Citations sur Winter is coming (30)
Mais on peut aller au plus profond du labyrinthe, dans la pièce inaccessible, le monde parvient toujours à se faufiler.
La mort est une relecture du passé, on se revoit ne pas savoir.
Les soins palliatifs sont faits pour les agonisants. Se rassurer : le nom du service ne signifie pas qu'on n'utilise pas ses compétences pour des maladies dont la vie n'est pas forcément en jeu, mais qui doivent lutter contre la douleur. La menace du désastre absolu ne pousse pas seulement à interpréter de manière forcenée les images radio, les paroles de médecins, les formules de l'entourage. Elle vous plonge dans un monde tissé de signes, comme si elle procédait de la structure même de l'univers, qui rayonnait d'obscurs présages.
p. 98
Le coeur est futile. Le plus grand des malheurs souvent est impuissant à l'atteindre pleinement.
Le monde était programmé pour ta mort, il l'attendait depuis le début, les dinosaures et les pharaons, les grands-parents dans leur tombe, mes études à l'université, les voyages en Inde, tout se déroulait dans l'attente de ta mort, et le monde continuera à rouler avec elle, comme un minuscule fragment de sa nécessité.
Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, toutes les naissances, les après-midi dans le jardin, les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l’on a su. Ta photographie d’enfant joyeux est celle, à jamais, d’un enfant qui va bientôt mourir
Quelle nécessité le pousse à dire « c’est terrible ce qui arrive à votre fils? » […] Un sentiment intelligent, ce serait bien. Les gens qui ont du sentiment s’estiment souvent quittes envers celui qui en est l’objet. Mais non, ce n’est pas suffisant. Un sentiment sans intelligence, ça fait aussi mal que pas de sentiment. (p. 103).
Tentation, immédiate, de s y rencogner, comme on se love sur soi même, contre le monde, y trouver une amère délectation. Accepter le plaisir, c'est accepter de vivre, donc accepter la douleur que réveille la joie, accepter que la vie ranime de temps à autre la mort. Etre pleinement à la mort pour ne plus avoir à subir ce permanent écartèlement.
L'incarnation même du destin jaloux
« Les médecins interprètent les analyses et les images, nous donnent une interprétation de cette interprétation, nous interprétons ce qu’ils nous disent, et nous nous en recomposons une version consciemment ou inconsciemment orientée suivant ce que nous voulons croire, ce que nous croyons que les autres veulent croire ou peuvent entendre. Et cette mécanique affolée des interprétations est en elle-même une espèce particulière de souffrance.