Notre psyché fait partie de la nature et son énigme est aussi dépourvue de limites. Il en résulte que nous ne pouvons définir ni la psyché, ni la nature. Nous pouvons seulement affirmer la conviction que nous avons de leur existence, et décrire, de notre mieux, leur fonctionnement.
Oublier, par exemple, est un processus parfaitement normal, dans lequel certaines de nos idées conscientes perdent leur énergie spécifique parce que notre attention est tournée vers autre chose. Quand l'intérêt se déplace ainsi, il laisse dans l'ombre les choses dont nous nous étions jusque-là occupés, comme un projecteur éclaire une nouvelle partie du paysage en laissant l'autre retomber dans les ténèbres. C'est inévitable, car la conscience ne peut conserver qu'un petit nombre d'images en pleine clarté en même temps, et même dans ce cas, il y a des fluctuations dans la clarté. Mais les idées oubliées n'ont pas cessé d'exister. Bien qu'il ne soit pas en notre pouvoir de les reproduire volontairement, elles sont présentes dans un état subliminal, juste au-dessous du seuil de remémoration, d'où elles peuvent resurgir dans notre conscience à n'importe quel moment, souvent après des années d'un oubli apparemment total.
Je parle ici de choses que nous avons vues ou entendues consciemment, et oubliées par la suite. Mais il nous arrive à tous de voir, d'entendre, de sentir, de goûter des choses sans le remarquer, soit parce que notre attention est occupée ailleurs, soit parce que l'excitation transmise par nos sens est trop faible pour laisser en nous une impression consciente. L'inconscient, toutefois, les a notées, et ces perceptions sensorielles subliminales jouent un rôle important dans notre vie quotidienne. Sans que nous nous en rendions compte, elles ont une influence sur la façon dont nous réagissons devant les événements et les hommes.
Tout psychologue qui a écouté les gens lui décrire leurs rêves sait que les symboles qui y apparaissent sont beaucoup plus variés que les symptômes physiques de la névrose. Ils se présentent souvent sous forme de fantasmes complexes et pittoresques. Mais si l'analyste, confronté avec cet univers onirique, utilise la technique de la «libre association» créée par Freud, il s'aperçoit que les rêves peuvent, à la fin, être réduits à certains schèmes fondamentaux. Cette technique a joué un rôle important dans le développement de la psychanalyse, car elle a mis Freud en mesure de prendre les rêves comme point de départ, pour l'investigation du problème inconscient dont souffraient ses malades.
Rien n'est plus vulnérable qu'une théorie scientifique, car elle n'est qu'une tentative éphémère pour expliquer un fait, et non pas une vérité éternelle en soi.
Nous prétendons être capables de "nous contrôler", mais le contrôle de soi est une qualité remarquable par sa rareté.
De plus, Jung devait constater chez Freud (qui ne fut jamais psychanalysé!) une liquidation incomplète du complexe paternel et une ignorance troublante des présupposés philosophique de sa doctrine. Il fut le premier à réclamer (et à obtenir) la psychanalyse des psychanalystes
Allons au fond de ces rumeurs (...) Si Jung fut de quelque façon fasciné par le national-socialisme, ce dut être en partie en raison de son attitude doctrinale et de ses découvertes. Car celles-ci mis l'accent sur l'existence d'un inconscient collectif distinct de l'inconscient individuel duquel Freud s'était principalement consacré.
(...) un point essentiel de l'analyse des rêves. C'est moins une technique que l'on peut apprendre et appliquer ensuite en suivant des règles qu'un échange dialectique entre deux personnalités. Si on traite cette analyse comme une technique mécanique, la personnalité psychique du rêveur dans son individualité n'a pas la possibilité de se manifester, et le problème thérapeutique est réduit à une simple question : qui, de l'analyste ou du rêveur dominera l'autre ? J'ai renoncé à pratiquer l'hypnose pour cette raison précise; je ne voulais pas imposer ma propre volonté à autrui. Je désirais que le processus de guérison naquît de la personnalité propre du malade, et non pas de suggestion faites par moi, dont l'effet eût été passager. Mon but était de protéger et de maintenir intactes la dignité et la liberté de mon malade, afin qu'il pût façonner sa vie selon ses propres désirs. Dans cet échange avec Freud il m'apparut pour la première fois qu'avant de construire des théories générales sur l'homme et sa psyché, il nous fallait d'abord beaucoup mieux connaître les êtres humains réels auxquels nous avons affaire.
On trouve, dans l’amnésie infantile, d’étranges fragments mythologiques qui se manifestent souvent aussi dans des psychoses ultérieures. […] Si de tels souvenirs réapparaissent dans la vie adulte, ils peuvent dans certains cas provoquer des troubles psychologiques profonds, alors que chez d’autres personnes au contraire, elles provoqueront une guérison miraculeuse, ou une conversion religieuse.
[…] Il semble que ce que nous appelons l’inconscient ait conservé les caractéristiques qui appartenaient à l’esprit humain originel. C’est à ces caractéristiques que se réfèrent constamment les symboles oniriques, comme si l’inconscient cherchait à ressusciter tout ce dont l’esprit s’est libéré au cours de son évolution, les illusions, les fantasmes, les formes de pensées archaïques, les instincts fondamentaux, etc.