La Jurée

Chronique d'un procès d'assises

Pour son premier roman, Claire Jéhanno a choisi de se mettre dans la peau d'une femme tirée au sort pour juger un couple accusé de meurtre. En suivant Anna, elle nous fait vivre le procès de l'intérieur et montre combien les histoires personnelles viennent se heurter aux débats existentiels. Fort, émouvant, bouleversant.

Le dimanche 21 août 2016 à 14h 27 est déclaré le décès de Gilberte Gagneron. Mais d'après le médecin, cela fait entre douze et vingt-quatre heures que la septuagénaire est morte. Deux mois après l'enterrement Frédéric Gagnon, son neveu, et Lucile Moulin, la compagne de Frédéric, sont mis en examen pour le meurtre de la vieille dame.
Quand le roman commence, nous sommes deux ans plus tard, au moment où sont sélectionnés les jurés de la cour d'assises. Anna, la narratrice, en fait partie. Cette enseignante va nous raconter le procès de l'intérieur. Avant les débats, elle fait connaissance de la juge Caillebote qui prend bien soin d'expliquer leur rôle aux jurés: «Pour juger, il faut comprendre une personne, deux personnes en l'occurrence, dans cette affaire. Dans les jours à venir, il y aura donc des moments intimes, délicats, éprouvants. le temps vous paraîtra à la fois immensément long et terriblement court, mais c'est une chance, que dis-je, un privilège, de la cour d'assises de réunir ainsi professionnels et jury populaire pour juger un crime. Considérez votre fonction comme l'un des rouages essentiels de la démocratie.»
Une lourde responsabilité qu'Anna endosse avec gravité, car elle sait combien il est difficile de faire émerger la vérité. Cela fait des années qu'elle cherche ce qui a bien pu arriver le jour où sa cousine Aurore a disparu alors qu'elle jouait près d'un terrain de sport avec elle et sa soeur Maxine. Une affaire qui va pousser la famille à quitter les côtes d'Armor pour Chartres et à changer de nom, de Boulanger à Zeller, le nom de jeune fille de leur mère. L'une des jurées finira du reste par faire le rapprochement avec ce fait divers et raviver ce passé douloureux qu'elle mettait tant de soin à occulter.
Mais pour l'heure il s'agit de juger Frédéric Gagnon et Lucile Moulin et à essayer de comprendre l'enchaînement des faits qui ont conduit le couple à empoisonner Geneviève et à l'étrangler. le policier chargé de l'enquête est le premier à s'avancer à la barre. Il énonce les faits avec froideur: «À l'examen externe du corps, des hématomes sur le cou pouvant correspondre à une strangulation. Sur la table, devant la défunte, un flacon de Laroxyl, un verre d'eau. Recherche de toxiques : présence d'amitriptyline dans le sang confirmant l'usage de psychotropes. Pas de dose létale.» Une énumération qui laisse les prévenus de marbre, ayant choisi de ne s'exprimer qu'avec parcimonie.
La juge, les différents avocats, le procureur et les jurés ainsi que certains témoins vont bien tenter de les pousser à avouer, mais jusqu'au terme des débats, ils resteront fidèles à leur ligne de conduite, ou presque.
Il faut dire que le cas, d'après les experts, ne fait guère de doute. Pour les jurés en revanche, l'affaire n'est pas si limpide, la personnalité de la victime vient notamment les troubler.
Au fil des jours et des témoignages, on sent la tension croître. le récit est parfaitement mené, les débats et le ballet judiciaire bien détaillés. Les contradictions apparaissent alors et avec elles, les interrogations.
Un peu comme dans Anatomie d'une chute de Justine Triet, le dernier film mettant en scène un procès. Car le cinéma s'est emparé de ces histoires au point d'en faire un genre à part entière (par parenthèse, La jurée mériterait également une adaptation). Côté littérature, on pense aussi à Article 353 du code pénal de Tanguy Viel, à Célestine de Sophie Wouters et à Assises de Tiphaine Auzière, pour ne citer que les romans les plus récents.
Le tour de force de Claire Jéhanno – qui n'a jamais été jurée – aura ici été de montrer combien les vies particulières, les expériences vécues par les jurés, viennent interférer avec le procès en cours. le drame de la disparition d'Aurore pour Anna, mais aussi la difficulté à avoir un enfant ou à l'inverse l'avortement. Des traumatismes qui laissent de profondes traces et qui vont transparaître à l'heure du jugement, après une tension de plus en plus forte.
Vous l'aurez compris, ce roman ne vous laissera pas indifférent.

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Premier roman et belle surprise!
Anna Zeller ( ou Boulanger...) est tirée au sort pour être jurée d'assises. Période difficile pour cette trentenaire, effacée, ayant vécue dans son enfance un drame familial, l'enlèvement de sa cousine.
Ce procès va réveiller des douleurs , des feed backs, des non dits et des révélations.
C'est très habillement écrit à la façon d'une polar ou d'une enquête, le procès est vécu avec intérêt, interrogations, et doutes et en parallèle il est question d'amnésie post traumatique.
" ..C'est le privilège des enfants d'ignorer la peine de ceux qui les élèvent ..."
" ... G aura tenté de réparer quelques minutes d'attention. Et à rater toutes les suivantes ..."
"... La mémoire sert aussi à effacer .."
#les68premieres fois#sélection 2014#

Anna a été sélectionnée par tirage au sort pour être jurée aux assises. Sur le banc des prévenus, un jeune couple, Frédéric et Lucile, soupçonné d'avoir empoisonné et assassiné une vieille dame, la grand-tante de Frédéric.
À travers les yeux d'Anna, nous allons assister au procès, découvrir ses pensées, ses doutes, ses interrogations et ses hypothèses. En suivant les différents témoignages, nous pourrons à notre tour former nos propres hypothèses. Ce n'est pas un rôle que j'aurais souhaité avoir dans la réalité. Décider du sort de quelqu'un est une lourde responsabilité. Mais dans ce contexte, je me suis laissée prendre au jeu, remplie de doutes et d'hésitations, changeant d'avis à plusieurs reprises.

« Les évidences sont les miroirs les plus trompeurs. Elles nous confortent dans ce que nous voulons voir. »

En parallèle, une autre quête de vérité se déroule dans la tête d'Anna. Un drame de son enfance refait doucement surface, la troublant profondément. La mémoire peut parfois nous jouer de bien mauvais tours, et la réalité n'est pas toujours ce que l'on croit.

« Au rendez-vous des souvenirs, les absents ont toujours tort. le vide qu'ils laissent, on le remplit de tas de certitudes qui ne ressemblent à aucune réalité. de mensonges aux autres, et surtout à soi-même. »

J'ai pourtant eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman, et je remercie ma ténacité de ne pas abandonner une lecture. Je serai passée à côté d'un bien beau roman. Je ne me suis pas d'emblée attachée à Anna, mais au fil des pages, j'ai appris à la comprendre, à l'apprivoiser, et à la voir sous un autre jour. Fragile, humaine, sensible, elle a fini par m'émouvoir.

Un roman fort bien documenté, intelligent et habilement construit. J'ai eu un peu de mal avec le côté très introspectif, mais j'ai fini par le lire comme un polar, en menant ma propre enquête qui s'est avérée passionnante.
La très belle plume m'a séduite et m'a aidé à m'accrocher au début. Après réflexion, je me dis que pour un premier roman, il est plutôt réussi.

Une autrice prometteuse que je suis ravie d'avoir découverte avec ce premier roman très abouti, qui contre toute attente, s'est révélé une lecture fort agréable.

« Accepter qu'il n'y a pas qu'une vérité mais plusieurs qui s'entrelacent. le contraire de la vérité, ce n'est ni le doute ni l'erreur. C'est la bêtise. »

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Très bonne lecture.

J'ai adoré ma lecture. C'était addictif et captivant.

À travers la vision du personnage principal, Anna, on suit l'expérience d'être jurée aux assises. Juger une affaire d'empoisonnement est plus qu'une simple tâche binaire, c'est un devoir. Sauf que, comment ne pas penser aux conséquences ? Si ce couple est jugé coupable, c'est leur vie entière qui est complètement bouleversée et que l'on brise… À la recherche de la vérité, cela pourrait bien se révéler salvateur pour Anna.

J'ai beaucoup aimé suivre ce procès et découvrir l'histoire d'Anna, qui est difficile et tragique, faisant écho à l'affaire en cours. Les liens familiaux et la notion de vérité sont au coeur du récit, ce qui m'a également beaucoup plu. le sujet est extrêmement bien maîtrisé et le côté addictif et fluide de la plume sont bien présents.

En bref, c'est une formidable découverte. Amateurs/trices de faits divers et de psychologie humaine foncez !
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Ce livre m'a laissée perplexe. Je n'avais pas vraiment lu la dernière page de couverture et donc je ne savais pas ce qui m'attendait. J'étais simplement très intéressée par le titre et ce qu'il sous-entendait. La surprise de découvrir le parallèle entre le procès et la vie de Anna a été grande.
Je l'ai lu un peu comme un roman policier avec l'envie de connaître le fin mot de l'histoire ou plutôt des histoires. Mais on est loin du polar, plutôt dans une étude psychologique des personnages. C'est déroutant mais bien fait. Simplement un peu déçue de la fin un peu abrupte.
En conclusion un premier roman intéressant qui se lit bien et rapidement mais qui ne restera pas dans mes coups de coeur.

Anna Zeller est tirée au sort pour être jurée aux assises. Cette expérience unique va la pousser à se questionner sur ses intimes convictions au delà de ce qu'elle aurait pu imaginer. Ainsi, elle va remettre en cause nombres de ses certitudes, y compris concernant la disparition de sa cousine 20 ans plus tôt.
Ce roman de grande qualité nous immerge dans un procès d'assises et son fonctionnement. Aux côtés d'Anna, nos questionnements évoluent, nos certitudes vacillent. Et en même, on veut savoir. L'alternance entre l'affaire jugée et l'affaire familiale entretient le suspense et rends la lecture addictive. Un premier roman très réussi, une auteure à suivre.

Anna Zeller vient d'être tirée au sort pour devenir jurée d 'assisses, lors d'un procès qui s'annonce plus compliqué que prévu. Pour la première fois, elle exerce ce devoir de citoyenne non sans appréhension, d'autant plus qu'une autre des jurées fait remonter des souvenirs longtemps enfouis. 

Lu en apnée, l'autrice parvient à nous plonger entièrement dans un procès et dans la peau de cette jurée, dont le passé ressurgit brutalement.

J'ai beaucoup aimé la narration qui oscille entre passé et présent et le suspens qui s'installe au fil du procès et des souvenirs. Ce livre démontre toute la complexité de la justice à rendre un verdict juste. Les mots, les attitudes qu'il faut interpréter,...la vérité qui est parfois tue, parfois sous nos yeux. La vérité qui n'est finalement pas une mais plusieurs. 

C'est un premier roman vraiment très réussi, que j'ai difficilement lâché avant la fin. 

Bravo Claire Jéhanno pour ce premier roman 👏
Une construction maîtrisée qui mêle habilement introspection et discernement dans la difficulté d'être juré.

✉ Anna Zeller est tirée au sort pour devenir jurée aux assises. Ce procès va la confronter à un passé qu'elle s'est efforcée d'oublier ... Un passé où elle s'appelait Anna Boulanger ...
Une semaine pour décider du sort des accusés ... Coupables ou non-coupables ? Une lourde responsabilité et peu de temps pour un choix aussi difficile surtout quand on est assailli par un traumatisme d'enfance qui explose ...

✉ L'auteure réussi un tour de force en nous montrant toute la complexité d'avoir une vue objective lorsqu'on est juré notamment quand un drame personnel remonte à la surface.
Et si c'était nous ? Qu'aurions-nous décidé ?
Ce roman nous interroge car le procès est décortiqué comme si nous y étions.
J'ai vu Anna douter, vaciller, flancher mais pas le droit de tomber, son devoir était de juger.
La propre histoire d'un juré ne doit pas interférer dans son jugement et pourtant ... Comment y échapper ?
"Nous jugeons avec ce que nous sommes" ... Et nous ne sommes que des êtres humains ...

Anna a été sélectionnée comme jurée dans une affaire de meurtre.
Intriguée par cette nouvelle expérience, elle va très vite se retrouver confrontée avec les résonances entre ce procès et sa propre histoire.
Cette histoire, pleine de non-dits, qui concerne la disparition de sa cousine âgée de 8 ans et dont le drame a totalement bouleversé la vie d'Anna et de sa famille jusqu'à en changer d'identité…

J'ai beaucoup aimé la plume fluide, accessible et subtile de l'auteure. C'est un roman très bien décrit avec la juste dose de descriptions et de détails.

De nombreux sujets y sont abordés: la justice, les drames, la culpabilité, les secrets, l'impartialité, les traumatismes et le deuil en sont certains.

J'ai trouvé le sujet très intéressant sous ses deux angles: découvrir les enjeux autour de ce rôle de juré a été passionnant et comprendre le poids que porte Anna quand à son histoire est vraiment touchant.

C'est un ouvrage qui est prenant et riche, qui touche et qui amène un vision éclairante sur la difficulté à se dissocier de ses émotions pour décider du sort d'un autre. À découvrir!

Un premier roman qui m'a surprise par sa construction plus profonde qu'il n'y parait au premier abord. Il y est question d'une femme qui se retrouve jurée, et qui ne s'attend pas du tout à ce que cette expérience va venir la bouleverser, et revivre un drame personnel vis à vis duquel restent tant d'incompréhensions et de questions.
Au fil des pages, nous y découvrons une femme moins lisse qu'elle ne le montre, une femme en proie à sa propre complexité, et restant en quête d'une certaine autorisation de vivre, une soif à retrouver son propre souffle de vie, permettant d'avancer et de dépasser les épreuves.