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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chère Constance,
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La maternité parfois révèle ce don précieux, cet instinct maternel qui, sans qu'on se l'explique fait que l'on ressent au plus profond de son être, ce qu'est son enfant, ce qu'il ressent, ce qu'il vit et ce même s'il est éloigné de nous.
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IL est difficile de décrire cette sensation, ce sentiment qui ne réfléchit à aucune logique, et qui fait que l'on sait, que l'on comprend, que l'on perçoit la moindre différence, la survenance d'un changement. Et de se dire que ce n'est pas parce qu'il ne peut être démontré, que ce lien n'existe pas.
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Avec tes mots, poétiques et métaphoriques, tu nous emmènes auprès d'Alma et de sa fille, unies dans une perception si sensible l'une de l'autre, que les paroles sont parfois inutiles. Ton écriture magnifie l'histoire d'Alma bouleversée par cette maladie, étrange et inexplicable qui touche son enfant. Elle nous partage ses émotions, sa vie, ce voyage intérieur qui la conduit en Bretagne, à la recherche d'une solution, d'un espoir de guérison.
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Je t'ai lu comme on lit un conte, lentement, doucement, appréciant ce moment de lecture magique et tendre. Chaque élément, si judicieusement choisi, contribue au plaisir que l?on prend à parcourir ton roman. Avec toi, l'incroyable devient évidence, ton charme d'écrivain opère, et l'on referme ton livre, un sourire aux lèvres, confiante en de nouvelles promesses.
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Et l'on se dit, qu'il est essentiel d'apprendre à savoir ce qui ne se voit pas...
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« le matin est un tigre qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge. »

J'ai tourné sa dernière page, j'ai rabattu sa couverture, le coeur serré. Ses 158 pages sont d'une telle intensité, que je me suis sentie comme prisonnière entre les griffes de ce tigre.

La force du lien qui unit Alma à sa fille Billie, atteinte d'un mal étrange mystérieux qui la ronge nous intriguera jusqu'au bout. Jour après jour, page après page pour nous lecteurs, on fera connaissance avec elles, essentiellement elles, mais aussi avec leurs souffrances, leurs doutes et leurs peurs.

« Ce lien jumeau, cette relation télépathique qu'Alma a créée avec sa fille a produit une sorte de canal entre elles. Billie sent tout, depuis toujours. »

Billie souffre d'un mal qui ne porte pas de nom, qui n'a pas de véritable diagnostic, des suspicions, des pistes… Quelque chose qui pousse à l'intérieur d'elle, qui l'emprisonne, l'étouffe, l'affaiblit, la ronge… Une tumeur ? Une opération pour la sauver ?

« Peut-être que la vie lui joue un drôle de tour. Peut-être est-elle une balle molle dans la gueule d'un tigre, qui s'amuse à la faire rebondir où bon lui semble. Mais à cet instant précis, Alma sait qu'elle se battra pour sortir de ses mâchoires. »

Jusqu'au jour où un certain Mr Muzard fait appel aux talents de bouquiniste d'Alma, pour expertiser des ouvrages rares de sa bibliothèque. le déplacement se présente à elle comme une opportunité, non pas de fuir mais de laisser respirer un peu sa fille. Elle arrive alors sur place, rencontre cet homme étrange… qui va s'avérer très attachant. Il lui racontera son histoire, celle de l'amour de sa vie… Jusqu'au jour où Alma, en pleine exploration de ces étagères, chargées de livres tous plus anciens les uns que les autres, fait l'étrange découverte d'une encyclopédie de botanique, jaunie par le temps… Et là ce sera la révélation… Comme une évidence foudroyante !

« Je t'aime au point que tous les tigres des jungles du monde entier se mettent à fondre pour devenir du beurre. »

Et au plus profond de son être et de sa chair, elle devine, elle sait !! Et elle fera tout pour que sa certitude voit le jour, au plus vite ; le temps ne cesse sa course folle et Alma la sienne, pour sauver sa fille… mais aussi pour se sauver elle-même…

Constance Joly, ce premier roman est une claque monumentale. On ne peut se douter dans quel piège vous nous attirer. Et on s'y laisse prendre. Bien volontier. On en voudrait tellement plus. Encore. Comme un goût de pas assez. Un manque. Un vide quand on referme votre livre. Parce que vous avez l'art, la manière, la délicatesse et la belle écriture pour nous tenir entre vos griffes…
Comment pourrais-je exprimer autrement ce grand coup au coeur. Poétique. Dur. Sublime. Intense…

« La solitude est un privilège, pas une malédiction. »

Et la solitude du lecteur, tenant de telles histoires entre ses mains, l'est plus encore.

https://littelecture.wordpress.com/2019/02/17/le-matin-est-un-tigre-de-constance-joly/

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Le matin est un tigreConstance Joly

C'est l'histoire d'une relation très fusionnelle entre une mère et sa fille, Alma et Billie. Alma nous raconte ses états d'âme, son histoire d'amour avec Jean, la vie à trois avec l'arrivée de l'enfant et l'irruption de la maladie de Billie. Billie souffre d'un mal étrange depuis ses 14 ans, mal qui ne correspond à aucune pathologie connue et qui laisse perplexes les médecins. Alma est convaincue qu'un chardon pousse dans les poumons de sa fille. Elle refuse le diagnostic des médecins et essaye par tous les moyens d'empêcher l'opération. Mais elle est seule contre tous…
le livre retrace le cheminement et le désarroi de cette mère prête à tout pour sauver son enfant. Dès la première phrase le lecteur devine l'état d'esprit d'Alma « « C'est un jour blanc, éreinté, qui n'a envie de rien ». L'auteur nous livre l'explication du titre « le matin est un tigre qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge » : pour les mélancoliques chaque journée qui commence est une nouvelle épreuve. L'auteur traduit le ressenti d'Alma par des métaphores : une valise « Mais la valise avait passé la nuit avec eux pourtant, au milieu du lit, son cuir froid contre leurs jambes » « chaque jour depuis elle l'accompagne et pèse de plus en plus lourd ». D'abord la valise « je ne fais plus l'amour » puis la valise « ma fille est hospitalisée ». La valise symbolise le poids du passé, des habitudes psychiques, des souvenirs enfouis qui empêchent toute progression. L'auteur fait une fixation sur la couleur bleue : les yeux bleus de Billie, les bleuets, l'histoire d'un garçon qui ne mange que de la nourriture bleue « Billie est bleue. Bleue dans la lumière du néon de sa chambre. Bleue comme la blouse qu'on lui a enfilée pour la chambre stérile. Bleue comme les veines qui palpitent à son cou blanc. Bleue comme ses yeux délavés et dilatés d'angoisse ». Si la couleur de la mélancolie est traditionnellement le gris, le bleu peut aussi représenter cet état d'esprit.
La mère et la fille ont leur propre langage, un monde à elles, où personne ne peut entrer. Des mots inventés par Billie comme « une choulerie » ou une « oyoterie « « ces mots inventés par Billie sont si puissants que sa mère a oublié comment les dire autrement ». L'amour fusionnel entre la mère et la fille est si fort qu'elles communiquent malgré la distance « l'une est l'autre ». On n'entend jamais la voix de Billie mais elle est présente quasiment dans toutes les pages. L'amour d'Alma pour sa fille est inconditionnel : « Alma a toujours pensé que les « i » étaient jaunes « Billie » lui évoque la blondeur. Jean a aimé ce prénom, qui ne peut se prononcer que dans un sourire ouvert ». le choix du prénom n'est pas innocent. « Billie est une extraterrestre, dorée, aux yeux bleus, un négatif de ses parents ».
A la demande d'un vieil homme, Alma se rend en Bretagne. Car Alma est une bouquiniste réputée, spécialisée sur les surréalistes. Est-ce un hasard ? En consultant un ouvrage sur la botanique Alma a une révélation : c'est évident Billie souffre de la maladie du chardon « qui semble pousser par crises espacées, affaiblissant la malade, réduisant son taux de globules dans le sang, et la pression artérielle dans le cerveau ». Exactement le mal dont souffre Billie. Impossible pour le lecteur de ne pas faire le lien avec » l'Ecume des jours » de Boris Vian dont l'héroïne a un nénuphar qui pousse dans son poumon. Ce livre est truffé d'expressions surréalistes « Son cerveau est un oeuf sur le plat qui grésille au fond d'une poêle brûlante » ou « les pétales narcotiques de son Lexomil lui ferment les yeux à 3H57 » et encore « Debout près de la machine, sa tristesse fond comme un sucre dans le café » « peut être est-elle une balle molle dans la gueule d'un tigre, qui s'amuse à la faire rebondir où bon lui semble. Mais à cet instant précis, Alma sait qu'elle se battra pour sortir de ses mâchoires ». « Tu te souviens de la lune, Billie ? Si je te manque, tu n'auras qu'à lui parler, je serai juste derrière », « le soir est un drap de coton qu'on agite au vent, des fleurs comme de petits soleils pleuvent dans la lumière dorée ». Addicte au livre je les guettais au détour des pages …
Passionnée par la Bretagne, la botanique et les surréalistes, ayant la couleur bleue comme étendard, je ne pouvais que tomber sous le charme de ce premier roman. Auteur à suivre de près…
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Si jour après jour Alma porte symboliquement des valises de plus en plus encombrantes, c'est que malgré les examens médicaux, le mal qui ronge Billie, reste un mystère. Alors , pour le dire avec des fleurs, Alma l'imagine bien, ce chardon qui se développe dans les poumons de sa fille.
Malgré l'infinie complicité qui les unit, l'angoisse gagne du terrain, tant la perte est possible. et rien ne peut venir à bout de ses pensées morbides , même pas son métier passionnant de bouquiniste. Lorsqu'elle accepte de se rendre en Bretagne pour rencontrer un bibliophile qui lui dit posséder un exemplaire de valeur, elle ne se doute pas de ce qui l'attend au bout du voyage.

L'histoire en elle même est émouvante, on se met à la place de cette mère dans le désarroi, avec un couple qui va mal et l'angoisse permanente pour la jeune fille. Mais surtout dès les premières lignes on est séduit par cette écriture si douce, si délicatement imagée, des phrases de dentelle. La moindre description , la moindre évocation des couleurs , des odeurs prend une allure de poème, alors que surgissent dans la prose raffinée des expressions qui nous font atterrir dans une temporalité bien actuelle. Ça donne des paragraphes étonnants comme celui-ci :

« Alma descend la rue sans vraiment la voir. Elle est encore éprise dans le filet du sommeil, il y a des images effilochées d'un rêve qui frétillent au fond, qu'elle voudrait attraper. Elle croise son voisin au pantalon bouffant, l'étincelle brève de son regard et de son sourire qui veut dire « va chier ».

Enfin, on aime la force du lien qui unit Alma et sa fille, lien qu'elle n'hésite pas à qualifier de fusionnel. Comment s'en sortiront-elles? C'est là le coeur du récit, qui peut aussi couper le souffle du lecteur.

Un premier roman très réussi.
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Une lecture inoubliable. Je peine à trouver les mots juste pour débuter la chronique d'un ouvrage qui m'a bouleversé de la première à la dernière page. Alors que cela n'aurait dû qu'être une intrigue simple où une mère tente de découvrir le mal qui ronge sa fille de l'intérieur, Constance Joly nous propose un voyage inattendu et qui remet en doute nos certitudes et nos convictions.

Le lecteur découvre ainsi Alma, mère d'une jeune fille malade depuis de nombreuses années d'une maladie « fantôme » où le diagnostic ne peut être posé avec précision. Au moment où les médecins pensent avoir découvert une tumeur, un voyage inattendu en Bretagne bouleversera le cours des événements.

L'auteure nous propose de suivre les batailles internes d'une mère devant gérer des situations personnelles difficiles tant extérieurement qu'au plus profond d'elle. Il nous est alors permis de plonger, avec une grande justesse, dans les pensées les plus intimes d'une personne rongée de l'intérieur, d'une femme aux sentiments contradictoires à l'âme très fragile qui est sur le point de se noyer dans ses angoisses internes.

L'écriture poétique contraste, avec justesse, avec la dureté des mots utilisés pour décrire un mal-être qui n'est imperceptible par le commun des mortels. Il ne passe pas une seule page sans que l'on soit touché en plein coeur et où l'âme du lecteur se fragilise à mesure que les pages s'enchaînent. On perçoit des émotions inconnues, une panique croissante.

Le matin est un tigre obligera le lecteur à se remettre en question, mais surtout à mieux comprendre certains liens invisibles qui sont dotés d'une puissance infinie. Constance Joly aborde la dépression sous un nouvel angle grâce à des mots bruts qui permettent de réfléchir sur nos limites, nos convictions.

Et pourtant, ce roman nous offre beaucoup de réponses, un espoir que tout peut s'arranger. Progressivement, Alma se délivre du mal qui l'a ronge pour prendre conscience des belles choses qui l'entourent.
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Etre une mère, avec son histoire, ses doutes, l'envie de faire au mieux, l'idéalisation et la réalité, ses erreurs, se révèle complexe malgré l'amour et la rage, la rationalisation et l'écoute. Une mère est une femme et le demeure. Alors, elle compose et adapte. Parfois se trompe.
Alma est la mère de Billie, jeune adolescente atteinte d'un mal étrange et redoutable. Un chardon éclos au coeur de sa poitrine qui l'étouffe, la ronge et la brise tel le nénuphar de Boris Vian. Une image poétique d'une affection multi-causale dont Alma devine l'origine. Elle.
C'est elle, la mère qui induit ce mal. Elle qui, par sa fusion et absorption, retient Billie. Elle qui doit lâcher prise. Elle le sait, le sent. C'est vital. L'histoire sera celle de son propre trouble, ses chagrins et ses douleurs, le lien qu'elle doit diluer pour ne plus détruire.
Ce roman est une merveille tant pas la plume extrêmement poétique que par la qualité du contenu. Constance Joly est indéniablement une auteure à suivre.
Coup de coeur.




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Le chardon, c'est cette fleur piquante qui pousse dans le thorax de Billie, cette jeune fille de 14 ans à la maladie mystérieuse. Alma, sa mère, en est persuadée, cette plante la dévore et l'empêche de vivre. Comment vivre avec cette plante qui vous étouffe de l'intérieur ?

Le sujet est très fort. Ce livre parle du lien émotionnel entre une mère et sa fille, du poids de l'inconscient qui se partage et se transmet, et de la culpabilité qui en découle.

Car Alma porte des valises imaginaires sur lesquelles sont écrites « Je ne fais plus l'amour », « Ma fille est hospitalisée ». Ces valises pèsent dans sa vie et chaque matin est un tigre, « qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge ».

Chaque jour sa fille Billie est de plus en plus mal. Malgré l'hospitalisation, malgré les traitements, Billie dépérit à vue d'oeil, et au fond d'elle, Alma sait qu'elle en est la seule responsable. Alma est une femme infiniment mélancolique, elle discute avec le tigre, le chat roux là-bas sur la terrasse, et surtout Chicago May, l'héroïne du roman qu'elle est en train de lire. Alma ne sait pas trop comment elle a pu en arriver là, dans sa vie, à cet état de vulnérabilité si intense. Ce qu'elle sait c'est que les médecins se trompent, Billie n'a pas une tumeur aux poumons, mais bien un véritable chardon. La poésie, les plantes, le voyage et l'éloignementvpourront peut-être guérir sa fille.

Le bijou de la rentrée, entre roman, conte et poésie, que je vous conseille pour son originalité, sa plume enchantée. Voici un roman qui n'imite personne, dont la musique est neuve et qui j'espère vous plaira autant que moi.

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Il y a des romans dont on a envie de noter chaque phrase, de l'épingler dans un cahier et de se délecter chaque jour de cette collection précieuse. Les mots de Constance Joly sont sublimes. Son univers se démarque par la beauté, la poésie, la science de l'image. Dans cette prose, tout est symbole, impression, rêve qui opposent leur charme à la souffrance ou à la grisaille du quotidien. Ce roman, on s'y love, on s'y console autant que sa belle héroïne.

Car oui, le besoin de consolation d'Alma est immense. Billie, sa fille adolescente dépérit à vue d'oeil. Tumeur, opération disent les médecins. Non, pense Alma. C'est autre chose. Ce chardon qui pousse dans ses poumons. On n'est pas chez Boris Vian lui répond Jean, son mari. Mais Alma s'obstine, s'accroche à son instinct qui lui souffle que la vérité est ailleurs. Peut-être en elle, dans toutes ces valises qu'elle trimbale comme autant de casseroles. Peut-être dans ce rapport fusionnel qui rend Billie hyper sensible et intuitive, lui fait ressentir ce qu'Alma ressent. Peut-être dans ce lien qu'entretient Alma avec les absents, les personnages de romans, les écrivains disparus mais qui font partie de son quotidien de bouquiniste. Alma dialogue avec Chicago May, trouve du réconfort auprès d'une statue De Balzac. C'est peut-être là, dans les rêves, dans sa relation avec les disparus, dans les livres aussi que se trouve l'espoir...

"Admirer la vie et s'en sentir dépossédée. Est-ce cela la mélancolie ?"

Sur la route d'Alma, tout est signe. Un chat roux, des oiseaux, une biche, un tigre. Comme dans les rêves, il faut en faire l'interprétation, trouver leur signification. Ils ne sont pas là par hasard. "Parmi les ombres, Alma voit parfois la silhouette du chat à la queue tordue s'arrêter sur son balcon ; le chat, ce hiéroglyphe incompréhensible qui vient rythmer leur vie depuis que la maladie de Billie l'a fait dévier de son chemin si clair". Alma avance, décrypte. Tente de capturer le beau. Accepte l'incursion dans le passé, parfois douloureuse, pour mieux se découvrir elle-même et affronter l'avenir.

"A quoi peut bien servir la beauté ? se demande-t-elle. A rien. Et cela lui met les larmes aux yeux. Elle observe le lavis du crépuscule, les feuilles pourpres de l'érable ruisseler de rosée. La beauté ne sert à rien et pourtant, elle console de quelque chose qu'on ne sait pas nommer".

La beauté, surtout irradie ce texte et diffuse au lecteur sa petite lumière douce, apaisante. L'exercice pourrait être périlleux, la forme pourrait cannibaliser le fond, il n'en est rien, bien au contraire. L'ensemble se révèle harmonieux, mélodieux, parfaitement équilibré. Il interroge sur ce qui constitue les êtres dans leur extrême complexité au carrefour entre passé, présent et avenir. Avec une délicatesse, une finesse et un tel amour des mots que le lecteur n'a qu'une envie : y retourner.

La littérature, quand ça ressemble à ça, il n'y a pas grand-chose de meilleur.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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" le matin est un tige qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge."

Alma, une quadragénaire qui exerce le joli métier de bouquiniste, est mélancolique et souffre de fréquentes attaques de panique. " Admirer la vie et s'en sentir dépossédée. Est-ce cela la mélancolie ?" La jeune femme trouve souvent refuge dans une rêverie qui lui permet survivre.

Depuis quelques mois sa fille Billie âgée de 14 ans s'étiole, atteinte d'une maladie inconnue, les traitements échouent, les médecins sont démunis et finissent par parler de tumeur et d'opération chirurgicale.

Alma persiste à croire que le mal de sa fille est tout autre, elle imagine le mal qui frappe Billie sous la forme d'un chardon qui envahit sa poitrine sans bien entendu parvenir à persuader son mari que son intuition est la bonne et qu'il ne faut surtout pas opérer Billie. Alma entretient une relation tellement fusionnelle avec sa fille qu'elle se demande si ce n'est pas son propre mal-être qui gagne son enfant. Ne doit-elle pas se retrouver pour délivrer sa fille?

" Il est temps de s'affirmer.
De se redresser.
de cesser de s'excuser d'être soi.
De cesser de compter sur les autres pour se donner une consistance.
Pour se tenir droit.
Se réparer.
Pour être"

Ce roman est un énorme coup de coeur pour différentes raisons. Tout d'abord j'ai été touchée par cette histoire de relation mère-fille, de transmission inconsciente, de combat d'une mère qui ouvre de multiples pistes de réflexion par le miroir qu'il nous tend. La force du lien qui parfois peut étouffer... la transmission du mal-être de la mère à la fille... le difficile équilibre à trouver dans une relation...
J'ai adoré la langue éminemment poétique et joliment imagée de l'auteure, truffée de magnifiques métaphores. La première phrase du roman"C'est un jour blanc, éreinté, qui n'a envie de rien" donne d'emblée la tonalité de la plume de l'auteure. C'est une écriture qui emporte si on accepte de lâcher prise, de se laisser porter par la magie des mots.
Ce roman m'a imprégnée, il me reste totalement à l'esprit plusieurs semaines après avoir tourné à regret la dernière page, il m'est passé entre les mains par un circuit de lecture mais il me faut maintenant le posséder car je sais que je le relirai très vite.
Constance Joly travaille dans l'édition depuis une vingtaine d'années, elle a bien fait de passer de l'autre côté de la barrière. Une grande auteure est née !
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« le matin est un tigre » est une histoire mère-fille, du lien invisible qui lie une mère à sa fille, une fille à sa mère. Alma, la mère, est désemparée devant la maladie de Billie, quelle mère ne le serait pas… Alma veut tout faire pour sauver sa fille, quelle mère ne le ferait pas… Alma est persuadée de savoir quel mal ronge Billie: un chardon qui pousserait dans sa poitrine… Oui ça existe, c'est la maladie du chardon ou de Calder (nom du médecin qui en a déduit le diagnostic)… Alma l'a lu dans une oeuvre botanique où tout y est décrit et cela ressemble trait pour trait à ce que je vis Billie… Alma est catégorique: il ne faut surtout pas opérer Billie sinon ça va la tuer… Mais personne ne la croit, ni le médecin, ni Jean son mari… Alma est seule et elle doit tout faire pour empêcher cette opération…

Constance Joly a une plume poétique, enchanteresse, une plume qui envoûte! Constance nous raconte le lien maternel, ce lien qui amène toute mère à tout faire pour le bien de son enfant, ce lien auquel tout enfant s'accroche à tout âge, ce lien si beau entre une mère et son enfant. Pour Alma et Billie, ce lien est très puissant, trop peut-être… L'auteure mène son personnage d'Alma loin afin que celle-ci se rende compte de ce qu'elle a transmis à sa fille, du poids qu'elle lui a légué sans s'en rendre compte, de la force des non-dits… C'est troublant et si vrai au final: comment une fille ressent les sentiments, émotions de sa mère. Constance livre tout cela d'une façon si naturelle, avec des mots, des descriptions si justes que je suis tombée en admiration devant sa façon de nous conter une histoire, son premier roman.
Lien : https://unbrindesyboulette.w..
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