Derrière ce titre ampoulé se cache une anthologie fort adroite qui sait mêler des grands noms de la littérature « mainstream » (
Borges, Buzzati,
Cortázar…) à des auteurs de science-fiction reconnus (
Asimov, Bradbury, K. Dick, Matheson,
Van Vogt...). L'inclusion d'écrivains « sérieux » devait-il donner de la crédibilité à l'ouvrage, pour défendre un genre qui souffrait encore d'une mauvaise image chez nous à la sortie du livre (1964) ? Quoi qu'il en soit, les auteurs présentés ici par
Hubert Juin sont essentiellement américains, malgré ses efforts pour tempérer cette hégémonie avec entre autres des histoires de ses compatriotes
Jean Ray et
Jacques Sternberg. Au milieu de ces institutions de la SF, on trouve également quelques noms sans doute prometteurs à l'époque mais aujourd'hui quasiment oubliés comme Anatoly Dnieprov ou
Robert Abernathy. Une seule femme,
Catherine L. Moore, figure dans la liste (aux côtés du pseudonyme Lewis
Padgett qu'elle utilisait avec son mari
Henry Kuttner). En ces temps-là, la SF était encore une affaire d'hommes, et ce n'est qu'à partir des années quatre-vingts que les femmes commenceront à y faire leur trou...
Le choix des textes, s'il est fort judicieux, n'est toutefois pas totalement conforme au titre, puisqu'on trouve aussi dans ce volume des nouvelles qui s'apparentent au fantastique et au merveilleux. Certains de ces récits sont devenus des grands classiques (Journal d'un monstre, de Matheson, La mouche, de Langelaan,…) repris dans nombre d'anthologies, d'autres sont connus des seuls amateurs de SF, voire de quelques passionnés, mais n'en restent pas moins de grande qualité.
Il serait difficile aujourd'hui de faire le tri dans une production pléthorique, déclinée en de multiples sous-catégories et de publier un tel ouvrage « initiatique », tant le genre a explosé depuis son avènement, en partie grâce au cinéma, dans les années soixante-dix. Mais à l'instar de « La science-fiction pour ceux qui détestent la science-fiction », «
Les 20 meilleurs récits de science-fiction » reste malgré son âge une introduction historiquement intéressante, à défaut de n'être plus guère représentative.