"Après un grand pan de vie où on n'a aucune raison de se réjouir, on devient vite soupçonneux quand le contraire arrive."
— « Peu viril? » s’étonna Johanna Kjellander.
— La frontière entre la virilité et la stupidité est parfois très mince.
(Presses de la Cité, p.128)
La citation n'était pas tout à fait fidèle, mais quand les gens sont incapables de s'exprimer avec des mots qui feraient de bons gros titres, les journalistes n'ont d'autre choix que d'écrire ce que l'interviewé a voulu dire au lieu de ce qu'il a dit. C'est ce qu'on appelle le journalisme créatif.
(Le comte) avait reçu son surnom des années auparavant en raison de l'élégante façon avec laquelle il menaçait les clients réfractaires. Il prononçait des phrases du style : "J'apprécierais énormément que M. Hansson daigne régler ses comptes dans un délai de vingt-quatre heures, auquel cas je promets de ne pas le découper en mille morceaux." Hansson, ou quel que fut le nom du client, payait alors sans plus rechigner. Personne ne voulait être découpé en morceaux, peu importe leur nombre. Deux, c'était déjà un de trop.
"Voilà comment fonctionnaient les choses, ici. Rien n'est secret. Sauf l'identité de père Noël."
Dédé avait peut-être essayé toutes sortes de drogues, mais on ne pouvait pas l'accuser d'être accro au travail.
Ils songeaient tous deux qu'ils auraient pu passer un moment très agréable si la situation n'avait pas été si désagréable.
… ne restait qu’une question au coeur de la théologie : si le Seigneur est bon et tout-puissant, pourquoi le monde est-il dans cet état?
(Presses de la Cité, p.101)
Le jeune homme dont la vie serait bientôt remplie de mort, de violence de voleurs et de bandits, rêvassait derrière le comptoir d'un des hôtels le plus triste de Suède.
Unique petit-fils de Henryk Bergman, défunt marchand de chevaux, il attribuait tous ses malheurs à sont grand-père, qui avait été, dans son domaine, le numéro un de la Suède méridionale : chaque année, il ne vendait pas moins de sept mille bêtes, toutes de premier choix.
Hélas, à partir de 1955, les paysans - ces traîtres - commencèrent à délaisser les bêtes au profit des tracteurs, et ce à une allure que l'aïeul refusa de présager. Les sept mille transactions devinrent sept cent, qui devinrent soixante-dix, qui devinrent sept. En cinq ans, les millions de la famille s'envolèrent en un nuage de diesel. Le père du petit fils pas encore né essaya de sauver ce qui pouvait l'être. En 1960, profitant des rumeurs qui allaient bon train, il alla prêcher les répercussions de la mécanique auprès des paysans de la région.
Dans le sillage des théories selon lesquelles une projection de carburant décuplait les forces - or,ces hommes en recevait souvent ! -, le père évoqua des études qui démontraient que le diesel pouvait entraîner la stérilité masculine.
La catastrophe couvait, car s’il se mettait à lire des livres préconisant de tendre l’autre joue, lui dont le métier était de fendre des nez et des mâchoires le lundi, le mercredi et le vendredi… que resterait-il de leur entreprise ?