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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce que j'ai ressenti:

C'est une histoire. Certaines histoires méritent une plus grande implication. Je vais m'y investir, à coeur ouvert. le laisser là, sur les escaliers,ni vivant ni mort, au fond d'une boîte…Parce que chaque histoire est unique. Je vais la transporter, toujours avec moi. Une même histoire a plusieurs versions, selon de quel côté on se place, selon qui la raconte, ou qui la vit. J'ai vécu celle-ci, en immersion totale avec les émotions, la poésie et les souffrances à nu, de cette femme résiliente. Cette histoire va s'inscrire en moi, encore plus durablement qu'un tatouage. Je le sais. Elle va s'écrire sous la peau, sur les tripes, quelque part où l'on ne pourra plus la déloger. Je ne sais pas encore vraiment l'endroit exact, mais elle va rester gravée, entre le corps et l'esprit, l'habitus fera son oeuvre. Parce que je n'ai pas été seulement touchée, non, on ne va pas pouvoir le dire comme ça. J'ai été transpercée de part en part. Il reste un trou béant, juste là, un peu sur la droite, pas très loin du coeur. Et si jamais tu regardais à l'intérieur, par cette ouverture, tu pourrais voir la colère qui bouillonne, parce que je suis révoltée, bouleversée, par la violence faite à l'encontre des femmes. Et cette histoire, c'est cela, une histoire de drame et de douleurs, le vécu de Lacy, victime de « L'Homme Avec Qui Elle Vit »…

Mais Je ne suis pas encore morte, malgré les dégâts pour le corps et l'esprit, est un récit nécessaire. Lacy M. Johnson est encore vivante, mais dans un autre espace temps, il aurait pu en être autrement…Tant de femmes ne peuvent plus en dire autant, « je ne suis pas encore morte »… Cette phrase, c'est un cri, une sorte de revanche qu'on pourrait entendre avec cette affirmation, mais c'est aussi un cri de détresse, une prise de conscience qu'on devrait faire résonner pour que les choses changent, enfin et durablement, pour la condition féminine. C'est aussi de la poésie, en agglomérée. Elle est partout dans cette histoire, mais surtout dans la vie de Lacy qui s'y raccroche, s'y retrouve et s'y abandonne pour pouvoir se reconstruire. Elle explose en tout sens, sur le papier, sur le coeur, sur les lèvres mais elle vient aussi, lier le tout, pour faire sens. La poésie pour réparer l'âme, l'écriture de ce récit pour se libérer… Une porte ouverte, vers laquelle avancer…

Je erre encore dans la boîte de Schrödinger, vivante et morte, avec un chat, une histoire et quelques vers de poésie. Alors SVP, N'OUVREZ PAS LA BOÎTE, tout est scellé. Je me répare de cette histoire. Allez plutôt ouvrir ce livre. Laissez-moi dans cet espace où les possibilités peuvent coexister…Et laissez-moi aussi, souhaiter force et courage, à Lacy M.Johnson…
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Alors là ! Je crois avoir rarement lu un récit autobiographique aussi révoltant, bouleversant, traumatisant que celui de Lacy M. Johnson, victime de séquestration et de viol par un abject ex-compagnon !

Le témoignage est absolument intolérable, je me suis parfois demandée si j'aurais la force d'aller jusqu'au bout de ma lecture … le préjudice (le mot est faible !) subi est ineffaçable et vient s'ajouter à la douleur indicible provoquée par des attitudes souvent très maladroites de force de l'ordre ou de services sociaux (lorsqu'on a réussi à rester vivante …) Même la présence des proches ou des ami(e)s peut – dans une telle situation – raviver l'impression de solitude extrême … Infiniment long sera le parcours de reconstruction !

On ne souhaite pas une épreuve pareille à son pire ennemi, ni même au Diable ! …

Je remercie les Éditions Sonatine, ainsi que Masse Critique Babelio, pour cet envoi qui résonne encore dans ma tête …
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Lacy M. Johnson, la survivante

« Je ne suis pas encore morte », traduit aux éditions Sonatine en 2021, est un récit de Lacy M. Johnson, survivante de tentative d'assassinat et de violences conjugales.

Résumé de l'éditeur : « Comment décrire l'inconcevable ? Kidnappée, violée et menacée de mort, Lacy M. Johnson nous raconte comment elle a échappé à son bourreau. Qui n'est autre que son ex-compagnon, un homme violent et manipulateur, dont l'emprise, comme un étau, s'est peu à peu refermée sur sa vie.
Témoignage porté par une poésie brute et une énergie hors du commun, récit d'une reconstruction impossible : ce livre est un chef d'oeuvre nécessaire et brûlant d'actualité ».

On ne le répétera jamais assez : une femme battue n'est pas responsable des coups subis et si elle ne part pas, c'est parce que son bourreau l'a mise sous emprise. Lacy M. Johnson, l'autrice de ce récit déchirant a réussi un coup de maître : transformer son histoire traumatique en oeuvre littéraire. Il n'est guère étonnant qu'elle soit, aujourd'hui, professeure d'écriture de non-fiction à l'Université de Rice.

Trois ans après l'enlèvement, elle cherche absolument à coucher avec un homme. Comme si son corps ne pouvait, qu'à travers le sexe, reprendre naissance. Après avoir été bafoué, ensanglanté, meurtri, brisé, ce corps veut être désiré. Avec une violence contrôlée. le corps a une mémoire ; elle le sait. Elle veut effacer l'innommable. L'abject. Elle cherche des pistes longtemps pour oublier l'inoubliable, pour panser des blessures impossibles à cicatriser, des réponses à des questions insolubles.

« C'est étrange, me dis-je à présent, mais même ce que l'esprit oublie, le corps s'en souvient. le corps se souvient indépendamment de l'esprit : une façon de se tenir à côté, d'être allongée sous, d'être assise sur, d'émerger de. le corps se rappelle les prépositions : sa position en relation avec d'autres corps. Les épaules relevées, la voix baissée. Et que chaque muscle, même la langue, peut se raidir. Ou vibrer. Qu'après que l'autre est parti, le corps continue : à côté, sous, sur, de. L'ombre, le fantôme, la trace. Habitus : seconde nature, un souvenir si profond que le corps le gardera toujours ».

Ce livre magistral est l'histoire d'une renaissance, d'une résilience exceptionnelle. Car oui : Lacy M. Johnson, est malgré tout, incroyablement vivante. Ce récit est aussi une histoire d'impunité pour les agresseurs, d'une Justice défaillante, de policiers non-formés à la thématique des violences conjugales. Comme le dit l'exceptionnelle Alex Marzanono-Lesnevich : « Lisez ce livre. Il va vous transformer. Il va vous fasciner. Vous ne l ‘oublierez jamais ». Vraiment : lisez ce livre. Il est important.

Aurore van Opstal



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Ce livre est une bombe qui vous explose au visage. Il est très dur à lire, non pas parce que l'écriture et le style sont "difficiles", mais parce que l'histoire qu'elle raconte est vraie et que chaque mot est un coup de rasoir sur la peau. Lacy est d'ailleurs couverte de tatouages : elle a commencé à s'en faire à 18 ans, avec Grande Soeur quand elles ont su que leur mère avait un cancer. Chaque tatouage est une marque de possession de son propre corps par elle-même. Elle s'imprime, elle se marque car son corps ne lui appartient plus ou si peu.
Le titre en VO (le livre date de 2014) est "the other side" : l'autre côté. L'éditeur a fait un autre choix, plus percutant et qui peut se voir comme la capacité qu'a l'héroïne à se remettre de la terrible expérience qu'elle a vécu, également comme un rappel de ses premières pensées en échappant à son bourreau. The other side fait pour moi référence au fait qu'amour et douleur sont souvent liés de façon parfois totalement inattendue.
L'auteur, l'héroïne quoi que le mot ne me semble pas adapté dans ce cas précis, nous explique l'engrenage d'une relation de dépendance avec un homme. le livre débute, un 5 juillet 2000, puissant comme un boulet de canon, par l'échappée de la jeune femme du lieu où elle était enfermée. Elle reprend sa voiture, va à la Police et le reste suit : hôpital, enquête, pièces à convictions et au final, un monstre qui l'a torturé, prise en otage, est dans la nature. Il s'est planqué au Venezuela (dont il a la nationalité) où aucune extradition n'est possible.
Lacy M. Johnson le rencontre à l'université : c'est le chargé de cours au sein du Département de langues et littérature romanes. Il parle et les étudiants l'écoutent. Lacy est une belle jeune femme, a tenté le mannequinat, a des parents qui ne s'aiment plus, mais restent ensemble par convention. Il y a une Grande Soeur avec laquelle Lacy va vivre un temps avant de prendre son propre logement avec son Copain le motard pour ensuite vivre avec celui qu'elle va alors dénommer L'Homme Avec Qui Je Vis, le prof d'espagnol. Il y a d'abord les voyages, les remarques, les disputes, les blessures et finalement, il devient l'Homme avec qui j'ai vécu, puis le Suspect et elle La Victime, car Lacy va le quitter, ce qu'il ne lui pardonnera pas : Lui peut la quitter, elle non.
Nous rencontrons des personnes qui n'existent que sous leur typologie : Ma grande amie, la Femme Policier, Mon premier mari, la Thérapeute, l'Inspecteur, son Bel Ami, L'Homme Qui Pourrait Bien Coucher Avec Moi (qui deviendra son deuxième mari et le père de ses deux enfants : une fille née difficilement et un garçon) comme les personnages d'une gigantesque pièce de théâtre tragique.
C'est un livre terrible à lire car son auteur est une femme cultivée, elle est enseignante maintenant. Son texte est bourré de références culturelles, érudites et sensibles. Elle raconte son histoire, celle d'une jeune femme qui pensait que le monde ne lui voulait que du bien et qui a découvert qu'il est dangereux ainsi qu'elle l'explique à sa petite fille [Je n'ai pas fini ma phrase qu'elle s'écrie : Maman, tu me fais peur ! Je démarre la voiture. Je dis : Il faut que tu aies peur].
Elle raconte ses médicaments, les réactions de son corps, ses rapports complexes et tendres avec ceux qu'elle aime, mais qu'elle ne peut plus parfois supporter. Je l'ai trouvé sans concession avec elle-même : elle est dure, se dépeint souvent comme une écervelée (une belle fille sans cerveau : elle a fini thésarde. Je la trouve au contraire d'une rare capacité d'analyse, d'une sensibilité rare. J'espère qu'elle a trouvé une forme de paix, maintenant, même si son tortionnaire n'a toujours pas été appréhendé. Son livre est un exorcisme, un dernier tatouage mais sur papier, un point final à ce qu'elle a vécu. Je croise les doigts pour que ça fonctionne.
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Qu'il est délicat de chroniquer une telle lecture.
Parce qu'il ne s'agit pas d'une fiction, mais bien de l'histoire de Lacy M. Johnson. Chaque lecteur percevra et vivra donc cette lecture en fonction de son vécu personnel, et, également, de son état d'esprit à l'instant T.

Un récit romancé, sans romance, sans nuance, sans fioriture.
Juste son histoire. Les faits tels qu'ils se sont déroulés.
Un écrit à l'état brut.

La poésie du texte est précisément dans l'absence totale d'intention d'enjoliver ou, au contraire, de noircir les faits.
Elle se raconte, elle nous raconte, sans chercher à avoir notre aval, ni, surtout, notre pitié.
Ça s'est passé. Elle l'a vécu. Elle le dit, sans essayer d'amoindrir le choc ou d'appuyer sur le rendu.
Ses mots à elle, posés sur ses douleurs propres.
Ses mots sur ses maux...

Exercice cathartique ? Peut-être.
Le meilleur moyen de sortir de l'enfer n'est-il pas d'en ouvrir les portes en grand ?
L'offrir à tous, pour s'en libérer soi-même.
Mais sans jamais se victimiser.

Attention, victime, elle l'a été, le sera toujours un peu, par conséquent.
Mais de pitié ou de compassion, elle n'en réclame aucune.
D'où, peut-être, ce langage presque brutal, ces énoncés parfois cliniques. Il est difficile de mettre de la distance avec nos douleurs, les raconter c'est déjà beaucoup. Si en plus il faut les triturer dans tous les sens pour qu'elles soient moins effrayantes, elles n'en sortiraient que plus lancinantes encore.
Montrer l'hématome, mais sans appuyer dessus.

Raconter la blessure, c'est toujours la revivre un peu. Mais parfois ça peut aussi aider à en calmer la brûlure.
Je ne suis pas encore morte est le récit d'une souffrance physique et psychologique intense, infligée par l'autre.
Comme trop de victimes en subissent chaque jour.
Alors il est nécessaire d'en parler, pour les expurger, pour les faire connaître, pour alerter sur leur existence.
Tout mettre en mots pour toutes celles qui ne le peuvent pas.
Ou qui ne le peuvent plus...

Lire ce livre c'est comme écouter l'auteure. C'est se placer face à elle, prendre ses douleurs et ses cicatrices comme elles viennent.
L'écouter elle, pour les entendre toutes.
Parce qu'il le faut.
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Alex Marzano-Lesnevich, l'auteure de L'empreinte, ne mentait pas.
J'ai lu ce livre, je ne l'oublierai jamais.

À l'âge de 19 ans, Lacy rencontre celui qui deviendra son bourreau. Après 2 ou 3 ans d'une relation malsaine et violente, elle le quitte. Ne supportant pas la rupture, celui-ci va la kidnapper, la séquestrer et la violer.
Même si elle sort vivante de cette confrontation (pardonnez l'euphémisme), les séquelles psychologiques vont la poursuivre et contaminer sa vie sociale et affective.

Ce témoignage est absolument poignant.
Il m'a retournée, comme l'avait fait L'Empreinte à sa sortie.
Lacy M. Johnson raconte son histoire, sa vie depuis le kidnapping avec une grande sincérité. Il n'y a rien de racoleur, bien au contraire, on sent l'immense fragilité de l'auteure, sa souffrance et son désarroi.

Ce récit est paru en 2014 aux États-Unis et je souhaite sincèrement à l'auteure qu'il lui ait servi de catharsis, qu'elle se soit libérée de ce traumatisme qui l'empêche de vivre.
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Je suis bouleversée...

Lorsque j'ai ouvert la première page de ce roman, j'ai tout de suite sentie une énergie qui s'en dégagé. J'ai compris ce que j'allais lire.

L'auteure est forte, autant dans ses paroles que dans ce qu'elle a pu vivre. Elle à une manière de raconter qui est touchante mais frappante. On a envie de la prendre dans nos bras, mais elle nous dit de ne pas le faire.

J'ai juste trouvé ce roman extraordinaire. Il ne raconte pas, il dénonce.

Le fait que l'auteure ne nomme jamais les personnes dans son histoire (Par exemple : L'homme avec qui je vis, mon premier mari, mon bel ami...) donne une ambiance encore plus forte à son histoire. Elle n'écrit pas pour dénoncer cette personnes, mais elle écrit pour elle, pour nous. Pour toutes ces personnes qui ont pu vivre pareille, et pour se reconstruire.

Attention tout de même aux personnes jeunes, sensible. Je ne conseille pas la lecture de ce roman à n'importe qui. Il faut être accroché(e) et savoir si oui ou non on peut lire ce qui se trouve dans cet ouvrage.

Enfin, je conseille à toute autres personnes, qui se sent capable de lire ce témoignage, de foncer. Lisez-le, ce n'est pas qu'une plainte, c'est un parcours de vie. C'est la vie après la mort, ou la mort après la vie.
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