Citations sur Chroniques des secondes heures de Tanglemhor, tome 1 .. (66)
-Les éloges que l'on m'a fait de ta beauté ne te rendent pas justice, la complimenta le monstre. Tu es encore plus séduisante que je ne l'avais imaginé. Dois-je faire fouetter tous ceux qui m'ont si mal parlé de toi?
-Faites-les pendre! cracha férocement la dame de la Marche.
― Dans chambre à toi, femelle ! gronda-t-il d’une voix rocailleuse.
Oriana s’arrêta, impressionnée, et se retourna vers l’ogre dans l’attente de sa réaction. Saisissant la captive par le bras, le colosse se redressa pour toiser le troll de toute sa taille et déclara :
― Krûl dire à moi : « amène femme pour elle voir ami mourir ». Toi laisser passer moi.
― Krûl rien dire à moi.
― Ogre pas devoir expliquer à troll ! Ordre à Krûl ! Toi obéir ! tonna le colosse.
Le cœur de la princesse de la Marche cessa de battre. Un frisson d’épouvante lui glissa le long de la colonne vertébrale. Il n’y avait aucun doute. Ce chuintement cruel… Elle n’était pas près de l’oublier.
À en croire Serpent de Lune, la civilisation ctasharre a créé son propre malheur en menant depuis des siècles une politique de plus en plus agressive à l’encontre des nations nomades, repoussées toujours plus loin vers l’ouest, et en écrasant économiquement les cités isolées du Grand Aghar. Cette hégémonie toute puissante et vexatoire a nourri un profond ressentiment qui s’est incarné dans la personne du Premier vindicateur.
[...] La corruption apparaît lorsque le chef oublie de s'occuper des siens pour ne plus se préoccuper que de lui-même, lorsque le roi néglige son peuple pour ne plus se soucier que de sa propre gloire. Mais quand le souverain n'a au coeur que la prospérité de ses gens, il est un guide précieux qui saura les conduire sur le chemin de l'Histoire.
- Ce serait pour moi un honneur que si jolie bouche daigne me nommer, susurra-t-il d'un ton caressant.
Je vous conjure cependant d'être prudent. Un héros mort ne sert à personne.
-Non, vous n'avez rien de malveillant, Oriana, dit-il avec une grande douceur. Je ne vois qu'une petite fille blessée qui se croit, à tort, indigne d'amour. Mais rien en vous n'est méprisable. Vous vous mésestimez injustement. Prenez conscience de tout cela et vous retrouverez votre paix intérieure.
Vous voulez savoir ce qui me motive? répéta-t-il d'un ton qui se faisait agressif. Je crois surtout comprendre que vous voulez savoir si je suis un résistant.Eh bien, oui. Je résiste.Je résiste à tout. A l'Empire, à l'Alliance, à la faim, au mépris, à la suffisance, à l'injustice...Je résiste. Je résiste mais je ne sers aucune autre cause que la mienne.
Car toutes les "grandes causes" finissent par être accaparées par des ambitieux, des politiques qui, aussi bien intentionnés qu'ils soient, finissent immanquablement par rétablir les lois de faim, du mépris, de la suffisance, de l'injustice...
TU TE TROMPES. LA SOUFFRANCE DE CHACUN NOUS CONCERNE TOUS. NE PENSES-TU PAS QUE LE MONDE SERAIT MEILLEUR SI CHACUN POUVAIT COMPRENDRE CETTE SIMPLE VÉRITÉ ?
GJORVN, LE MOINE SANCHAI P.246