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Critique de micetmac


L'ESPION QUI VENAIT DU FROID est une sommité du roman d'espionnage et a fait advenir ce sous genre, bim bam boum Bond James Bond, au rang de littérature générale qui pignonise on the street. 20 millions d'exemplaires et un bouleversement complet de l'image d'Epinal de l'agent secret au chapeau mou. L'action a peu d'importance dans les romans de le Carré, pas de coup de feu, pas de poursuites en voitures, pas de cascade. Des héros bedonnants, mais d'une intelligence aiguë, à l'image de son alter ego Georges Smiley, architecte espion, grand maître de l'échiquier mondial.
La fin de la guerre froide n'a pas tari la productivité de John, il a produit encore de bons romans, de très beaux même, LA CONSTANCE DU JARDINIER pour l'un de ses plus connus et réussis.
Mais je l'avoue, je préfère ses romans des années 60-70-80. Ces intrigues tortueuses qui se marient si bien à son style précis, légèrement suranné, qui prends son temps, pour nous déposer exactement là où il comptait le faire. C'est peu dire que les manigances de le Carré sont labyrinthiques. C'est pourquoi le fait qu'il ne se prenne jamais les pieds dans son tapis épais, qu'il ne soit jamais pris en défaut, est une sacrée performance.
John le Carré est un monument qui revisite l'un des siens. le roman emblématique de l'espionnite est-ouest, Berlin et son mur la cisaillant en toile de fond. C'est un exercice pour le moins inédit. Certes, Stephen King avait lui aussi écrit la suite d'un de ses édifices fondateurs (SHINING) avec son (très bon) DOCTEUR SLEEP, mais John le Carré va plus loin. Il insère son HÉRITAGE dans la trame de L'ESPION QUI VENAIT DU FROID, en fait un prequel, une suite, un accomplissement et un testament mélancolique. le tout sans que l'on soit obligé de (re)lire le roman de 1963 pour s'y retrouver, tout en donnant envie de le faire.
Et toujours avec cette plume désabusée, ce ton nostalgique doux amer qui sied si bien à son avatar de papier, Georges Smiley, aux portes de la mort, du même âge cacochyme que son créateur (John a 86 ans, bientôt 87). Georges Smiley qui se demande bien à quoi a servi toutes ses opérations minutieusement, amoureusement, agencées au vu du résultat.
Impressionnant.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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