Je ne sais pas trop quoi en penser...
Un style d'écriture qui n'est pas très agréable, ni fluide...
Ça part en vrille, on ne comprend pas trop où Joyce semble vouloir aller, on essaie de le suivre, on se perd en route, on retrouve notre chemin mais on ignore comment... Un goût amer reste en bouche, il y a du potentiel qui lui aussi semble s'avoir perdu en route.
Dommage.
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Outre-Manche, notre « petite souris » est remplacée par une fée : la fée des dents. Celle qui donne son nom au livre, donc... Mais chez Graham Joyce, point de petite créature bienveillante, au contraire. En tout cas, celle qui ne cesse d'apparaître à Sam ne l'est pas. Quant à savoir si elle est réelle ou non, on se posera la question avec lui durant les 347 pages du roman.
… A condition de parvenir à en arriver au bout.
Bon sang, j'en ai lu des trucs bizarres, généralement regroupés sous l'appellation « OLNI » (Objet Littéraire Non Identifié) mais aucun ne m'aura jamais laissé.e aussi perplexe que celui-ci. Ce n'est pas que c'est mauvais en soi, non. Et c'est peut-être bien ça le pire : ça se lit. On n'a aucun mal à suivre Sam et sa bande durant les quelque quinze ans qui relieront leur enfance à l'âge adulte, d'incidents mineurs en grosses bêtises, en passant par de véritables drames. Le truc a un aspect très tranche-de-vie, chaque chapitre correspondant à un évènement précis, parfois insignifiant, parfois non, et qui, mis bout à bout, formeront le parcours initiatique du petit groupe. Bref, ce n'est pas mouvementé du tout mais pourtant, l'on s'attend toujours au pire, le récit ne se débarrassant jamais de son atmosphère malaisante. Parce que pour ce qui est d'être sombre, La fée des dents ne fait jamais dans la dentelle... parfois même un peu trop.
Qui dit grandir dit découverte de la sexualité : il était donc inévitable que le sujet soit abordé. Mais de là à ce que presque toute l'histoire tourne de façon directe ou indirecte autour de la chose... Dans le fond, le souci n'est même pas son omniprésence, mais le degré de détail de certains passages alors que les protagonistes n'ont même pas encore treize ans. Ce qui passerait sans problème avec des personnages adultes ou jeunes adultes a ici de quoi faire grincer et j'ai vraiment failli laisser tomber ma lecture à plus d'une reprise à cause de ça. Oubliez tout symbolisme subtil, La fée des dents verse plutôt dans le mauvais goût. Ça inclut donc Quenotte suggérant à un *enfant* de « le toucher », une jeune fille de treize ans sortant avec le petit ami (bien évidemment majeur) de sa mère, ou encore un psychologue offrant de l'alcool à un patient mineur après lui avoir conseillé de « la lui mettre » en parlant d'une fille. Sans parler des descriptions corporelles plutôt précises...
Bref, j'ai vraiment eu du mal avec cet enrobage aussi vulgaire qu'inutile, et s'il n'y avait pas eu les autres ressorts scénaristiques (le lourd secret du groupe, le devenir de Linda, le carré amoureux, savoir si Quenotte est finalement réel.le ou non ou tout simplement si Sam s'en sortira), jamais je n'aurais réussi à terminer ce livre. Bref, le truc a le mérite de réussir à donner une certaine envie de connaître le devenir des protagonistes et l'on tourne les pages, l'une après l'autre, entre malaise, dégoût et un certain espoir auquel l'on se raccroche sans trop savoir pourquoi. Jusqu'au bout, c'est noir et pessimiste, même si l'effet s'atténue grandement au fil des pages. Peut-être parce que cette accumulation finit par faire perdre de leur impact aux évènements...
Reste que donner envie de connaître la fin ne suffit pas pour rendre un livre bon, surtout avec une narration occasionnellement brouillonne et pas uniquement lorsque la petite bande est totalement défoncée. Ça se veut à l'occasion poétique, pour avoir deux lignes plus loin les ados qui se balancent des ta-gueule-toi-même ; sans jamais réussir ni à transporter, ni à immerger le lecteur, le laissant toujours le c** entre deux chaises.
Mais ce n'est pas tout à fait mauvais non plus, le récit étant certes parfois obscur, mais globalement cohérent. On sent que lorsque quelque chose est flou au niveau du scénario, c'est volontaire. En parlant de flou, la place occupée par Quenotte, seul élément fantastique du récit, empêche de le classer de façon sûre dans le genre susnommé. Peut-être n'a-t-on là qu'un récit initiatique aux frontières de la folie, peut-être y a-t-il réellement une pointe de surnaturel dans tout ça... Graham Joyce brouille habilement les pistes et chacun aura sans doute son propre avis sur la question.
Bref, La fée des dents n'est pas vide de sens (bien au contraire), mais sa lecture est rendue profondément désagréable par son côté racoleur qui aurait pu, à certains endroits, clairement être évité. On en ressort désorienté, avec au fond de la gorge l'arrière-goût bizarre d'un cauchemar éveillé. Un livre qui ne laisse clairement pas indifférent... dommage que ce soit pour de mauvaises raisons.
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