Hantée, tome 1 : Les ombres de la ville

"Il est plein de bonnes intentions, vraiment, mais à le voir roder avec sa barbe hirsute autour des résidences universitaires au volant de sa vielle camionnette ornée d'un autocollant à l'arrière qui demande QUI VEUT VOIR MON CACATOES?, l'oncle Bick peut paraître un peu louche."

"-Tu sais quoi, Moi, je trouve au contraire que le fait d'être vivant devrait être le principal critère pour déterminer qui est une personne et qui ne l'est pas. Ca devrait être la toute première question. Vous êtes en vie? Si oui, passez à la question n°2. Sinon, vous n'êtes pas censé lire ces lignes..."

"-Je peux créer un G2 si tu veux, a proposé Stephen, magnanime. Un G2 rien que pour toi! Un formulaire dédié aux incidents entre services et destiné à la fois à la police et au réseau des transports en commun. On le baptisera le "formulaire Callum". Le Callum 2A pourrait être spécifique au métro. Le 2B, aux incidents à bord des bus. Et on pourrait même créer un Callum 2B-2 pour les incidents survenus aux abribus.
-Si tu fais ça je te tue.
-Et si tu me tues, a répliqué Stephen en esquissant un petit sourire, je reviendrai te hanter jour et nuit."

"-Affirmatif, a dit Callum. Elle m'a tout l'air d'une suicidaire. Ils font souvent ça, les suicidaires: camper au bord du quai, le regard vide. Conseil n°1: ne jamais se suicider dans une station de métro. Au risque, sinon, de se retrouver coincé ici, à fixer le mur pour l'éternité."

"Callum affichait un air très narquois à notre retour.
-Alors, une suicidaire? a-t-il demandé.
-Oui, a répondu Boo.
-Tu me dois cinq livres.
-On n'avait pas parié, Callum.
-Non, mais je mérite cinq livres. Les suicidaires, je les repère à cent kilomètres."

Angela et Gaenor noyaient leur angoisse dans l'alcool grâce à une petite caisse de bouteilles de vin qu'elles avaient fait entrer clandestinement, et par moments elles entraient dans notre chambre en titubant, une grande tasse de vin rouge à la main. L'une d'elles a accroché un soutient-gorge rose à notre plafonnier. Je l'ai laissé là. Il était joli.

"Mais non! a-t-elle rit. Moi et Jérôme? Enfin... je l'adore, hein, mais on est amis. C'est toi qu'il invite.
-Il me demande de t'inviter pour m'inviter moi?
-Absolument.
-ça aurait été plus simple de m'inviter directement, non?
-On voit que tu ne connais pas Jérôme, a répliqué Jazza. Il ne sait pas faire simple."

Je n'ai dit à personne que j'avais vu l'assassin. C'était dur de garder le secret. Je détenais le plus gros scoop de la planète, et pourtant je ne pouvais rien dire. Je demeurais le "seul témoin de l'affaire" et, d'un jour à l'autre, Scotland Yard allait me convoquer et me bombarder de questions pendant des heures. Alors tout le monde saurait qui j'étais. Je ferais la une de l'actualité.

Pour un mois d'août, il faisait scandaleusement froid, et pourtant je ne voyais que des gens en shorts et manches courtes autour de moi. Je frissonnais dans mon jean et mon tee-shirt et maudissais mes tongs qu'un stupide site recommandait de porter pour les contrôles de sécurité. Il s'était bien gardé de mentionner que grâce à eux j'aurais les pieds gelés dans l'avion et en arrivant sur le sol anglais, où les autochtones ont une conception très différente du mot "été".