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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand on entre ici, on y ressort pas vivant. Et c'est dans un mouroir que l'autrice a voulu nous conter les derniers mois de notre héroïne. Elle n'a pas perdu la tête, quoique, elle dialogue la Nuit, qui, elle le sait, un jour viendra éteindre ses yeux. D'activités qui semblent ludiques (naïveté ou soumission ? Activités d'éveil ou abus sur faiblesse ?) en personnel pas toujours qualifié, sans parler des autres pensionnaires, c'est un regard tendre que l'on pose forcément sur ces lignes et cette mamie qui nous dévoile sa vie, qu'elle ne pensait pas ainsi s'achever...
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Je viens d'accompagner jusqu'à sa dernière demeure une vieille amie et son avant dernière demeure était un Ephad. Elle avait, comme dona Maria Alberta Amado, choisit d'y finir ses jours abandonnant tout ce qui fut sa vie d'autrefois : maison, jardin, objets…
En connaissance de cause ?
Sûrement pas car je crois qu'en entrant dans cet établissement, elle en ignorait le quotidien réel, s'imiginant une sorte d'hôtel médicalisé.
Alors autant dire qu'en allant lui rendre visite, je n'ai pas eu besoin des révélations du scandale Orpéa et de ceux que la presse nous révèle chaque jour pour savoir combien les personnes âgées souffraient dans ces mouroirs.
J'ai vu la salle commune puante où sont mélangés valides et grabataires, entendu les cris nocturnes, observé les aides-soignantes indifférentes, violentes ou insultantes, le portable en main la plupart du temps, les directrices ou directeurs administratifs uniquement préoccupés de rentabilité…
Ma liste est longue de ces maltraitances morales et physiques d'autant plus fréquentes qu'elles s'exercent sur des êtres fragiles et captifs.

« Miséricordia » ne m'a donc rien appris de ce côté-là mais beaucoup plus sur la manière dont ces personnes âgées abordent cette fin de vie. Comment dans un tel univers sordide, elles ne peuvent que perdre le peu d'envie de vivre qui leur reste et s'accroche à de si petits riens. Dona Alberti, au caractère pourtant bien trempé par les malheurs de son existence aura bien du mal à ne pas céder au désespoir et à garder sa dignité et ses valeurs dans ce microcosme en perdition, image d'un monde qui l'est tout autant.

Présenté sous forme d'instantanés se finissant le plus souvent sur quelques lignes poétiques, le livre est émouvant, tragique et drôle parfois. Il aurait gagné, je crois, à être un peu moins long car l'ensemble n'évite pas les répétitions. Mais cette tragique comédie inhumaine, intelligemment restituée vaut sa longue lecture.
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Maria Alberta est une vieille dame formidable que j'aurais aimée rencontrer. Ne pouvant plus marcher et ayant d'autres soucis physiques elle réside désormais à l'Hôtel Paradis.

Elle est magnifique Maria Alberta, digne, cultivée, curieuse, très tenace et attentive aux autres. Si son corps la lâche son esprit reste vivace et son univers intérieur est riche et poétique.

"Galets de la mer sur ma commode.
Je les caresse --- Dans ma main un
océan et ses poissons."

Les relations avec sa fille sont complexes. La vieille dame n'est pas toujours facile entre conseils et reproches fréquents. Un jour elle lui confie un enregistrement de quarante heures, celui de son journal de bord d'une année dans cette résidence pour personne agées. A sa fille de transcrire ce testament. C'est ce texte très littéraire que nous offre Lidia Jorge.

Certains moments sont très durs, témoignage accablant du manque d'humanité qu'impose les contraintes et le manque de personnel dans ces établissements. Comme dans ce passage où deux aides soignantes entrent dans la chambre parlant entre elles, riant , ne répondant pas à Maria Alberta qui attend que l'on s'adresse à elle.
"J'ai encore répété plusieurs fois, bonjour, aujourd'hui c'est le dimanche de Pâques.Mais elles me mettaient mon maillot de corps et mon chemisier, m'enfilaient mes bas et mon pantalon, sans me voir, leurs rires passaient à côté de mon corps et par-dessus ma tête, elles levaient mes bras comme si elles manaient des pièces métalliques au milieu d'une usine"

D'autres moments sont magnifiques car Maria Alberta aime les autres et sait accueillir les belles rencontres. Des moments sincères et affectueux avec un jeune bénévole venant lui faire la lecture, avec Lilimunde très jeune aide soignante qui a besoin de se confier, avec Ali jeune homosexuel parlant très peu le portugais. de beaux moments car Maria Alberta s'interesse profondément à ceux qui l'entoure, les accompagne, les écoute, les défend.

Mes moments préférés sont toutefois ceux où son esprit s'évade, sort de l'enceinte close de l'Hôtel Paradis
"... je recours à la mémoire pour sortir de ces murs et triompher de mon état de recluse"
Elle retrouve alors souvenirs d'enfance, l'alternance des saisons sur le jardin.
" Si je décris ce qui est lointain, c'est uniquement parce que je possédais ces trésors qui me manquent maintenant. Mieux vaut les avoir perdus que ne les avoir jamais eus. Je remplis mon âme des visites sans fin que je fais au monde dont je me souviens comme si je possedais à nouveau la Nature qui est loin"

La langue est superbe, les émotions nous chavirent, du sourire au chagrin, du fantastique à la poésie.

Maria Alberta fut une belle rencontre. Pleine d'humanité elle illumine ce récit traitant d'un sujet assez peu traité.
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Ce roman de Lidia Jorge aborde le sujet de la fin de vie sous un angle tout à fait neuf, car elle a choisi de nous raconter le quotidien en EPHAD via un enregistreur et par la voix d'une personne qui y vit, sa mère. Il faut avouer que la narratrice est une vieille dame certes handicapée physiquement, mais avec une mémoire intacte, une verve époustouflante et une intelligence pétillante d'humour. de quoi perdre tous nos préjugés. On sait bien que vivre en EPHAD présente des inconvénients majeurs, tels que la dépendance ou la promiscuité. Par contre, avec les yeux de notre Maria Alberta, on se croirait parfois dans un centre de vacances, tant il est vrai que la vie en communauté, si elle a ses mauvais côtés, réserve aussi des rencontres inattendues, intéressantes, voire enrichissantes. Voilà un ouvrage plein d'humanité et d'optimisme et loin de la morosité attendue lorsqu'on aborde un tel sujet. Livre à ne pas laisser trainer dans sa PAL
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J'ai choisi de lire Misericordia suite au récent décès de ma grand-mère, qui était aussi en maison de retraite.
Ce n'était pas un sujet qui m'intéressait jusqu'à présent. Mais loin d'être dans le pathos, c'est un roman que je trouve lumineux et pas vraiment triste. Certes, on est à l'hôtel paradis, un lieu où on vient finir sa vie, mais ici Dona Alberti est loin d'être aigri, elle est ici par choix... Certes difficile...
J'espère recroiser à l'avenir des romans de Maria Albert Nunes, car j'ai beaucoup apprécié sa plume.
Je ne sais pas si le sujet plaira à tout le monde, mais pour ma part, c'etait un chouette moment !

Merci encore une fois Babelio et merci aux éditions Métaillé pour cette jolie découverte.
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Effectivement, je "n'ai jamais lu un texte comme celui là". Ce livre sur la fin de vie en maison de retraite m'a beaucoup émue. Il raconte la vie quotidienne des résidents et des personnels par la voix d'une personne âgée, Maria Alberta. Ses anecdotes, ses réflexions sur les histoires de vie des autres résidents sont tour à tour drôles ou inquiétantes. le déroulement des journées ou la prise en charge par les équipes interroge parfois sur la maltraitance "inconsciente". Pour bien connaitre ces établissements, je sais qu'il n'y a pas d'exagération dans ce qui est raconté.
Maria Alberta est une personne tout simplement exceptionnelle. Elle rayonne par sa lucidité, son espièglerie, son bon sens, son caractère très affirmé et ses idées plein la tête . J'ai beaucoup aimé ce livre qui me donne envie de mieux connaitre Lidia Jorge.
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Elle vit dans une maison de retraite dont l'appellation est pour le moins ambigüe et si on la déplace en fauteuil roulant, parfois comme un paquet, elle n'a rien perdu de ses facultés d'observation et enregistre sur un petit magnétophone le journal de ce qui sera sa dernière année de vie. Sa fille, l'écrivaine Lidia Jorge, retranscrit ici ces textes et leur insuffle émotion et poésie.
Il est très poignant de  voir "de l'intérieur" les explications de comportements qui peuvent parfois paraître incompréhensibles (appel en pleine nuit pour connaître une information pour le moins triviale, terreurs nocturnes parfaitement retranscrites où la narratrice lutte pied à pied contre la mort...). Mais il y a aussi les histoires d'amours entre les pensionnaire ou celles des soignants  et tout ce microcosme  est rendu avec vivacité et bienveillance. Quelques longueurs m'ont parfois perdue en route mais la fin du texte , avec la description du Covid , des mesures qui sont appliquées sans aucune explication aux pensionnaires , restera un moment fort de littérature.
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Dans Misericordia, l'auteure Lidia Jorge retranscrit et romance une année d'enregistrements de sa mère en maison de retraite. Ne pouvant plus écrire, cette dernière a mis sur un dictaphone ses pensées, son quotidien.
Dona Alberti est entrée dans la résidence Hôtel Paradis pour y couler ses vieux jours et avec une grande lucidité elle dépeint la vie en EHPAD mais aussi ses pensées intimes à l'heure où la mort approche.
Ce roman très bien écrit offre une vision du quotidien en maison de retraite marqué par de petits et de grands événements, les problèmes de personnel plus ou moins bienveillant, plus ou moins respectueux, les petites histoires entre résidents, les animations qui ramènent en enfance, les rébellions... Toutes ces petites choses qui font bruisser des journées bien monotones.
"Misericordia" c'est aussi les pensées d'une vieille dame sur sa propre décrépitude, ce corps qui ne lui appartient plus. Sa relation houleuse avec sa fille qu'elle aimerait contrôler mais qui est trop libre. Ses conversations avec la nuit qui l'oppresse et sa mémoire qui flanche de plus en plus.
Emprunt de réalisme et de sincérité, "Misericordia" plonge le lecteur dans un monde  étriqué, étouffant, fait de routine et de petits événements tels des soubresauts dans un électrocardiogramme plat. Comme un résident de plus, nous nous mettons à penser à notre vie en déjeunant dans la Salle Bleue ou en écoutant Mr Peralta au piano dans le Salon Rose tout en voyant les allers sans retours de l'ambulance et les photos du tableau d'affichage changer régulièrement.
Ce roman a beaucoup de qualités et il y aurait beaucoup à dire sur une multitude de petites choses mais je resterai sur cette énorme vague de monotonie qui emplit le fond comme la forme et qui, pour moi, l'a emporté sur tout le reste. J'ai été plombée par l'ambiance et je n'ai pas réussi à communier comme il se doit avec cette personne très touchante qu'est Dona Alberti. C'est un beau texte sur la vie, son cours, mais je l'imaginais moins pesant.
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Elle m'a conquise cette vieille dame, qui malgré sa lourde dépendance parvient à rester curieuse de l'autre, à éprouver de la gratitude pour des moments de joie ou pour la douceur de petits gestes !
Je ne suis pas fan de poésie ou de haïkus, mais j'ai adoré ses pensées sur le bonheur, sur la joie.
J'ai aimé aussi son aptitude à l'autocritique, sa capacité à entendre des points de vue différents, et surtout j'ai adoré ses indignations et ses révoltes devant l'injustice !
Son témoignage est rare et précieux pour dénoncer les comportements abusifs en Ehpad, mais également pour proclamer combien certains soignants sont humains et réconfortants.
Il est aussi une voix bouleversante qui démonte les préjugés sur ce que serait une vie ‘intéressante à vivre'.
Une parole importante et très émouvante.
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Lídia Jorge nous offre un témoignage fort, inspiré de la vie de sa maman, Maria Alberta Nunes Amado (Dona Alberti), résidente d'un ehpad au Portugal et emportée par la pandémie de Covid-19. Dans cet ouvrage, Lídia Jorge explore avec sensibilité les thèmes universels de la vieillesse, de la décrépitude et de la solitude qui touchent les personnes âgées.

Dona Alberti, résidente de l'Hôtel Paradis, s'enregistre nuit après nuit sur un petit magnétophone pendant un an. Ces enregistrements, retranscrits par l'autrice, nous plongeant dans l'intimité d'une vie marquée par la nostalgie de la maison, du jardin, des plantes...

Le récit, bien que traitant de sujets lourds tels que la perte d'autonomie, la maladie et la mort, se distingue par la vie qui persiste au travers des lignes, Lídia Jorge nous offrant un regard tendre sur la vieillesse.

Le roman dépeint les interactions au sein de l'ehpad, entre les résidents partageant amitiés, solidarités, disputes et les interactions avec le personnel soignant, entre attentions bienveillantes et manquements.

Le style de ce roman est particulier et j'ai parfois décroché. Il n'en reste pas moins un bel hommage de l'autrice à sa mère.
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