Bleu Canaille
Bleu dans l’affranchi lisse et terne
Bleu dans l’irrigable obtus des fièvres
Et des rêves refoulés
Le verbe gominé
Bleu sur fond triste
Sur névrose de cœur
Et nécrose de pensées panées
A la neige d’âmes
Les mots beaux oubliés
Bric-à-brac pulpeux
Éparpillés
dans l’éther faste relooké
Bleu chabraque et charnu
Dégluti par les nues éperdues
Franchit les étapes
et émeut
Les filles dans leurs yeux bleu
Sapés de lumière et d’envies
À Jean-Marie Flemal,
Extrait 2
…
et le diesel de marque Baudoin
6 D 106 désorganise le silence
sur l’onde condamnée à béer
lorsque comme sexe pénètre l’étrave en elle
le chuint d’eau, à la minute où Zappa le goéland
entame « More Trouble Every Day »
un hasard poignant pour celui qui sait
mais était-ce bien le hasard
en cette fraîcheur passive d’une nuit tendre
comme un solo de mots meurtris
par un médiator aigu comme un bec de goéland
Frank Zappa – lead guitar, vocals
(où des marins s’arrachent le cœur
à coups de seringuées rauques
désemparés.)
Ce monde que nous chercherons…
Ce monde que nous chercherons à nous approprier
par le regard avant tout. Ce monde qui nous agresse,
actionne nos pas, régit nos actes et nos pensées se-
crètes, ordonne et suggère, sang, vie, souffle de vie,
apostrophe et houspille nos sens, ponctue chaque
seconde notre bref passage ici, sur cette terre où
nous devons nous dépêcher de jouir de tout.
À Jean-Marie Flemal,
Extrait 1
Il m’a semblé voir l’autre nuit
dans les feux des projecteurs
un goéland qui ressemblait à Zappa
fiente de mémoire
où les reflets du texte
s’en viennent déchoir
les quelques bribes dodécaphoniques
l’éveil du pire
capable de vomir à tous les vents
l’emporte-vie sous des néons d’absence
le goéland avait un bec morose
dire qu’il en faut si peu pour naufrager
…
Sourdement sous la vague…
sourdement sous la vague
et l’écho diluvien
comme la peur ancestrale
le naufrage d’un monde
qui nous glaviote sur la toile
quelques ris dans le cœur
sous les grains la tourmente
le dépit de gerber au gré des entourloupes
à la cape au bord du vide
que l’accalmie revienne
Alain Jégou, marin-poète, décédé en 2013, est raconté dans un spectacle qui nous fait naviguer dans le sillage d'Alain Jégou, mené par le talent poétique de Philippe Dagorne et la grâce musicale de Mariannig Larch'hantec à la harpe celtique. Une bande annonce créée par l'association Décroche moi la lune de Quéven.