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Citations sur Chaleur humaine (154)

D’ailleurs le parti socialiste n’existait quasiment plus, à force de ne pas changer la vie, la vie l’avait changé. 
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Ce soleil de fin janvier étrennait ses premiers feux, et il y allait franchement, il faisait presque peur à taper si fort, décrétant le printemps avec deux mois d'avance. En se retournant, Alexandre nota que Constanze ôtait son pull pour le passer autour de sa taille, elle fermait la route à l'arrière auprès des veaux étourdis. Elle venait chaque année pour l'occasion, voir le spectacle de ces jeunes bêtes qui rejoignaient le troupeau après deux mois d'abri.Comme Alexandre, elle goûtait cette folie qui prenait les animaux, même s'ils se disaient qu'un jour, au lieu de les rentrer l'hiver pour les protéger du froid, on les rentrerait l'été parce qu'il ferait trop chaud.
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Cette terre, c'était son monde, un monde imperturbable, un monde comme à l'abri du monde.....
Depuis que les hivers se faisaient courts, la repousse démarrait chaque année un peu plus tôt. Au début, il avait pris ce changement comme une aubaine, mais petit à petit la peur de manquer d'eau s'était mise à monter en lui.
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 Constanze s’approcha d’Alexandre et passa ses bras autour de sa taille, tous deux regardaient ce tableau, soudés par l’indéfectible lien de ceux qui avancent dans la vie avec la certitude douce amère de s’en tenir à l’essentiel. Cette fraternité d’âme les hissait bien au-delà de l’amour et leur permettait de voir le monde avec le détachement des vrais sages, ceux qui ne désirent rien d’autre que ce qu’ils ont. 
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Un jour, elle en parlerait au médecin, seulement, comme elle disait: "Manouvrier ne donne plus de consultations depuis qu'il est mort", et médecin par ici, comme maréchal-ferrant ou rempailleur, ça faisait partie des métiers oubliés.
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Dans ce réveillon de l’an 2000 tant fantasmé, ce changement de siècle et de millénaire fêté à la bougie, il aurait fallu voir un signe : cette nouvelle ère porteuse de progrès et de paix ne tiendrait peut-être pas toutes ses promesses. 
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- Tu sais, depuis deux jours, j'héberge ma sœur à la ferme, et là j'ai une autre frangine qui veut débarquer avec son mari et ses deux gosses, là-haut on serait six en tout, t'en penses quoi ?
- Que vous n'êtes plus fâchés.
- Non, par rapport au virus.
- Toi comme moi, on passe notre vie à faire en sorte que des mammifères ne se refilent pas des pathogènes, eh bien il faudra faire pareil à la maison, rien de plus. De toute façon, j'imagine que vous êtes toujours en froid ?
- Oui, pourquoi ?
- Alors, c'est parfait, comme ça pas de bises, pas d'effusions. Face à un virus respiratoire, c'est toujours ceux qui se font la gueule qui s'en sortent le mieux, pareil pour les solitaires, les égarés, enfin tout ce qui fuit le troupeau.
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Cette fois, être la nature et l’humanité, les hostilités étaient déclarées, cette fois la nature s’attaquait aux humains et elle n’en finirait plus désormais de nous déborder, parce que, en plus des nouveaux agents infectieux, il faudrait se confronter à la montée des océans, aux vagues de chaleur et surtout au manque d’eau douce qui soulignerait le triomphe des eaux salées. Le feu et le sel, ces périls ultimes, signeraient la mort de toute vie.
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Jeudi 19 mars 2020

Elle estimait peu glorieux ce manque d'imagination pour un adolescent.Alors qu'elle aurait dû le bénir, en tout cas le remercier d'assurer la pérennité de ces terres, sans quoi les parents n'auraient pas pu garder la ferme, et ici il n'y aurait plus rien, sinon des ruines.Il y avait trente ans, elle le tenait pour un homme du passé, mais en fin de compte c'était bien lui le mur porteur,le socle renouvelé de la famille, à tel point qu'en ce moment même, pour trouver refuge, c'est vers lui qu'elle s'était tournée.

( Albin Michel, 2023, p.201)
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– Tu sais, tant qu’Alexandre n’est pas là, tu devrais en profiter pour buter le couple de blaireaux qui traîne là-haut.
Fredo haussa les épaules.
– Je suis sérieux, lui rétorqua le père.
– C’est à cause de la Chine que vous dites ça?
– Non. En Dordogne ils ont déjà abattu mille vaches à cause de la tuberculose.
– Eh bien comme ça le problème est réglé. Vous voyez le mal partout, Jean, la grippe chinoise, les blaireaux de Dordogne, faut se détendre, tout ça c’est la nature !
– T’y connais quoi à la nature, toi ?
– J’y passe ma vie !
– C’est pas parce que tu dors dans une caravane sans roues, et que tu passes ta vie dehors que tu connais la nature, de toute façon aux vaches t’y connais rien, le bétail, c’est fait de chair et de sang, rien à voir avec tes pommes de terre et tes radis.
– Écoutez, là-haut je fais tout comme il me dit, mais pour le reste je touche à rien.
– T’as bien une carabine, pas vrai ?
– Oh, si on devait se mettre à éliminer tout ce qui traîne, alors pourquoi pas buter les renards, les chats sauvages et les chevreuils tant qu’on y est, comme il y en a de plus en plus, on n’en finirait jamais. Il y a même des lynx qui descendent du Massif central, on va tout de même pas tous les tuer !
– Les lynx n’ont jamais refilé la tuberculose à une vache, pas plus que les chats ou les chevreuils, tu vois que t’y connais rien.
Fredo ne répondit pas. Comme souvent il prenait sur lui pour ne pas envenimer les choses, surtout que le père devenait rude depuis qu’il devait se contenter de donner des ordres. Jean vivait mal cette dépendance aux autres, et puis les autres se faisaient de plus en plus rares, il se désolait de ne plus voir leurs petits-enfants ni leurs filles. Une photo d’elles trônait depuis toujours sur le buffet à côté de la télé, les trois sœurs enlacées, tout sourire dans des jupes d’été, se serrant les unes contre les autres pour éviter un jet d’eau. Un cliché de l’adolescence sur lequel Alexandre ne figurait pas, Fredo en avait fait la remarque et les parents lui avaient répondu qu’Alexandre, ils le voyaient tous les jours. Malgré le bulletin météo, Jean continuait sur sa lancée, assurant qu’il y avait trente ans on gazait les renards dans leur terrier et que les blaireaux tombaient en même temps. Mais depuis que les appâts-vaccins avaient éradiqué la rage des renards, la population des blaireaux s’était remise à augmenter.
– Vous n’avez qu’à acheter un cheval !
– Ah bon, parce que les chevaux tuent les blaireaux ?
– Non, mais l’odeur de leur urine les fait fuir.
– C’est une idée de rêveur, ça.
– J’aime mieux être rêveur qu’assassin. Si on vous écoutait, tous ces rapatriés de Carry-le-Rouet, faudrait les buter.
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