— Il t'arrive de chasser sous ta forme de loup ? demandai-je tout à trac tandis qu'il enfournait un morceau de viande rouge dans la bouche.
Il manqua de s'étouffer avant de pouffer de rire.
— Honnêtement ? Non. Parce que je n'ai jamais faim à ce point lorsque le suis un loup.
— Mais tu le pourrais ?
— Oui, c'est dans mes gènes.
— Tu pourrais tuer Bambi ? me révoltai-je.
— Ben oui, si j'avais faim, il n'aurais aucune chance, crois-moi ! Ne fais pas cette tête, il n'aurais pas le temps de souffrir, je ne suis pas une brute.
J'eus une moue boudeuse. Manger Bambi... Et puis quoi encore ?
La mort n’est rien,
Je suis simplement passé dans une autre pièce.
Je suis moi, tu es toi.
Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours, à jamais, Donne moi le nom que tu m’as toujours donné.
Parle-moi comme tu l’as toujours fait.
Je t’entendrai…
Pourquoi fallait-il que l’orgueil soit toujours plus fort que tout ?
- Deuxièmement, le coupai-je avec fermeté, la confiance se gagne, elle ne s’impose pas d’un coup d’esbroufe. Il ne te suffit pas de papillonner des yeux pour que je tombe dans tes filets. La confiance est une réponse à la sincérité, à la vérité. […]
Alors je perçus dans mes oreilles un bourdonnement familier. Mes genoux flanchèrent subitement et je me retrouvai à quatre pattes sur le sable, la tête en avant, le souffle court. Je savais ce qui était en train de se passer : la meute allait muter.
Il ne pouvait pas y avoir de combat... C'était trop dangereux. Ils ne pouvaient pas...
- Nooonnn ! réussis-je à crier.
- Hannah, recule ! m'ordonna Leith toujours aussi immobile.
- Comment veux-tu que j'y arrive ? hurlai-je d'une voix chevrotante, vous... vous allez vous transformer !
Pût-elle me pardonner d'avoir été si lâche. Un loup-garou et un ange noir... Jamais.
La nuit avait enfin fait place au crépuscule. L'ange noir n'était plus.
Je t'aime, murmura-t-il à mon oreille. Pour toujours et à jamais.
Je sortis du pavillon la tête comme une pastèque d’avoir entendu hurler et piailler. Une basse-cour n’aurait pas fait autant de bruit, il fallait que je m’aère, je n’avais aucune envie de rentrer chez moi.
J’aurais pu aller voir Leith, mais il était parti à Édimbourg avec les étudiants de sa promo, il ne rentrerait que le lendemain. J’allais m’octroyer une balade sur la plage, je n’en avais encore pas eu l’occasion depuis que j’étais à St Andrews. Et aujourd’hui, malgré le froid, il faisait très beau.
Je fouillai dans mon sac pour en sortir les clefs de ma voiture et me dirigeai vers le parking.
Je décidai de rouler jusqu’à St Andrew’s West Sands Beach. On m’avait dit que la plage était très jolie, plate et très large, idéale pour marcher sans trop se fatiguer. Il ne devrait pas y avoir grand monde, je n’aurais aucun mal à trouver une place de stationnement.
Non, nous ne sommes pas invulnérables…