Il souffrait dans son corps, elle pourrissait dans son coeur.
Jane était tellement plus que ça. Son passé, son présent, son avenir, elle était sa malédiction éternelle.
Un homme poursuivi par son passé est incapable de voir l'avenir. Il était peut-être temps d'arrêter de courir et d'aller de l'avant ?
Elle avait cessé de respirer. L'éventualité de dire non s'imposa à elle aussi fortement que le besoin de reprendre de l'air. Or, la conviction qu'elle devait aller jusqu'au bout pour se sauver elle-même, tourner la page, était plus forte.
Si les Français sont chauds, ce n'est pas forcément le cas de leurs soirées d'automne.
Elle lui avait pris quelque chose d'irremplaçable, mais elle lui avait tout donné, même quand il agissait avec elle comme un immonde salaud.
L'ironie voulait que la femme qu'il détestait le plus fût également la seule auprès de qui il pouvait se
confier. Parce qu'il savait qu'il pourrait dire n'importe quoi, elle ne le jugerait pas. Elle n'oserait pas.
Aujourd'hui, elle avait conscience que s'il lui avait proposé de coucher avec elle, ce n'était pas pour
assouvir son appétit sexuel comme il avait prétendu, mais uniquement pour se venger d'elle. Lui faire mal.
Et il y parviendrait.
– Que crois-tu, Martin ? Que la culpabilité ne m'a pas rongée ? Que pas un seul instant je n'ai regretté ce
que je t'ai fait ? Que je n'ai pas souffert de cette responsabilité ? Que tu n'as pas hanté mes pensées, mais
journées, mes nuits entières depuis trois ans ?
– Très bien. Adrien affirme que vous n'êtes plus la même, et je dois bien avouer que votre métamorphose
et plutôt frappante. Je crois que vous regrettez profondément ce qui s'est passé il y a trois ans. Toutefois
Martin ne semble pas prêt à entendre vos excuses. Peut-être ne le sera-t-il jamais.