Je remercie Estelle Hamelin et les Éditions Mnémos pour l'envoi de ce roman en service presse !
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Mon retour :
Ce 2ème et dernier opus de la duologie Neighian voit se développer les bouleversements éclos à la fin de son prédécesseur. Porté par le personnage d'Heltia, son héroïne métisse, c'est un monde qui change qu'explore ici
Louise Jouveshomme, délaissant le nature writing pour les intrigues politiques et la guerre. Après la révélation choc de la véritable identité de Heltia, à savoir la Princesse Hippolyte, la voilà à l'arrêt dans le palais de son oncle. Derrière elle les chevauchées effrénées, la violence : la voilà lionne enfermée dans une cage dorée ; sa main brûlée par le poison la grignote, tandis que son don, sa malédiction, la consume.
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Contrairement au premier tome, j'ai eu du mal à entrer dans celui-ci, il faut dire que les intrigues politiques brutes, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. Ajoutez à cela, un Melion très peu présent, de même que les autres peuples merveilleux, je dois bien avouer avoir senti la déception plus d'une fois. Malgré la narration multiple toujours de rigueur (Heltia, Melion Fream, les espions disséminés dans les royaumes, les insertions de procès et autres extraits de documents officiels des royaumes), il m'a manqué quelque chose. Certains sujets sont passés trop vite à la trappe alors que pour moi ils faisaient le ciment du récit et de l'univers proposés par l'autrice (comme l'origine des Pervertis, la vérité sur l'Ombre, l'insertion de tous ces différents peuples) ; comme si les pièces de ce foisonnant puzzle ne s'emboîtaient pas si bien sur certains angles.
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Bien sûr, l'intrigue est brodée autour d'Heltia, toutefois les personnages de Melion et de Fream (que j'adore) manquent de matière, je pensais les connaître davantage ici. Heltia quant à elle n'en a pas fini de retourner sa veste : elle était Neighian, on l'a découverte « maudite » puis Princesse. À présent, qu'elle est son identité ? Princesse héritière et Héraut des Fées ? Ou bien usurpatrice ? Il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre ses intentions, car elle n'est plus la même.
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Dans le tissage des intrigues et complots politiques, la guerre se profile, les alliances se font et se défont. Oui le monde est en train de changer. Pour le meilleur ou pour le pire ? Tant d'enjeux dans une même balance. L'espoir d'un renouveau, l'envie de plus de pouvoir, la sournoiserie de la vengeance, la lutte pour trouver sa place, le voeux de sauver son Peuple.
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La relation Heltia/Melion est forte, d'inattendue elle est devenue confiance. D'où mon regret de voir si peu le duo ensemble dans ce tome. Ce choix souligne toutefois le dessein du récit quant à la quête de son héroïne et à la mélancolie de l'Elfe. Une autre relation est exploitée en ce sens : celle entre Heltia et son mentor Ebleon, initiateur du coup d'État. C'est ce lien sur lequel il faut se concentrer pour comprendre l'héroïne dans ce dernier tome. Tout cela démontre de nouveau la psychologie aigüe des personnages, bien qu'elle se montre plus fuyante ici.
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Malgré tout, je pense que cet ensemble reflète de la volonté de l'autrice à ne pas aller là où l'attend, après tout, les personnages n'en font qu'à leur tête, gris qu'ils sont. L'univers concocté par l'autrice est foisonnant : j'aimerais en apprendre plus sur le Continent, sur ses peuples merveilleux, remonter la mémoire du vampire sénile qui faisait écho aux révélations qu'a fournies Melion à Heltia concernant le don et le tribut relatif.
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En bref :
Ayant adoré le 1er opus, celui-ci m'a moyennement convaincue, malgré les qualités de son prédécesseur que l'on retrouve ici (écriture exigeante, narration multiple, duo Heltia/Melion). Les intrigues et complots politiques étaient bien trop présents à mon goût, même si monde changeant oblige. J'ai trouvé sous-exploités certains thèmes qui pour moi faisaient la saveur de l'univers de l'autrice (les peuples merveilleux, l'origine des Pervertis, la quasi-absence de Melion et de Fream). Malgré tout, je reste immergée dans l'univers, tentant de le décortiquer davantage.
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Louise Jouveshomme propose une fantasy foisonnante, allant là où on ne l'attend pas, ce qui peut frustrer, à la verve riche (malgré le bémol du manque de négation répétitif), à l'intrigue rondement menée qui n'a pas à rougir. C'est assurément une autrice que je vais continuer à suivre !
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