoux qu’ils portent et les roulottes misérables qui les abritent, les chevaux étiques qui les tirent.
Toutes les maisons, volets clos, paraissaient dormir, mais la jeune fille aurait juré que des yeux curieux la suivaient et qu’on saurait très vite qu’elle était sortie avant l’aube.
Il est courageux et il supplie qu’on le laisse seul. Il redoute surtout que vous assistiez aux manifestations du délire qui va s’emparer de lui, dont il ne sera pas maître. Rien que cette peur augmente sa fièvre. Cet homme me paraît doué d’une énergie peu commune : celle qui fait les héros ou les bandits. Espérons qu’il appartient à la première catégorie.