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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si jour après jour Alma porte symboliquement des valises de plus en plus encombrantes, c'est que malgré les examens médicaux, le mal qui ronge Billie, reste un mystère. Alors , pour le dire avec des fleurs, Alma l'imagine bien, ce chardon qui se développe dans les poumons de sa fille.
Malgré l'infinie complicité qui les unit, l'angoisse gagne du terrain, tant la perte est possible. et rien ne peut venir à bout de ses pensées morbides , même pas son métier passionnant de bouquiniste. Lorsqu'elle accepte de se rendre en Bretagne pour rencontrer un bibliophile qui lui dit posséder un exemplaire de valeur, elle ne se doute pas de ce qui l'attend au bout du voyage.

L'histoire en elle même est émouvante, on se met à la place de cette mère dans le désarroi, avec un couple qui va mal et l'angoisse permanente pour la jeune fille. Mais surtout dès les premières lignes on est séduit par cette écriture si douce, si délicatement imagée, des phrases de dentelle. La moindre description , la moindre évocation des couleurs , des odeurs prend une allure de poème, alors que surgissent dans la prose raffinée des expressions qui nous font atterrir dans une temporalité bien actuelle. Ça donne des paragraphes étonnants comme celui-ci :

« Alma descend la rue sans vraiment la voir. Elle est encore éprise dans le filet du sommeil, il y a des images effilochées d'un rêve qui frétillent au fond, qu'elle voudrait attraper. Elle croise son voisin au pantalon bouffant, l'étincelle brève de son regard et de son sourire qui veut dire « va chier ».

Enfin, on aime la force du lien qui unit Alma et sa fille, lien qu'elle n'hésite pas à qualifier de fusionnel. Comment s'en sortiront-elles? C'est là le coeur du récit, qui peut aussi couper le souffle du lecteur.

Un premier roman très réussi.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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« Depuis quand Alma se sent-elle comme ça ? Vide ? Au bord du monde ? Comme si elle penchait légèrement ? » Elle le situe vers la fin de l'enfance. « Son corps est une carcasse vide ».

Depuis ses quatorze ans Billie, sa fille souffre d'un mal étrange. Elle tousse, maigrit, se plaint de douleurs au thorax, « comme si une plante vénéneuse poussait dans sa poitrine. » Un chardon.

« Toutes les deux ont développé une relation siamoise……..un lien jumeau »

C'est pour nous parler de cette relation mère-fille que Constance Joly a choisi d'écrire ces pages sublimes. Une écriture soignée, certainement travaillée jusqu'à l'essentiel, sans en avoir l'air….

Ce récit est un combat d'une rare résonance, raconté avec des mots tendres, des phrases poétiques effleurant l'univers d'Alma, de son compagnon Jean et de leur fille Billie. le combat d'une mère désorientée, suivant son instinct, ouverte à tout ce qui pourra soulager sa fille. Prête à se désintéresser de tout pour être entière à son enfant. Pour vivre juste de son enfant.

Un roman de l'intimité, de la remise en question, décrivant joliment mais aussi d'une manière dramatique l'étouffement vécu consciemment ou pas, provoqué ou subit, conduisant si aucune décision n'est prise, à la mort programmée.

C'est un conte. Je l'ai vécu comme un conte. Une sorte d'allégorie prenante et bien armée. L'écriture n'est pas innocente. Les symboles sont là, au détour d'une phrase, pour nous recadrer et se méfier « du soleil qui a du noir dans l'aile…. »
Un roman d'amour intense, d'amour maladroit ou parfois « le matin est un tigre qui rampe doucement en attendant de vous sauter à la gorge ».

A force de souffrir l'imaginaire risque de s'étioler à moins qu'un signe du destin s'impose à Alma et dénoue tous les noeuds du problème. A condition bien sûr qu'elle accepte d'ouvrir ses chaines. Ce signe est donné par un très vieux monsieur, presque aveugle, mais qui ressent tant de choses, qui les suggère si intelligemment, tout en images…………….
Un voyage de dernière minute, imprévu, offert par la vie parce qu'Alma a bien voulu la regarder en face.

Un livre ouvert à la réflexion et à l'interprétation du lecteur. Un huis-clos.
Un coup de coeur assez fort pour qu'il me laisse une trace longtemps.
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Le matin est un tigre
Pour qui est las découragé
Pour qui a peur et tremble
Pour qui ne fait plus l'amour
Et doit traîner des enclumes dans sa valise

Le matin est un tigre
Pour qui doit vivre l'angoisse de l'enfant malade et dépérissant,
L'enfant pâle à la peau translucide
Les ramifications du chardon dans un coeur meurtri

Le matin est un tigre
Aux griffes acérées qui lacèrent la peau et les entrailles
Qui domine et met à terre

Le matin est un tigre
A dompter, à transformer
A museler, à calmer.

L'auteure tire les mots de son sac de poésie, elle les étale, les superpose, les découd et les ravaude. Un souffle nouveau traverse ce roman ailé, le noeud de cette relation mère/enfant. Je le relirai…

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Un premier roman réussi, et un talent qui se profile à l'horizon.
J'ai adoré l'écriture, exactement comme je l'aime, poétique, fluide, ciselée.
Quant à l'histoire, ça nous rappelle le nénuphar de Boris Vian, on le remplace par un chardon et déjà vous avez une idée du sens que peut prendre le récit, mais très loin de l'écume des jours. C'est juste une approche d'ailleurs, l'auteure l'écrit également dans le roman.
C'est la relation mère fille, qui est mis en jeu dans ce roman, une relation à vases communicants, Alma doit se libérer pour libérer sa fille, la laisser vivre.
Ce roman pourra dérouter certains lecteurs, il faut voir cela plus comme un conte qu'un roman. Et il faut aussi apprécier un brin l'écriture poétique.
Je suis bien contente de cette découverte et je suivrai cette auteure.
Premier roman qui j'espère fera son chemin et ravira bien des lecteurs.
Vivement le prochain !
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Avec le Matin est un tigre de Constance Joly, j'arrive à ma sixième lecture pour cette sélection des 68 premières Fois

Ce premier roman, vu son format court, à peine 154 pages, est plus un conte qu'un véritable roman ; en effet, j'ai toujours un peu de mal à qualifier de « roman » un texte de moins de 200 pages…
Du conte, il y a l'ambiance onirique et l'étrangeté ; il y a aussi une leçon de vie à retenir…

Le tigre du titre évoque un grand félin d'Asie, cruel et sanguinaire. Ici, chaque journée de l'héroïne devient un combat contre un tel adversaire figuré, puissant et redoutable ; elle combat la maladie de sa fille et les casseroles qu'elle-même traine après elle depuis toujours.
Les chardons sont des plantes sauvages, coriaces et piquantes ; elles symbolisent la douleur, la difficulté mais leurs épines peuvent se révéler protectrices.
Le matin annonce un jour nouveau, un futur à la fois prévisible et inconnu. Parfois, quand cela ne va pas, chaque nouvelle journée est une bataille à mener.

Constance Joly revisite L'Écume des jours de Boris Vian avec la maladie représentée par l'allégorie d'une plante se développant à l'intérieur du corps du malade. C'est un livre culte… J'étais donc à la fois bien disposée en commençant cette lecture et un peu exigeante aussi car il fallait éviter l'écueil de la pâle copie.
L'auteure a le talent de le faire avec élégance, dans une écriture à la fois poétique et très actuelle ; elle nous parle de relations familiales, de rapports de couple et, surtout, met en lumière une proximité mère-fille qui interroge et émeut en même temps.
J'avoue avoir un faible pour les récits qui mêlent réalités quotidiennes et visions métaphoriques ; j'ai adoré ce texte où « la vie réelle et la vie rêvée se mélangent » et où les fardeaux moraux deviennent de vraies sacs, valises ou malles à porter, où le fantôme d'une célèbre voleuse apparaît pour aider l'héroïne à y voir clair et où les chats ont le don d'ubiquité. J'aime aussi lire à travers les symboles et la cécité est un état qui me parle beaucoup, me rappelant entre autres les aèdes, ces récitants aveugles de l'Antiquité.
J'apprécie de retrouver un bel univers référentiel dans ce que je lis. Quel plaisir, par exemple, de retrouver Emily Dickinson que j'associe à une figure singulière de recluse marquée par le deuil, à la poésie concise et concrète !

Vous l'aurez compris, Constance Joly m'a captivée avec ce petit bijou, cette parenthèse littéraire, ce temps de lecture suspendu.
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Il y a des romans dont on a envie de noter chaque phrase, de l'épingler dans un cahier et de se délecter chaque jour de cette collection précieuse. Les mots de Constance Joly sont sublimes. Son univers se démarque par la beauté, la poésie, la science de l'image. Dans cette prose, tout est symbole, impression, rêve qui opposent leur charme à la souffrance ou à la grisaille du quotidien. Ce roman, on s'y love, on s'y console autant que sa belle héroïne.

Car oui, le besoin de consolation d'Alma est immense. Billie, sa fille adolescente dépérit à vue d'oeil. Tumeur, opération disent les médecins. Non, pense Alma. C'est autre chose. Ce chardon qui pousse dans ses poumons. On n'est pas chez Boris Vian lui répond Jean, son mari. Mais Alma s'obstine, s'accroche à son instinct qui lui souffle que la vérité est ailleurs. Peut-être en elle, dans toutes ces valises qu'elle trimbale comme autant de casseroles. Peut-être dans ce rapport fusionnel qui rend Billie hyper sensible et intuitive, lui fait ressentir ce qu'Alma ressent. Peut-être dans ce lien qu'entretient Alma avec les absents, les personnages de romans, les écrivains disparus mais qui font partie de son quotidien de bouquiniste. Alma dialogue avec Chicago May, trouve du réconfort auprès d'une statue De Balzac. C'est peut-être là, dans les rêves, dans sa relation avec les disparus, dans les livres aussi que se trouve l'espoir...

"Admirer la vie et s'en sentir dépossédée. Est-ce cela la mélancolie ?"

Sur la route d'Alma, tout est signe. Un chat roux, des oiseaux, une biche, un tigre. Comme dans les rêves, il faut en faire l'interprétation, trouver leur signification. Ils ne sont pas là par hasard. "Parmi les ombres, Alma voit parfois la silhouette du chat à la queue tordue s'arrêter sur son balcon ; le chat, ce hiéroglyphe incompréhensible qui vient rythmer leur vie depuis que la maladie de Billie l'a fait dévier de son chemin si clair". Alma avance, décrypte. Tente de capturer le beau. Accepte l'incursion dans le passé, parfois douloureuse, pour mieux se découvrir elle-même et affronter l'avenir.

"A quoi peut bien servir la beauté ? se demande-t-elle. A rien. Et cela lui met les larmes aux yeux. Elle observe le lavis du crépuscule, les feuilles pourpres de l'érable ruisseler de rosée. La beauté ne sert à rien et pourtant, elle console de quelque chose qu'on ne sait pas nommer".

La beauté, surtout irradie ce texte et diffuse au lecteur sa petite lumière douce, apaisante. L'exercice pourrait être périlleux, la forme pourrait cannibaliser le fond, il n'en est rien, bien au contraire. L'ensemble se révèle harmonieux, mélodieux, parfaitement équilibré. Il interroge sur ce qui constitue les êtres dans leur extrême complexité au carrefour entre passé, présent et avenir. Avec une délicatesse, une finesse et un tel amour des mots que le lecteur n'a qu'une envie : y retourner.

La littérature, quand ça ressemble à ça, il n'y a pas grand-chose de meilleur.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Etre une mère, avec son histoire, ses doutes, l'envie de faire au mieux, l'idéalisation et la réalité, ses erreurs, se révèle complexe malgré l'amour et la rage, la rationalisation et l'écoute. Une mère est une femme et le demeure. Alors, elle compose et adapte. Parfois se trompe.
Alma est la mère de Billie, jeune adolescente atteinte d'un mal étrange et redoutable. Un chardon éclos au coeur de sa poitrine qui l'étouffe, la ronge et la brise tel le nénuphar de Boris Vian. Une image poétique d'une affection multi-causale dont Alma devine l'origine. Elle.
C'est elle, la mère qui induit ce mal. Elle qui, par sa fusion et absorption, retient Billie. Elle qui doit lâcher prise. Elle le sait, le sent. C'est vital. L'histoire sera celle de son propre trouble, ses chagrins et ses douleurs, le lien qu'elle doit diluer pour ne plus détruire.
Ce roman est une merveille tant pas la plume extrêmement poétique que par la qualité du contenu. Constance Joly est indéniablement une auteure à suivre.
Coup de coeur.




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A quelques heures d'une opération dangereuse sur sa fille, Alma est persuadée et à l'intuition qu'il ne faut surtout pas opérer.
Mais quelle est cette maladie qui atteint Billie cette jeune fille de quatorze ans et qui la rend neurasthénie ?
Alma et Billie ont une relation mère /fille très fusionnelle.
Alma culpabilise face au mal de sa fille Billie. Elle doit déposer ses valises et couper le cordon ombilical pour que Billie survive.
Alma continue de penser qu'il ne faut pas opérer Billie. Elle soutient que celle-ci à un chardon qui pousse dans son corps Clin d'oeil à Boris Vian.
On suit donc les batailles internes que se livre Alma pour arriver à sa libération et sauver sa fille.
Une histoire grave mais écrite dans un style poétique et précis avec beaucoup de vocabulaire. Dès les premières lignes, on est pris dans le récit et les pages se tournent toutes seules.
Constance Joly nous offre un premier roman plein de sensibilité et très émouvant.
Une plume à suivre.
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« le chardon

Quand bien même serais-je à l'étal de boucherie
Exposé dépecé comme un très pauvre boeuf
Quand bien même mon chef aux narines fleuries
D'un oeil glauque attendrait l'oignon et le cerfeuil
Quand bien même mon ventre aux tripes déroulées
A la curiosité s'ouvrirait bien sanglant
Quand bien même mon coeur sur une assiette ornée
Rejoindrait mon cerveau mon foie et les rognons
Nul ne saurait trouver parmi mes côtelettes
Mes viscères et mes abats
Le chardon qui fleurit semé par la conquête
Que rien de déracinera
Le vivace chardon qui plante ses racines
Dans les sols les plus secs et les plus rebutants
Le chardon sans pitié qui frotte ses épines
Pour de rudes douleurs parallèles au temps »
Raymond Queneau.

*L'autrice*: pendant plus de 20 ans Constance Joly a été éditrice. Aujourd'hui, elle est conseillère en littérature. le matin est un tigre est son premier roman. Il est sorti en 2019.

*Le livre*: Billie, adolescente, souffre d'une maladie rare. Pour les médecins il s'agit d'une tumeur. Mais pour Alma, sa mère, il n'en est rien. Alma sent. Alma sait. Elle a l'intuition qu'un chardon pousse à l'intérieur de sa fille. D'où vient ce chardon qui engloutit Billie ? 🦠Quand le réel est trop fort, quand la mélancolie est trop lourde, quand les valises que l'on porte sont trop encombrantes, il reste les rêves. Et, surtout, il reste les poèmes. Et Alma y croit très fort. Bien plus qu'en la médecine. . 🦠Une écriture fluide et empreinte de réalisme, mais aussi, un brin de fantaisie, de la musique, beaucoup de rêve et une tonne de poésie: si vous recherchez de la tendresse, jetez-vous sur ces fabuleuses 153 pages! C'est une parenthèse de mots à déguster. Un accès à l'allégresse.
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Une lecture inoubliable. Je peine à trouver les mots juste pour débuter la chronique d'un ouvrage qui m'a bouleversé de la première à la dernière page. Alors que cela n'aurait dû qu'être une intrigue simple où une mère tente de découvrir le mal qui ronge sa fille de l'intérieur, Constance Joly nous propose un voyage inattendu et qui remet en doute nos certitudes et nos convictions.

Le lecteur découvre ainsi Alma, mère d'une jeune fille malade depuis de nombreuses années d'une maladie « fantôme » où le diagnostic ne peut être posé avec précision. Au moment où les médecins pensent avoir découvert une tumeur, un voyage inattendu en Bretagne bouleversera le cours des événements.

L'auteure nous propose de suivre les batailles internes d'une mère devant gérer des situations personnelles difficiles tant extérieurement qu'au plus profond d'elle. Il nous est alors permis de plonger, avec une grande justesse, dans les pensées les plus intimes d'une personne rongée de l'intérieur, d'une femme aux sentiments contradictoires à l'âme très fragile qui est sur le point de se noyer dans ses angoisses internes.

L'écriture poétique contraste, avec justesse, avec la dureté des mots utilisés pour décrire un mal-être qui n'est imperceptible par le commun des mortels. Il ne passe pas une seule page sans que l'on soit touché en plein coeur et où l'âme du lecteur se fragilise à mesure que les pages s'enchaînent. On perçoit des émotions inconnues, une panique croissante.

Le matin est un tigre obligera le lecteur à se remettre en question, mais surtout à mieux comprendre certains liens invisibles qui sont dotés d'une puissance infinie. Constance Joly aborde la dépression sous un nouvel angle grâce à des mots bruts qui permettent de réfléchir sur nos limites, nos convictions.

Et pourtant, ce roman nous offre beaucoup de réponses, un espoir que tout peut s'arranger. Progressivement, Alma se délivre du mal qui l'a ronge pour prendre conscience des belles choses qui l'entourent.
Lien : https://leparfumdesmots.blog..
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