Mille pas en avant, neuf cent quatre-vingt-dix-neuf en arrière. C'est cela le progrès.
Le rire devient avec la joie , l'arme que l'on oppose au découragement . A la différence de la moquerie , le rire rassemble , réunit , rend plus fort .
"Sans l'autre, je ne suis rien, je n'existe pas. Autrui me constitue comme il peut me détruire."
Ne croyez pas que celui qui essaie de vous reconforter vive sans effort parmi les mots simples et sereins qui parfois vous font du bien. Sa vie connait tant de peines et de tristesses qui le laissent loin derrière elles. S'il en allait autrement, il n'aurait jamais pu trouver ces mots-là.
Bien que je sois seul pour l'essentiel - je souffre seul, je mourrai seul -, la présence de l'autre jalonne mon existence.
Le mot représente une chaîne à laquelle est liée l'existence, la prison dans laquelle on enferme un individu. Le terme devient plus lourd que la réalité qu'il prétend désigner. Quand mon voisin disparaît sous l'étiquette de dépressif, quand autrui n'apparaît plus que comme le diabétique, le veuf ou le Noir, la réduction à l'œuvre dans maints regards pèse, meurtrit la personnalité et ouvre des plaies secrètes. (...)
Or la fixité même du jugement réduit la richesse du réel, de l'être humain devant lequel on devrait au moins s'étonner, à défaut d'oser s'émerveiller.
De bonne heure, l'existence s'est donc annoncée comme un combat.
Les premières années de ma vie, je les ai vouées à la correction de la bête, à l'adaptation d'un corps rétif. La longue suite de ses dysfonctionnements exigeait mille efforts, il fallait y employer âme et corps (...) atteindre le lendemain sain plus que sauf. Souvent l'irrémédiable gagnait du terrain, souvent il semblait anéantir le présent.
Chaque matin, le combat recommençait, les stratégies s'affinaient.
Obstacle redoutable et reconnu, la résignation hostile était proscrite.
Nulle astuce, nul effort ne pouvaient être épargnés.
Loin de m'attrister, la lutte à livrer dispense sans trêve et de façon inattendue une joie authentique que j'ai invariablement retrouvée auprès des camarades qui m'entouraient. Soutenant le moral de cette singulière troupe, la jubilation venait couronner et transformer en triomphe tout progrès, toute réussite, même la plus insignifiante. (...)
Curieux paradoxe : bien souvent, les situations les plus précaires disposent à la lutte. Interdisant la passivité, elles incitent au défi.
Au fond du lit, des yeux humides fixent le plafond, le visage moite et grossi émerge des draps blancs. Une main raide reste parfaitement immobile pour ne pas entraver l'oeuvre dérisoire du goutte-à-goutte. Dans la salle froide, au milieu des malades, je perçois le caractère sacré de l'être humain, du corps qui le constitue. Le corps à l'agonie que la vie déserte par petites étapes sournoises m'installe dans un sentiment étrange de respect.
Les adversités rencontrées constituent un terreau sur lequel l'existence va se construire .
Sans culpabiliser ceux qui ne s'en sortent que difficilement , contentons- nous de nous référer à ces biographies qui rappellent que rien n'est jamais ´ perdu ´
Tout ce que je construis , je l'arrache , pour un temps , à l'emprise de la souffrance ; toute joie que je donne , je l'opposé à la tristesse , à la solitude .